Mon Dieu, que j’aime à baiser les beaux yeux De ma maîtresse, et à tordre en ma bouche De ses cheveux l’or fin qui s’escarmouche Si gaiëment dessus deux petits cieux !
Quand je dors je ne sens rien, Je ne sens ni mal ni bien, Je ne saurais rien connaître. Je ne sais ce que je suis, Ce que je fus, et ne puis Savoir ce que je dois être.
J’ai perdu le souvenir Du passé, de l’avenir, Je ne suis que vaine masse De bronze en homme gravé Ou quelque terme élevé Pour parade en une place. [...]
Je suis émerveillé que mes pensers ne sont Las de penser en vous, y pensant à toute heure : Me souvenant de vous, or’ je chante, or’ je pleure, Et d’un penser passé cent nouveaux se refont.
Doux dédains, douce amour d’artifice cachée, Doux courroux enfantin, qui ne garde son cœur, Doux d’endurer passer un long temps en longueur, Sans me voir, sans m’écrire, et faire la fâchée :