Oranger, dont la voûte épaisse Servit à cacher nos amours, Reçois et conserve toujours Ces vers, enfants de ma tendresse ; Et dis à ceux qu’un doux loisir Amènera dans ce bocage, Que si l’on mourait de plaisir, Je serais mort sous ton ombrage.
Une mère traînait sur le rivage sa fille unique, pour la vendre aux blancs.
« Ô ma mère ! ton sein m’a portée ; je suis le premier fruit de tes amours : qu’ai-je fait pour mériter l’esclavage ? J’ai soulagé ta vieillesse ; pour toi j’ai cultivé la terre ; pour toi j’ai cueilli des fruits ; pour toi j’ai fait la guerre aux poissons du fleuve ; je t’ai garantie de la froidure ; je t’ai portée durant la chaleur sous des ombrages parfumés ; je veillais sur ton sommeil, et j’écartais de ton visage les insectes importuns. Ô ma mère, que deviendras-tu sans moi ? L’argent que tu vas recevoir ne te donnera pas une autre fille ; tu périras dans la misère, et ma plus grande douleur sera de ne pouvoir te secourir. Ô ma mère ! ne vends point ta fille unique. »