Ma nef passe au détroit d’une mer courroucée, Toute comble d’oubli, l’hiver à la minuit ; Un aveugle, un enfant, sans souci la conduit, Désireux de la voir sous les eaux renversée.
Qu’on m’arrache le cœur, qu’on me fasse endurer Le feu, le fer, la roue, et tout autre supplice, Que l’ire des tyrans dessus moi s’assouvisse, Je pourrai tout souffrir sans gémir ni pleurer.
Je t’apporte, ô sommeil, du vin de quatre années Du lait, des pavots noirs aux têtes couronnées ; Veuille tes ailerons en ce lieu déployer, Tant qu’Alison la vieille accroupie au foyer, [...]
Sommeil, paisible fils de la Nuit solitaire, Père alme nourricier de tous les animaux, Enchanteur gracieux, doux oubli de nos maux, Et des esprits blessés l’appareil salutaire :
Dieu favorable à tous, pourquoi m’es-tu contraire ? [...]