Paul Claudel(1868-1955) Recueil complet1907 : Connaissance de l'Est Tous ses poèmes disponiblesPoèmes par ordre alphabétiqueA B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V
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Le Jour de la fête-de-tous-les-fleuves
Le Pin La Pluie Le Point Le Porc Le Promeneur
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Le Sédentaire La Source
La Tombe
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Toute porte carrée ouvre moins que ne clôt le vantail qui l’implique. Plusieurs, d’un pas occulte, ont gagné le solitaire Yamen et cette cour qu’emplit un grand silence ; mais si, ayant gravi les degrés, au moment que leur main suspend un coup sur le tambour offert au visiteur ayant perçu comme une voix assombrie par la distance leur nom (car l’épouse ou le fils de toutes ses forces crie dans l’oreille gauche du mort), ils vainquent une fatale langueur jusqu’à s’éloigner d’un et deux pas des battants que disjoint la désirable fissure, l’âme retrouve son corps ; mais nulle mélodie d’un nom ne ramènera celui qui au travers du seuil sourd a fait le pas irréparable. Et tel est sans doute le lieu que j’habite, alors que, posé sur la dalle plate où cette sombre mare me contient dans son cadre baroque, je goûte l’oubli et le secret du taciturne jardin. [...]
Ai-je jamais habité ailleurs que ce gouffre rond creusé au cœur de la pierre ? Un corbeau, sans doute, à trois heures, ne manquera pas de m’apporter le pain qui m’est nécessaire, à moins que le bruit perpétuel de l’eau qui se précipite ne me repaisse assez. Car là-haut, à cent pieds, comme si elle jaillissait de ce ciel radieux lui-même avec violence, entre les bambous qui le fourrent, franchissant le bord inopiné, le torrent s’engloutit et d’une colonne verticale, moitié obscure et moitié lumineuse, frappe, assénant un coup, le parquet de la caverne qui tonne. Nul œil humain ne saurait me découvrir où je suis ; dans ces ombres que midi seul dissipe, la grève de ce petit lac qu’agite le bond éternel de la cascade est ma résidence. Là-haut, à cet échancrement qu’elle dépasse d’un flot intarissable, cette goulée d’eau rayonnante et de lait est tout cela qui, par un chemin direct, m’arrive du ciel munificent. Le ruisseau fuit par ce détour, et parfois, avec les cris des oiseaux dans la forêt, j’entends, parmi la voix de ce jaillissement où j’assiste, derrière moi le bruit volubile et perdu des eaux qui descendent vers la terre.
Au matin, laissant une terre couleur de rose et de miel, notre navire entre dans la haute mer et les fumées de vapeurs basses et molles. Quand — m’étant éveillé de ce sombre songe, — je cherche le soleil, je vois derrière nous qu’il se couche : mais au devant de nous, limitant l’espace noir et mort de la mer, un long mont, tel qu’un talus de neige, barre, d’un bout à l’autre du ciel, le Nord ; rien ne manque à l’Alpe, ni l’hiver, ni la rigidité. Seul au milieu de la solitude, comme un combattant qui s’avance dans l’énorme arène, notre navire vers l’obstacle blanc qui grandit fend les eaux mélancoliques. Et tout à coup la nuée, comme une capote de voiture que l’on tire, nous dérobe le ciel : dans cette fente de jour qu’elle laisse à l’horizon postérieur, d’un regard je veux voir encore l’apparence du soleil, des îles éclairées comme d’un feu de lampe, trois jonques debout sur l’arête extrême de la mer. Nous fonçons maintenant au travers du cirque ravagé des nuages. La plaine oscille, et, selon le propre mouvement de l’abîme où participe notre planche, la proue, solennellement comme si elle saluait, ou comme un coq qui mesure l’adversaire, se lève et plonge. Voici la nuit ; du Nord avec âpreté sort un souffle plein d’horreur. D’une part, une lune rouge en marche par la nue désordonnée la fend d’un tranchant lenticulaire ; de l’autre Fanal la lampe au visage convexe de verre ridé est hissée à notre misaine. Cependant tout est calme encore ; la gerbe d’eau jaillit toujours devant nous avec égalité, et, traversée d’un feu obscur, comme un corps fait de larmes, se roule en ruisselant sur notre taillemer.
Mais, dépassant le point, où de leur lointain village chassés par le désir de manger, le Vieux et la Vieille, sur le radeau que fait la porte de la maison guidés par le canard familier, connurent, à l’aspect de ces eaux où il semblait que l’on eût lavé du riz, qu’ils pénétraient dans une région d’opulence, poussant au travers de ce canal large et rectiligne, que limite la muraille rude et haute par où la cité est enclose avec son peuple, à ce lieu où l’arche exagérée d’un pont encadre avec le soir sur le profond paysage la tour crénelée de la porte, nous assujettissons notre barque par le dépôt dans l’herbe des tombes d’une pierre carrée, comparable à l’apport obscur de l’épitaphe. [...] |
Mon florilège(Tоuriste) (Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.) Compte lecteurAgoraÉvаluations récеntes☆ ☆ ☆ ☆ ☆Vеrlаinе : Sur lе Саlvаirе Vеrlаinе : Βruхеllеs — Сhеvаuх dе bоis Νоаillеs : Οffrаndе Sсаrrоn : Épitаphе Fоurеst : Sоuvеnir оu аutrе rеpаs dе fаmillе Μаrоt : Αnnе, pаr јеu, mе јеtа dе lа nеigе Vеrlаinе : «Βоn сhеvаliеr mаsqué qui сhеvаuсhе еn silеnсе...» Vеrlаinе : Соlоmbinе Vеrlаinе : «Μаlhеurеuх ! Τоus lеs dоns, lа glоirе du bаptêmе...» Vеrlаinе : «Βеаuté dеs fеmmеs, lеur fаiblеssе, еt сеs mаins pâlеs...» ☆ ☆ ☆ ☆Vеrlаinе : L’Αubеrgе Соppéе : «Lе Grаnd-Μоntrоugе еst lоin, еt lе dur сhаrrеtiеr...» Rimbаud : «L’еnfаnt qui rаmаssа lеs bаllеs...» Ρrivаt d’Αnglеmоnt : «Соmbiеn durеrоnt nоs аmоurs ?...» Vеrlаinе : Lеs Lоups Αpоllinаirе : Μаi Ρеllеrin : L’Αutоbus ivrе Rоnsаrd : «Yеuх, qui vеrsеz еn l’âmе, аinsi quе dеuх Ρlаnètеs...» Fоrt : Lе Diаblе dаns lа nuit Τоulеt : «Ιl plеuvаit. Lеs tristеs étоilеs...» Cоmmеntaires récеntsDe Lа Μusérаntе sur Hоmmаgе : «Lе silеnсе déјà funèbrе d’unе mоirе...» (Μаllаrmé) De Сосhоnfuсius sur Lеs Étоilеs blеuеs (Rоllinаt) De Сurаrе- sur Αdiеuх à lа pоésiе (Gаutiеr) De Сurаrе- sur «J’еntrеvоуаis sоus un vêtеmеnt nоir...» (Μаgnу) De Сurаrе- sur «Се соrps défiguré, bâti d’оs еt dе nеrfs...» (Sigоgnе) De Сосhоnfuсius sur «Quаnd lе grаnd œil du Сiеl tоurnоуаnt l’hоrizоn...» (Νuуsеmеnt) De Сосhоnfuсius sur Sоnnеt ivrе (Riсhеpin) De Jаdis sur «Viсtоriеusеmеnt fui lе suiсidе bеаu...» (Μаllаrmé) De Gеоrgеs Lеmаîtrе sur «Lе sоir, аu соin du fеu, ј’аi pеnsé biеn dеs fоis...» (Соppéе) De Jаdis sur Lе Vœu suprêmе (Lесоntе dе Lislе) De Jаdis sur Sоnnеt d’Αutоmnе (Βаudеlаirе) De Сhristiаn sur «J’еntrаis сhеz lе mаrсhаnd dе mеublеs, еt là, tristе...» (Νоuvеаu) De Ρépé Hаsh sur «Сеpеndаnt qu’аu pаlаis dе prосès tu dеvisеs...» (Du Βеllау) De Сurаrе_ sur Sоnnеt : «Quаnd је rеpоsеrаi dаns lа fоssе, trаnquillе...» (Gоudеаu) De Сurаrе_ sur Lе Τоmbеаu dе Сhаrlеs Βаudеlаirе (Μаllаrmé) De Vinсеnt sur Τоmbеаu du Ρоètе (Dеubеl) De Xi’аn sur «Μоn âmе pаisiblе étаit pаrеillе аutrеfоis...» (Τоulеt) De Сhristiаn sur Соntrе Ligurinus : «Τоut lе mоndе tе fuit...» (Dubоs) De Vinсеnt sur «Un sоir, lе lоng dе l’еаu, еllе mаrсhаit pеnsivе...» (Durаnt dе lа Βеrgеriе) De Xi’аn sur Lе Суgnе (Rеnаrd) De Rоzès sur Lе Сinémа (Siсаud) Plus de commentaires...Ce sitePrésеntаtionCоntactSоutien |