Verlaine

Amour, 1888


                X


La Belle au Bois dormait. Cendrillon sommeillait.
Madame Barbe-bleue ? elle attendait ses frères ;
Et le petit Poucet, loin de l’ogre si laid,
Se reposait sur l’herbe en chantant des prières.
 
L’Oiseau couleur-de-temps planait dans l’air léger
Qui caresse la feuille au sommet des bocages
Très nombreux, tout petits, et rêvant d’ombrager
Semaille, fenaison, et les autres ouvrages.
 
Les fleurs des champs, les fleurs innombrables des champs,
Plus belles qu’un jardin où l’Homme a mis ses tailles,
Ses coupes et son goût à lui, — les fleurs des gens ! —
Flottaient comme un tissu très fin dans l’or des pailles,
 
Et, fleurant simple, ôtaient au vent sa crudité,
Au vent fort mais alors atténué, de l’heure
Où l’après-midi va mourir. Et la bonté
Du paysage au cœur disait : Meurs ou demeure !
 
Les blés encore verts, les seigles déjà blonds
Accueillaient l’hirondelle en leur flot pacifique.
Un tas de voix d’oiseaux criait vers les sillons
Si doucement qu’il ne faut pas d’autre musique...
 
Peau-d’Âne rentre. On bat la retraite — écoutez ! —
Dans les États voisins de Riquet-à-la-Houppe,
Et nous joignons l’auberge, enchantés, esquintés,
Le bon coin où se coupe et se trempe la soupe !

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 18 juin 2013 à 12h48


Arthur Rimbaud dormait. Verlaine sommeillait.
Ils étaient là, couchés, tous deux, comme des frères,
S’en allant explorer un univers moins laid,
Ou du moins, plus conforme à leurs vives prières.

Leurs beaux alexandrins planaient dans l’air léger ;
Les oiseaux les disaient aux arbres des bocages
Qui prenaient un grand soin à toujours ombrager
Ces deux poètes nus, allongés sur la paille.

La scène eût pu choquer par quelque crudité ;
Mais puisqu’elle avait lieu dans cette innocente heure
Où le monde ne sait que vivre la bonté,
Nul passant ne trouvait péril en la demeure.

La barbe de Verlaine et les beaux cheveux blonds
De Rimbaud se mêlaient en un flot pacifique ;
Verlaine, ainsi que Booz auprès de ses sillons,
Rimbaud, pareil à Ruth enivrée de musique,

Celle que joue un ange en la Bible. Écoutez,
L’ange n’est pas tout seul, ils sont toute une troupe ;
Ils ont marché longtemps, leurs pieds sont esquintés,
Ce soir, Dieu leur devra double ration de soupe.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 18 juin 2013 à 14h30


Retouche :

Remplacer "sur la paille" par "sur l’herbage".

[Lien vers ce commentaire]

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