Verlaine

Bonheur, 1891



 

I


 
Je voudrais, si ma vie était encore à faire,
Qu’une femme très calme habitât avec moi
Plus jeune de dix ans, qui portât sans émoi
La moitié d’une vie au fond plutôt sévère.
 
Notre cœur à tous deux dans ce château de verre,
Notre regard commun ! franchise et bonne foi.
Un et double dirait comme en soi-même : Voi !
Et répondrait comme à soi-même : persévère !
 
Elle se tiendrait à sa place, mienne aussi,
Nous serions en ceci le couple réussi
Que l’inégalité, parbleu ! des caractères
 
Ne saurait empêcher l’équilibre qu’il faut,
Ce point était compris d’esprits en somme austères
Qu’au fond et qu’en tout cas l’indulgence prévaut.
 
 
 

II


 
L’indulgence qui n’est pas de l’indifférence
Et qui n’est pas non plus de la faiblesse, ni
De la paresse, pour un devoir défini,
Monitoire au plaisir, bénin à la souffrance.
 
Non plus le scepticisme et ni préjugé rance
Mais grand-délicatesse et bel accord béni
Et ni la chair honnie et ni l’ennui banni
Toute mansuétude et comme vieille France.
 
Nous serions une mer en deux fleuves puissants
Où le Bonheur et le Malheur têtes de flottes
Nous passeraient sans heurts, montés par le Bon sens,
 
Ubiquiste équipage, ubiquiste pilote,
Ubiquiste amiral sous ton sûr pavillon.
Amitié, non plus sous le vôtre, Amour brouillon.
 
 
 

III


 
L’amitié, mais entre homme et femme elle est divine !
Elle n’empêche rien, aussi bien des rapports
Nécessaires, et sous les mieux séants dehors
Abrite les secrets aimables qu’on devine.
 
Nous mettrions chacun du nôtre, elle est très fine,
Moi plus naïf, et bien réglés en chers efforts
Lesdits rapports dès lors si joyeux sans remords
Dans la simplesse ovine et la raison bovine.
 
Si le bonheur était d’ici, ce le serait !
Puis nous nous en irions sans l’ombre d’un regret.
La conscience en paix et de l’espoir plein l’âme.
 
Comme les bons époux d’il n’y a pas longtemps
Quand l’un et l’autre d’être heureux étaient contents,
Qui vivaient, sans le trop chanter, l’épithalame.
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 12 octobre 2022 à 11h33

III bis  Monstre des sept sanctuaires
        ----------------------------

Je hante volontiers les demeures divines,
De salutaires lieux pour l’âme et pour le corps ;
J’apprécie surtout ceux dont sobre est le décor,
Ceux dans lesquels un dieu dans l’ombre se devine.

J’aime aussi, cependant, qu’un diable s’y confine,
Ou même, pourquoi pas, le Valet de la Mort ;
Le vin sacramentel, je le bois sans remords,
Surtout s’il s’assortit d’une galette fine.

Des prophètes, des saints, j’admire les portraits ;
C’est chargé de magie, mieux que de l’art abstrait,
Ces statues, ces tableaux sont le baume de l’âme.

Je fus iconoclaste, il y a fort longtemps,
J’ai changé d’attitude, et j’en suis bien content ;
Dans mon coeur j’entretiens une éternelle flamme.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 12 octobre 2022 à 21h46

Comme une dame noble
--------

Licorne, dans l’indifférence,
Tu pars explorer l’infini ;
Ton parcours est mal défini,
D’ailleurs, tu aimes cette errance.

Lorsque Jeanne sauva la France,
Par toi son cheval fut béni :
À tous ceux qui furent bannis
Tu redonnas de l’assurance.

Tu ne flattes pas les puissants,
Mais les matelots de la flotte;
Du charpentier tu bois le sang

Au mât d’une nef sans pilote,
Tu hisses ton beau pavillon ;
Il est orné d’un papillon.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 12 octobre 2022 à 21h49

(II bis) la référence du titre

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 13 octobre 2022 à 13h35

*  *  *
-------

Sans doute, une vie
Est toujours « encore à faire »
Et ça me plaît bien.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 13 octobre 2022 à 21h20

I bis  Fidélité aviaire
----------

L’oiselle pour l ’oiseau s’affaire,
Même, elle lui sert de surmoi ;  
Ces deux partagent leurs émois
Sur les branches d’un conifère.

Tout le reste les indiffère
Et ne leur fait ni chaud ni froid ;
Ni du jardin, ni de la croix
Ils n’ont strictement rien à faire.

S’il vole, elle s’envole aussi,
Toujours ils agissent ainsi ;
C’est gravé dans leur caractère.

Ils ont donc tout ce qu’il leur faut,
Donc leur destin n’est pas austère ;
Ils le prennent pour ce qu’il vaut.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 14 octobre 2022 à 11h03

*  *  *
-----

J’aime tous les piafs
Sauf les oiseaux de malheur,
Mais ils sont très rares.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Vincent le 16 octobre 2022 à 23h22

Championne du monde

Debout sur ses pédales, attends, Marie-Divine,
Le signal du départ, le moment où son corps
Se bandera afin que soit vif son essor,
Comparable à celui d’une leste féline.

C’est à la perfection que le début confine,
Elle appuis puissamment (vulgairement, à mort),
Au risque de tomber, de l’anneau, sur le bord,
Une chute serait pour le gain assassine.

Au bout d’un demi-tour, elle est bien lancée, très !
Son rêve de gagner est déjà plus concret,
Cependant du chemin cela n’est que l’entame.

À l’arrivée elle a le moins mauvais des temps,
Mais du dernier partant, le produit, elle attends,
Comme il est supérieur, ses supporters l’acclament.

misquette.wordpress.com

[Lien vers ce commentaire]

Votre commentaire :
Nom : *
eMail : * *
Site Web :
Commentaire * :
pèRE des miséRablEs : *
* Information requise.   * Cette adresse ne sera pas publiée.
 


Mon florilège

(Tоuriste)

(Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.)

Compte lecteur

Se connecter

Créer un compte

Agora

Évаluations récеntes
☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Rimbаud : Lеs Εffаrés

Αrnаult : Lа Fеuillе

Сhéniеr : «Αuјоurd’hui qu’аu tоmbеаu је suis prêt à dеsсеndrе...»

Du Βеllау : «Αprès аvоir lоngtеmps еrré sur lе rivаgе...»

Сhéniеr : «Τоut hоmmе а sеs dоulеurs...»

Fоurеst : Sоuvеnir оu аutrе rеpаs dе fаmillе

Vоiturе : Stаnсеs éсritеs dе lа mаin gаuсhе

Μussеt : Μаriе

Сhаssignеt : «Μоrtеl pеnsе quеl еst dеssоus lа соuvеrturе...»

Сhаssignеt : «À bеаuсоup dе dаngеr еst suјеttе lа flеur...»

☆ ☆ ☆ ☆

Lоrrаin : Débutаnt

Lе Fèvrе dе Lа Βоdеriе : «Diеu qui еst Un еn Τrоis, pаr pоids, nоmbrе, еt mеsurе...»

Hеrеdiа : Lе Ρrisоnniеr

Sаint-Αmаnt : «Αssis sur un fаgоt, unе pipе à lа mаin...»

Sаint-Αmаnt : «Αssis sur un fаgоt, unе pipе à lа mаin...»

Αuvrау : «Hélаs ! qu’еst-се dе l’hоmmе оrguеillеuх еt mutin...»

Сhéniеr : L’Ιnvеntiоn

Sullу Ρrudhоmmе : L’Hаbitudе

Νеrvаl : Lе Révеil еn vоiturе

Vеrlаinе : «Lе sоus-сhеf еst аbsеnt du burеаu : ј’еn prоfitе...»

Cоmmеntaires récеnts

De Сосhоnfuсius sur «Diеu qui еst Un еn Τrоis, pаr pоids, nоmbrе, еt mеsurе...» (Lе Fèvrе dе Lа Βоdеriе)

De Сосhоnfuсius sur «Lеs lуs mе sеmblеnt nоirs...» (Αubigné)

De Сurаrе- sur «Un sоir, lе lоng dе l’еаu, еllе mаrсhаit pеnsivе...» (Durаnt dе lа Βеrgеriе)

De Сосhоnfuсius sur «Jе vоudrаis biеn êtrе vеnt quеlquеfоis...» (Durаnt dе lа Βеrgеriе)

De Βеn sur «Μаrgоt, еn vоus pеignаnt, је vоus pinсе sаns rirе...» (Sigоgnе)

De Lеbrun sur «Jе rêvе, tаnt Ρаris m’еst pаrfоis un еnfеr...» (Соppéе)

De Rоzès sur Lе Сinémа (Siсаud)

De GΟUUΑUX sur «J’étаis à tоi pеut-êtrе аvаnt dе t’аvоir vu...» (Dеsbоrdеs-Vаlmоrе)

De Jаdis sur Lе Сhаt (Rоllinаt)

De Rоzès sur Répétitiоn (Vаuсаirе)

De Jаdis sur Lеs Αngéliquеs (Νеlligаn)

De Xi’аn sur Sоnnеt : «Νоn, quаnd biеn mêmе unе аmèrе sоuffrаnсе...» (Μussеt)

De Rоzès sur Εsсlаvаgе (Τhаlу)

De Jаdis sur Épitаphе d’un сhiеn (Μаllеvillе)

De Сurаrе- sur Lе Lаit dеs сhаts (Guérin)

De Ιо Kаnааn sur Сrоquis (Сrоs)

De Сurаrе- sur À un sоt аbbé dе quаlité (Sаint-Ρаvin)

De Τristаn Βеrnаrd sur Lеs Соnquérаnts (Hеrеdiа)

De Lа Μusérаntе sur Sоnnеt dе Ρоrсеlаinе (Viviеn)

De Dаmе dе flаmmе sur «Du tristе сœur vоudrаis lа flаmmе étеindrе...» (Sаint-Gеlаis)

Plus de commentaires...

Flux RSS...

Ce site

Présеntаtion

Acсuеil

À prоpos

Cоntact

Signaler une errеur

Un pеtit mоt ?

Sоutien

Fаirе un dоn

Librairiе pоétique en lignе