Verhaeren

Les Soirs, 1887


Fleur fatale


 
L’absurdité grandit comme une fleur fatale
Dans le terreau des sens, des cœurs et des cerveaux ;
En vain tonnent, là-bas, les prodiges nouveaux ;
Nous, nous restons croupir dans la raison natale.
 
Je veux marcher vers la folie et ses soleils,
Ses blancs soleils de lune au grand midi, bizarres,
Et ses échos lointains, mordus de tintamarres
Et d’aboiements et pleins de chiens vermeils.
 
Îles en fleurs, sur un lac de neige ; nuage
Où nichent des oiseaux sous les plumes du vent ;
Grottes de soir, avec un crapaud d’or devant,
Et qui ne bouge et mange un coin du paysage.
 
Becs de hérons, énormément ouverts pour rien,
Mouche, dans un rayon, qui s’agite, immobile :
L’inconscience gaie et le tic-tac débile
De la tranquille mort des fous, je l’entends bien !
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 21 novembre 2012 à 14h49

La versification  est une fleur fatale
Dont le parfum enivre et endort le cerveau.
Et chez Cochonfucius, ce fait n’est pas nouveau,
Le culte de la rime est sa folie natale.

S’il observe un corbeau dévorant le soleil,
Il ne parvient pas même à trouver ça bizarre.
Aussitôt, concentré malgré le tintamarre,
Il cherche ce qui rime avec l’astre vermeil.

S’il voit un fou qui a pour cervelle un nuage,
Il ne l’avertit pas du danger qu’est le vent.
Il fronce les sourcils, cherchant, comme devant,
Si quelque mot qui rime est dans le paysage.

Et son texte se forme et c’est souvent pour rien.
Son cerveau tout vibrant et son corps immobile
Ont ensemble entrepris un voyage débile
Vers la tranquille mort des fous, je l’entends bien !

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Jadis le 22 avril 2022 à 17h35


Ombre fatale
------------------

Jour après jour grandit l’ombre fatale,
Plus forte de chaque matin nouveau ;
Et sans répit galopent ses chevaux,
Écartelant la plaine horizontale.

Âpre est son goût de cendre sans pareil,
De cruauté glaçante et dérisoire ;
Et notre espoir aux mirages s’amarre        
Comme un bleuet perdu dans le méteil.

Nul à ce jour ne connaît son visage,
Elle enlaidit chaque soleil levant ;
Mais l’on perçoit, dans l’espace mouvant,
Gronder au loin le sinistre présage.

Car elle arrive, elle monte, elle vient,
L’aube de sang qu’annonçait la Sibylle.
Et, balayant nos dénis malhabiles,
Elle mugit ; et je l’entends si bien !

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Jadis le 22 avril 2022 à 17h44


D’ailleurs elle est là : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Henri_Rousseau_-_La_guerre.jpg

[Lien vers ce commentaire]

Votre commentaire :
Nom : *
eMail : * *
Site Web :
Commentaire * :
pèRE des miséRablEs : *
* Information requise.   * Cette adresse ne sera pas publiée.
 


Mon florilège

(Tоuriste)

(Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.)

Compte lecteur

Se connecter

Créer un compte

Agora

Évаluations récеntes
☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Ρérin : Αubе

Αpоllinаirе : Lе Drоmаdаirе

Соignаrd : «Οbsсurе nuit, lаissе tоn nоir mаntеаu...»

Lаfоrguе : Βоufféе dе printеmps

Τоulеt : «Si vivrе еst un dеvоir...»

Ρéguу : Ρrésеntаtiоn dе lа Βеаuсе à Νоtrе-Dаmе dе Сhаrtrеs

☆ ☆ ☆ ☆

Vеrlаinе : L’Αubеrgе

Vеrlаinе : À Hоrаtiо

Соrnеillе : Sоnnеt : «Dеuх sоnnеts pаrtаgеnt lа villе...»

Fоurеst : Sаrdinеs à l’huilе

Sullу Ρrudhоmmе : Lеs Сhаînеs

Ρоnсhоn : Lе Gigоt

Cоmmеntaires récеnts

De Сосhоnfuсius sur «Αfin qu’à tоut јаmаis dе sièсlе еn sièсlе vivе...» (Rоnsаrd)

De Сосhоnfuсius sur Ρоlуphèmе еn furiе (Τristаn L'Hеrmitе)

De Сосhоnfuсius sur «Сеttе sоurсе dе mоrt...» (Gоmbаud)

De Ιоhаnnеs sur Ρrièrе dе соnfidеnсе (Ρéguу)

De Сurаrе- sur Lеs Fеuillеs mоrtеs (Gоurmоnt)

De Lilith sur Vеrlаinе

De Μоntеrrоsо sur Lа Μоuсhе (Αpоllinаirе)

De Jаdis sur Саrоlо Quintо impеrаntе (Hеrеdiа)

De Сurаrе- sur Sоnnеt : «Un livrе n’аurаit pаs suffi...» (Ρrivаt d'Αnglеmоnt)

De Τrуphоn Τоurnеsоl sur À unе mуstériеusе (Rоllinаt)

De Сurаrе- sur L’Αngе (Lоuÿs)

De Αlbаtrосе sur «Dоuсе plаgе оù nаquit mоn âmе...» (Τоulеt)

De Gеf sur À Μ. Α. Τ. : «Αinsi, mоn сhеr аmi, vоus аllеz dоnс pаrtir !...» (Μussеt)

De Gеf sur Villеs : «Се sоnt dеs villеs !...» (Rimbаud)

De Jаdis sur Τаblеаu (Сrоs)

De Βibоsаurе sur À Αlf. Τ. : «Qu’il еst dоuх d’êtrе аu mоndе, еt quеl biеn quе lа viе !...» (Μussеt)

De Βоurg sur «Lоngtеmps si ј’аi dеmеuré sеul...» (Τоulеt)

De Jаdis sur Épigrаmmе d’аmоur sur sоn nоm (Αubеspinе)

De Ιsis Μusе sur Lа grоssе dаmе сhаntе... (Ρеllеrin)

De Dаmе dе flаmmе sur Сhаnsоn dе lа mélаnсоliе (Fоrt)

Plus de commentaires...

Flux RSS...

Ce site

Présеntаtion

Acсuеil

À prоpos

Cоntact

Signaler une errеur

Un pеtit mоt ?

Sоutien

Fаirе un dоn

Librairiе pоétique en lignе