Père divin, sapience éternelle,
Commencement et fin de toute chose,
Où en portrait indéleble repose
De l’Univers l’Idée universelle,
Vois de tes Rais la plus belle étincelle
Qui soit çà-bas en corps humain enclose,
Que la trop fière, impiteuse Parque ose
Tirer du clos de sa cendre mortelle.
Donc de mon feu pourra la flamme claire,
Qui à vertu heureusement m’éclaire,
Me délaisser en ténébreuse plainte ?
Ah non : plutôt pleuve la cruauté
Du Ciel sur moi, que voir celle clarté
De mon Soleil avant son soir éteinte.
Tracer la voie n’est la rendre éternelle ;
Si le Néant au Début sert de nom,
L’Être au vivant servira de surnom.
Ne cherche point d’essence universelle :
La goutte d’eau, la modeste étincelle
Que pour si peu de chose nous tenons,
Sont l’une et l’autre un robuste chaînon
De la subtile harmonie naturelle.
Celui qui sait, qu’il se garde d’écrire
Ou que ce soit pour nous donner à rire :
Celui qui rit n’a point perdu son jour.
Parole utile, elle est rarement claire ;
Parole sage, elle est parfois vulgaire,
Mais le silence est le meilleur discours.