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Poèmes élégiaques, 1907
Hominam Divamque voluptae.
Alma Venus !
Aphrodite, Déesse immortelle, aux beaux rires,
Qui te plais aux chansons lugubres des ramiers,
Les cœurs mortels par toi vibrent comme des lyres,
Et le printemps gonfle de sève les pommiers.
Salut, Génératrice auguste de la vie,
Qui courbes à ton joug les monstres furieux,
Qui fais voler la lèvre à la lèvre ravie,
Cypris ! ô volupté des hommes et des dieux !
C’est par toi que, le soir, à l’ombre des allées,
Imbus d’ivresse et de langueur appesantis,
Les éphèbes, sous les ramures emperlées,
Chantent l’hymne vermeil de leurs oarystis :
Car l’Univers flétri par la haine et les fièvres
Et qui souffre, oublieux de l’Olympe vermeil,
Depuis dix-huit cents ans, vers toi seul tend ses lèvres,
Comme vers un ruisseau consolant, ô Sommeil !
Pour moi, chanteur épris des extases sans trêve,
Qui m’enivre des bois, du grand ciel et des eaux,
Fais fleurir sur mon front l’irréprochable rêve,
Fais chanter en mon cœur d’invisibles oiseaux.
Effeuille autour de moi les plantes funéraires
Aux jardins de la Nuit éclose sous tes pas,
Les pavots endormeurs, les noires cinéraires,
D’où tombe comme un vin la douceur du trépas.
Afin que, dans l’azur où les heures d’ébène
Des astres fugitifs rallument le flambeau,
Mon âme, dépouillant toute douleur humaine,
Monte se rajeunir aux sources du vrai Beau.
Et je t’adorerai suivant le rit antique,
Jusqu’à l’heure indécise où, du ciel emperlé.
L’alouette dira son matinal cantique
Au soleil radieux du jour renouvelé.
C’est pour toi qu’effeuillant la pourpre renaissante,
La rose dit au vent son désir embaumé
Et que la vierge apporte, heureuse et rougissante,
Sa couronne et son cœur aux bras du bien-aimé.
Et c’est toi qui, rythmant les divines étoiles,
Fais tressaillir d’amour le cœur de l’Univers,
Afin que l’harmonie en qui tu te dévoiles
Apprenne aux hommes purs à composer des vers.
Je t’implore, Déesse immense et vénérable,
Soit que, glorifiant les soleils rajeunis.
Sous les myrthes en fleurs et les bosquets d’érable
Tu couvres de baisers les songes d’Adônis ;
Soit que le dur Arès t’enchaîne à sa victoire,
Ou que, domptant les flots, ô Mère des Amours,
La très-sainte Lesbos murmure ton histoire :
Mon encens à tes pieds s’exhalera toujours.
Garde-moi de l’ennui, de la vieillesse immonde
Et, poète vêtu d’orgueilleuse splendeur,
Ô Reine qui formas et gouvernes le Monde,
Avant tout, garde-moi de l’infâme laideur !
Fais que je tombe dans ma force et ma jeunesse,
Que mon dernier soupir ait un puissant écho,
Et, pour qu’un jour mon âme en plein soleil renaisse,
Que je meure d’amour comme Ovide ou Sappho.
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 4 juillet 2016 à 16h57Le roi-lyre
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Le roi, dedans sa cour, règne parmi les rires,
Ça ne le gêne point, lui, doux comme un ramier,
Son crâne est surmonté d’une étonnante lyre
En bois de sycomore, ou en bois de pommier.
Cette lyre est experte à célébrer la vie,
Elle trouve le son qui convient en tout lieu,
Elle s’adresse à tous, la cour en est ravie,
Ses accords matinaux semblent venus des cieux.
Plongeant les grands seigneurs en extases sans trêve,
Elle dit la forêt, la mer aux vastes eaux,
La sirène inconnue, que l’on n’entend qu’en rêve,
Le colloque joyeux d’invisibles oiseaux. [Lien vers ce commentaire]
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