Sous le cristal d’une argenteuse rive,
Au mois d’Avril, une perle je vi,
Dont la clarté m’a tellement ravi
Qu’en mes discours autre penser n’arrive.
Sa rondeur fut d’une blancheur naïve,
Et ses rayons tréluisaient à l’envi :
Son lustre encor ne m’a point assouvi,
Ni ne fera, non, non, tant que je vive.
Cent et cent fois, pour la pêcher à bas,
Tout recoursé, je dévale le bras,
Et jà déjà content je la tenoie,
Sans un archer, qui du bout de son arc
À front penché me plongeant sous le lac,
Frauda mes doigts d’une si douce proie.
Elle a dansé sur la nocturne rive,
Et trois ondins alors ont applaudi ;
Et l’autre soir, le plus ancien m’a dit
Qu’ils sont heureux quand telle chose arrive.
La duchesse est d’une blancheur naïve,
Mais son savoir est très approfondi ;
Et je la vois, dans ce monde assourdi,
Valser toujours par-dessus l’onde vive.
Le vieux castor, et la loutre, et le rat,
Le bûcheron et son robuste bras,
Tout un chacun dans son doux chant se noie.
Le fier chasseur a déposé son arc,
Le noble cerf s’est éloigné du parc,
De la duchesse ils deviennent la proie.