Soit que son or se crêpe lentement
Ou soit qu’il vague en deux glissantes ondes,
Qui çà, qui là, par le sein vagabondes,
Et sur le col, nagent folâtrement :
Ou soit qu’un nœud, diapré richement
De maints rubis et maintes perles rondes,
Serre les flots de ses deux tresses blondes,
Je me contente en son contentement.
Quel plaisir est-ce, ainçois quelle merveille,
Quand ses cheveux, troussés dessus l’oreille,
D’une Vénus imitent la façon !
Quand d’un bonnet son chef elle adonise
Et qu’on ne sait (tant bien elle déguise
Son chef douteux) s’elle est fille ou garçon !
Les Amours, 1552
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 26 septembre 2018 à 11h52
Cheval magique
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Cheval magique ! Il danse lentement
Comme un poisson dans de glissantes ondes ;
Dès le printemps, voilà qu’il vagabonde
Et tout le jour drague folâtrement.
On ne l’a point harnaché richement,
Il va, tout nu sur la planète ronde ;
S’il peut parler à quelques juments blondes,
Voilà pour lui bien du contentement.
C’est un cheval, et c’est une merveille
Qui vers ce chant tend une sage oreille ;
Cet animal a de nobles façons !
Ne dites pas que je l’idéalise ;
Ne dites pas qu’en roi je le déguise,
Mais en héros d’une simple chanson.