Mon Dieu, que j’aime à baiser les beaux yeux
De ma maîtresse, et à tordre en ma bouche
De ses cheveux l’or fin qui s’escarmouche
Si gaiëment dessus deux petits cieux !
C’est à mon gré le meilleur de son mieux
Que ce bel œil, qui jusqu’au cœur me touche,
Dont le beau nœud d’un Scythe plus farouche
Rendrait le cœur courtois et gracieux.
Son beau poil d’or, et ses sourcils encore
De leurs beautés font vergogner l’Aurore,
Quand au matin elle embellit le jour.
Dedans son œil une vertu demeure,
Qui va jurant par les flèches d’Amour
De me guérir ; mais je ne m’en assure.
Ce chef de coq ne quitte pas des yeux
Un octopode à grimaçante bouche ;
Si, entre eux deux, commençait l’escarmouche,
Quel fier combat sous la face des cieux !
Chacun des deux, entraîné de son mieux,
Attend, figé, que l’ennemi le touche
Pour répliquer, en un geste farouche ;
Depuis trois jours, ils occupent ces lieux.
Ils vont rester pendant trois jours encore,
Tremblant la nuit, rosis par les aurores,
Peut-être bien pendant quatre ou cinq jours ;
Si l’un des deux la victoire s’assure,
Il quittera sa condition obscure
Et deviendra grand évêque de Cour.