Le plus touffu d’un solitaire bois,
Le plus aigu d’une roche sauvage,
Le plus désert d’un séparé rivage,
Et la frayeur des antres les plus cois,
Soulagent tant mes soupirs et ma voix,
Qu’au seul écart d’un plus secret ombrage
Je sens garir cette amoureuse rage,
Qui me raffole au plus vert de mes mois.
Là renversé dessus la terre dure,
Hors de mon sein je tire une peinture,
De tous mes maux le seul allègement :
Dont les beautés par Denisot encloses,
Me font sentir mille métamorphoses
Tout en un coup d’un regard seulement.
Il peut traquer un ours au fond des bois,
Le menaçant de son double visage ;
Il peut saisir les canards du rivage,
Il peut casser la noisette ou la noix.
Le taureau tremble en entendant sa voix,
De ce rival, les loups prennent ombrage,
Écarte-toi quand il se met en rage,
Car, face à lui, tu ne fais pas le poids.
Et, de ce monstre à la dent blanche et dure,
Un héraldiste a fait une peinture
Qu’il a fixée au mur du Parlement.
En l’image est tant de sagesse enclose
Qu’elle t’émeut et te métamorphose
En pareil fauve, assez profondément.