Ronsard

Sonnets pour Hélène, 1578



 
Ces cheveux, ces liens, dont mon cœur tu enlaces,
Gresles, primes, subtils, qui coulent aux talons,
Entre noirs et châtains, bruns, déliés et longs,
Tels que Vénus les porte, et ces trois belles Grâces ;
 
Me tiennent si étreints, Amour, que tu me passes
Au cœur, en les voyant, cent pointes d’aiguillons,
Dont le moindre des nœuds pourrait des plus fêlons
En leur plus grand courroux arrêter les menaces.
 
Cheveux non achetés, empruntés ni fardés,
Qui votre naturel sans feintise gardez,
Que vous me semblez beaux ! Permettez que j’en porte
 
Un lien à mon col, à fin que sa beauté,
Me voyant prisonnier lié de telle sorte,
Se puisse témoigner quelle est sa cruauté.
 

Commentaire (s)
Déposé par Pouille le 3 mars 2013 à 15h04

j’aimerais savoir sur quel site je pourrais avoir la décortication de ce poeme

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 4 mars 2013 à 13h33

Je veux bien entamer la décortication :


(R1) Ces cheveux, ces liens, dont mon cœur tu enlaces

(C1) Ici une classique métaphore,
         les cheveux servent à ligoter.
        Voir aussi Du Bellay "Ces Cheveux d’or
        sont les Liens Madame,
      Dont fut premier
      ma Liberté surprise" etc.

(R2) Gresles, primes, subtils, qui coulent aux talons

(C2) Développement de la métaphore,
             insistant sur la finesse et la grande longueur
                 des liens en question.

(R3) Entre noirs et châtains, bruns, déliés et longs

(C3) Reprise (finesse et longueur) et indication de la couleur

(R4) Tels que Vénus les porte, et ces trois belles Grâces

(C4) Quatre références mythologiques
           (Aphrodite, Euphrosyne, Thalie et Aglaé),
         traditionnellement porteuses de beaux cheveux.

(R5) Me tiennent si étreints, Amour, que tu me passes
     Au cœur, en les voyant, cent pointes d’aiguillons

(C5) Précision sur la force du lien,
        équivalent à cent hameçons
           plantés dans le muscle cardiaque.

(R6) Dont le moindre des nœuds pourrait des plus félons
      En leur plus grand courroux arrêter les menaces.

(C6) Sachant qu’un seul ce ces hameçons
             pourrait suffire à maîtriser un individu malveillant et déchaîné.

(R7) Cheveux non achetés, empruntés ni fardés,
Qui votre naturel sans feintise gardez

(C7) De tels cheveux se montrent tels que la nature les a créés.

(R8) Que vous me semblez beaux ! Permettez que j’en porte
        Un lien à mon col

(C8) À cause de leur beauté,
            l’auteur souhaiterait s’en faire une cravate...


(R9) à fin que sa beauté,
      Me voyant prisonnier lié de telle sorte

(C9) ...et, la corde ainsi mise au cou, se présenter à sa douce amie...

(R10) Se puisse témoigner quelle est sa cruauté

(C10) ...pour qu’elle prenne conscience du cruel traitement qu’elle fait subir à l’infortuné poète.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par MxelleAdele le 6 mars 2013 à 15h35

Merci CochonFucius, sa ma beaucoup aider, Est ce que tu peut me dire a qui s’adresse Ronsard dans le 1er tercets ? Sil te plaiiit !

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 6 mars 2013 à 16h25


À son amie Hélène de Surgères.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 6 mars 2013 à 16h28


Ou plus précisément, aux cheveux de son amie.

"Chers cheveux, permettez-moi d’entourer mon col d’une de vos mèches, afin que votre maîtresse constate mes sentiments pour elle".

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Tignass le 6 mai 2013 à 14h33

Merci Cochonfucius pour cette analyse détaillée !!
Je crois que beaucoup d’étudiants te remercient ;)

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Léacah le 11 juin 2013 à 22h26

Oui oui effectivement je te remercie aussi

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 10 février 2017 à 15h37

Le Seigneur de Grisaille
--------------------------------

Le Seigneur de Grisaille a la mine bien lasse ;
Des errances sans nombre ont usé ses talons,
Il connaît de son fief les chemins courts et longs,
Qu’ils poudroient au soleil, ou soient couverts de glace.

Grisaille est avec lui par tout point où il passe,
Même quand à trinquer l’invite Madelon ;
D’où lui vient cet état ? Sa tristesse, selon
Son patient confesseur, toutes autres surpasse.

Mais en joyeux luron devrait-il se farder ?
C’est son air naturel qu’il désire garder,
Qui aussi bien lui va que les habits qu’il porte.

Cependant, n’ayez crainte, il est sans cruauté ;
Même, il sourit parfois devant une beauté
Passant auprès de lui, et se montrant accorte.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 22 novembre 2017 à 11h53

Ambidrome
------------

L’ambidrome en Garonne, à la saison des glaces,
Il ne craint pas d’avoir l’hiver à ses talons ;
Il connaît du cours d’eau les courants courts et longs,
Oeil toujours aux aguets, nageoire jamais lasse.

Le pêcheur, surveillant toute place où il passe,
N’a plus le temps de boire avec la Madelon ;
Il guette sa venue, car ce poisson, selon
Les meilleurs cuisiniers, tous les autres surpasse.

Il est insaisissable, il ne faut le farder,
Il peut sa liberté paisiblement garder,
Vers le grand Océan, la Garonne l’ emporte.

Il ne craint du cuistot la vaine cruauté ;
Mais du fleuve éternel il goûte la beauté
De l’estuaire aussi, qu’il appelle une porte.

[Lien vers ce commentaire]

Votre commentaire :
Nom : *
eMail : * *
Site Web :
Commentaire * :
pèRE des miséRablEs : *
* Information requise.   * Cette adresse ne sera pas publiée.
 


Mon florilège

(Tоuriste)

(Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.)

Compte lecteur

Se connecter

Créer un compte

Agora

Évаluations récеntes
☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Rоnsаrd : Dе l’Élесtiоn dе sоn Sépulсrе

Βаudеlаirе : Lеs Ρlаintеs d’un Ιсаrе

Βаnvillе : À Αdоlphе Gаïffе

Du Ρеrrоn : «Αu bоrd tristеmеnt dоuх dеs еаuх...»

Βlаisе Сеndrаrs

Rоnsаrd : Dе l’Élесtiоn dе sоn Sépulсrе

Νuуsеmеnt : «Lе vаutоur аffаmé qui du viеil Ρrоméthéе...»

Lа Сеppèdе : «Сеpеndаnt lе sоlеil fоurnissаnt sа јоurnéе...»

Τоulеt : «Dаns lе silеnсiеuх аutоmnе...»

Μussеt : À Αlf. Τ. : «Qu’il еst dоuх d’êtrе аu mоndе, еt quеl biеn quе lа viе !...»

Vеrlаinе : «Lа mеr еst plus bеllе...»

Jасоb : Lе Dépаrt

☆ ☆ ☆ ☆

Lаfоrguе : Lе Sаnglоt univеrsеl

Сrоs : Ρituitе

Jаmmеs : Lа sаllе à mаngеr

Régniеr : Lа Lunе јаunе

Rоdеnbасh : «Αllеluiа ! Сlосhеs dе Ρâquеs !...»

Lаfоrguе : Соmplаintе d’un аutrе dimаnсhе

Vеrlаinе : Lе Dеrniеr Dizаin

Cоmmеntaires récеnts

De Сосhоnfuсius sur L’Αbrеuvоir (Αutrаn)

De Сосhоnfuсius sur Lе Grаnd Αrbrе (Μérаt)

De Сосhоnfuсius sur «Jе vоudrаis êtrе аinsi соmmе un Ρеnthéе...» (Gоdаrd)

De Dаmе dе flаmmе sur Vеrlаinе

De Сurаrе- sur Sur l’Hélènе dе Gustаvе Μоrеаu (Lаfоrguе)

De Dаmе dе flаmmе sur Οisеаuх dе pаssаgе (Riсhеpin)

De Сurаrе- sur «Ιl n’еst riеn dе si bеаu соmmе Саlistе еst bеllе...» (Μаlhеrbе)

De Xi’аn sur Lе Gigоt (Ρоnсhоn)

De Jаdis sur «Lе Sоlеil l’аutrе јоur sе mit еntrе nоus dеuх...» (Rоnsаrd)

De Jаdis sur «Qu’еst-се dе vоtrе viе ? unе bоutеillе mоllе...» (Сhаssignеt)

De Dаmе dе flаmmе sur À sоn lесtеur : «Lе vоilà сеt аutеur qui sаit pinсеr еt rirе...» (Dubоs)

De Yеаts sur Ρаul-Jеаn Τоulеt

De Ιо Kаnааn sur «Μаîtrеssе, quаnd је pеnsе аuх trаvеrsеs d’Αmоur...» (Rоnsаrd)

De Rоzès sur Μédесins (Siсаud)

De Dаmе dе flаmmе sur «Hélаs ! vоiсi lе јоur quе mоn mаîtrе оn еntеrrе...» (Rоnsаrd)

De Jаdis sur «J’аdоrе lа bаnliеuе аvес sеs сhаmps еn friсhе...» (Соppéе)

De Rоzès sur Lе Сhеmin dе sаblе (Siсаud)

De Sеzоr sur «Jе vоudrаis biеn êtrе vеnt quеlquеfоis...» (Durаnt dе lа Βеrgеriе)

De KUΝG Lоuisе sur Villе dе Frаnсе (Régniеr)

De Xi’аn sur Jеhаn Riсtus

De Xi’аn sur «Épоuvаntаblе Νuit, qui tеs сhеvеuх nоirсis...» (Dеspоrtеs)

Plus de commentaires...

Flux RSS...

Ce site

Présеntаtion

Acсuеil

À prоpos

Cоntact

Signaler une errеur

Un pеtit mоt ?

Sоutien

Fаirе un dоn

Librairiе pоétique en lignе