Rodenbach

La Jeunesse blanche, 1886


Dans les banlieues


 
                I
 
Pas d’amours ! cruelle ironie !
Car là-bas les jeunes amants
S’en vont dans la rose agonie
Du jour, échangeant des serments !
 
Ils reviennent de la campagne
Avec des touffes de lilas
Dont le parfum les accompagne ;
Ils vont d’un air heureux et las.
 
Devant l’eau jaunâtre et malade
Ils s’accoudent aux garde-fous
Pour suivre la verte enfilade
Des vieux saules dans les remous.
 
Pensifs de la joie en allée,
Ils se pressent les mains plus fort,
Songeant que la plus douce allée
Les achemine vers la Mort !
 
 
 

II


 
Pas d’amours ! malgré ma jeunesse !
Sans qu’aucune dans sa douceur
Vienne atténuer ma tristesse
Et mon idéal obsesseur.
 
Seul s’en aller, faisant des lieues
À pas douloureux, à pas lents,
Pour entendre dans les banlieues
Chanter des chanteurs ambulants.
 
Seul écouter, sous les lanternes
Dont les faubourgs sont étoilés,
Pleurer les tambours des casernes
Que des crêpes d’ombre ont voilés.
 
Seul regarder le crépuscule
Où monte le geste agrandi
D’un vieux moulin qui gesticule
Dans une fin d’après-midi !
 
 
 

III


 
J’ai la nostalgique pensée,
Jugeant tout amour décevant,
Que mon unique fiancée
Est décédée encore enfant.
 
Qu’elle est morte dans sa chambrette,
Qu’elle est morte au temps des rosiers.
Et que depuis je la regrette
Au fond des soirs extasiés.
 
Parmi de mornes paysages
Dans les faubourgs de la cité,
Je cherche sur tous les visages
Son fin profil ressuscité.
 
Et quand je reviens vers la ville
Où tombe le soir émouvant,
Et que le croissant d’or s’effile,
Je crois l’y voir pâle et rêvant.
 
Dans la gondole de la Lune
Elle vogue en costume clair,
Tandis que je meurs de rancune
En bas, comme au fond d’une mer !
 

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