Jean Richepin

La Chanson des gueux, 1876


Sonnet morne


 
Il pleut, et le vent vient du nord.
Tout coule. Le firmament crève.
Un bon temps pour noyer son rêve
Dans l’Océan noir de la mort !
 
Noyons-le. C’est un chien qui mord.
Houp ! lourde pierre et corde brève !
Et nous aurons enfin la trêve,
Le sommeil sans vœu ni remord.
 
Mais on est lâche ; on se décide
À retarder le suicide ;
On lit ; on bâille ; on fait des vers ;
 
On écoute, en buvant des litres,
La pluie avec ses ongles verts
Battre la charge sur les vitres.
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 4 avril 2014 à 11h02

Septentrion
---------------

J’aime la lumière du Nord
Qui baigne l’horizon, sans trêve,
Où d’immenses nuages rêvent,
Qui flottent comme du bois mort ;

Et j’aime aussi le vent qui mord
En chantant une note brève,
Et l’averse qui soudain crève
Le firmament plein à ras bord.

J’aime l’inspiration limpide
Qui, dans son passage rapide,
Vient me dicter ces quelques vers ;

J’aime, en parcourant un vieux livre,
Entendre les feuillages verts
Recevoir l’eau qui les fait vivre.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 29 octobre 2018 à 14h24

Duc du mur du Nord
---------------------------

Voici le Duc du mur du Nord
Qui goûte le bon vin, sans trêve :
Ça lui procure de beaux rêves,
Mais aussi des rêves de mort ;

Il ne craint pas le vent qui mord
Son créneau par rafales brèves,
Ni l’averse qui parfois crève,
Emplissant l’étang jusqu’au bord.

Il aime les boissons limpides,
Ce n’est pas  un buveur rapide,
Il aime aussi chanter des vers ;

J’ai lu son nom dans un vieux livre,
Ce vieux seigneur en habit vert
Qui m’apprit le plaisir de vivre.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Jadis le 17 août 2019 à 11h34


J’ai le nez comme un groin de porc
Qui coule. C’est sûr, j’ai la crève.
Pourtant, faudrait que je me lève,
Mais bon dieu, ça ne va pas fort.

Mes poumons sont en désaccord,
Mes bras, mes jambes font la        grève.
J’ai des haut-le-coeur et j’endêve :
C’est pas Valmy, c’est Pearl Harbor !

Je me sens tout bizarroïde,
La gorge en feu, moite du bide,
Et je crois bien que j’ai des vers.

Enfin, debout, d’une humeur d’huître,
J’erre, clochant, tout de travers –
Et qu’ai-je à faire ici le pitre ?

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Déposé par Cochonfucius le 9 juillet 2020 à 12h26

Empereur des quatre mers
----------

Ce monarque vit loin des ports,
Loin des golfes et loin des grèves ;
Nul ne descendra, même en rêve,
Vers son palais de marbre et d’or.

Proche de l’empire des morts,
Il sait que toute vie est brève ;
C’est une bulle qui se crève,
Un coeur fatigué qui s’endort.

C’est un homme à l’esprit limpide
Et cependant pas très rapide ;
Il aime écouter l’univers.

Tous ses murs sont couverts de livres,
Mais qui rarement sont ouverts ;
Car il lui faut le temps de vivre.

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Déposé par Cochonfucius le 19 avril 2022 à 12h25

Poisson de Leskov
---------

J’habite un océan sans bords,
La vague n’atteint nulle grève ;
Les villes, je les vois en rêve,
Avec leur église et leur port.

En rêve, je rencontre un porc
Qui compose des chansons brèves ;
L’écho les répète sans trêve,
Assourdies par le vent du Nord.

Pour mes frères, poissons limpides,
Le temps n’est jamais insipide ;
La mer est un riche univers.

Nous ne lisons dans aucun livre,
Nous ne récitons pas de vers ;
Car nous nous contentons de vivre.

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