Jean Richepin

La Bombarde, 1899


Les Deux Ménétriers


 
Sur les noirs chevaux sans mors,
Sans selle et sans étriers,
Par le royaume des morts
Vont deux blancs ménétriers.
 
Ils vont un galop d’enfer,
Tout en raclant leurs crincrins
Avec des archets de fer
Ayant des cheveux pour crins.
 
Au fracas des durs sabots,
Au rire des violons,
Les morts sortent des tombeaux.
Hop ! Dansons ! Cabriolons !
 
Et les trépassés joyeux
Suivent par bonds essoufflants,
Avec une flamme aux yeux,
Rouge dans leurs crânes blancs.
 
Soudain, les chevaux sans mors,
Sans selle et sans étriers,
Font halte, et voici qu’aux morts
Parlent les ménétriers.
 
Le premier dit, d’une voix
Sonnant comme un tympanon :
« Voulez-vous vivre deux fois ?
Venez ! La Vie est mon nom ! »
 
Et tous, même les plus gueux
Qui de rien n’avaient joui,
Tous dans un élan fougueux
Les morts ont répondu : « Oui ! »
 
Alors l’autre, d’une voix
Qui soupirait comme un cor,
Leur dit : « Pour vivre deux fois,
Il vous faut aimer encor.
 
« Aimez donc ! Enlacez vous !
Venez ! L’Amour est mon nom ! »
Mais tous, même les plus fous,
Les morts ont répondu : « Non ! »
 
Et de leurs doigts décharnés,
Montrant leurs cœurs en lambeaux,
Avec des cris de damnés,
Sont rentrés dans leur tombeaux.
 
Et les blancs ménétriers,
Sur leurs noirs chevaux sans mors,
Sans selle et sans étriers,
Ont laissé dormir les morts.
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 5 mai 2014 à 11h33

Pêche au trésor
-------------------

Sur le fond de l’Atlantique
Venus en aventuriers,
Équipés tels l’As de Pique
Vont deux fiers scaphandriers.

Ils ont des souliers de cuivre
Et des semelles de plomb ;
De longs tuyaux pour survivre
À plusieurs brasses de fond.

Sous le regard des sirènes,
Ils pourchassent les trésors ;
Cependant les choses traînent,
Elles ne vont pas très fort.

Plusieurs noyés ironiques
Voient les plongeurs s’essoufflant ;
Un sourire sardonique
Orne leur visage blanc.

Froides eaux de l’Atlantique,
Aidez ces aventuriers
Fagotés en As de Pique,
Ces pauvres scaphandriers !

Le chef des crabes regarde
Ces deux lascars convoitant
L’immense trésor qu’il garde,
Et ça ne lui plaît pas tant.

Il les conduit en otages
Dans sa maison sous la mer
Et leur verse du potage
Très bon quoiqu’il soit amer.

Puis le crabe, avec tendresse,
Chante comme un troubadour,
Car il feint, lui, plein d’adresse,
D’éprouver le grand amour.

Ô plongeurs, mon âme est pure :
Et mon bonheur serait grand
De suivre votre aventure
Sur le fond de l’océan.

Il les mène au réfectoire,
Les fait boire à sa santé ;
Puis, à force de trop boire,
Ils se sont mis à chanter :

Qu’on est bien dans l’Atlantique
Quand on est aventurier !
Chantons, tels deux As de Pique,
La joie des scaphandriers.

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