Hélas ! où donc trouveront réconfort
Pauvres veuves, de leurs biens dépouillées,
Puisqu’en France ou sieult être le port
De leur salut, et où les exilées
Soulent fuir et les déconseillées,
      Mais or’ n’y ont plus amitié ?
Les nobles gens n’en ont nulle pitié,
Aussi n’ont clercs les greigneur ni les mendre,
Ni les princes ne les daignent entendre.
 
Des chevaliers elles n’ont nesun port,
Par les prélats ne sont bien conseillées,
Ni les juges ne les gardent de tort,
Des officiers n’auraient deux maillées
De bon réponds ; des puissants travaillées
      Sont en maint cas, n’à la moitié
Devers les grands n’auraient exploité
Jamais nul jour — ailleurs ont à entendre —
Ni les princes ne les daignent entendre.
 
Où pourront mais fuir, puisque ressort
N’ont en France, là où leur sont baillées
Espérances vaines, conseil de mort ?
Voies d’Enfer leur sont appareillées,
S’ elles veulent croire voies brouillées
      Et faux consaulx, où appointé
N’est de leur fait ; nul n’ont si accointé
Qui leur aide sans à aucun mal tendre,
Ni les princes ne les daignent entendre.
 
Bons et vaillants, or’ soient éveillées
Vos grands bontés, où veuves sont taillées
      D’avoir maints maux ; de cœur haité,
Secourez-les et croyez mon dicté,
Car nul ne vois qui vers elles soit tendre,
Ni les princes ne les daignent entendre.