En tirant d’Orléans à Blois,
L’autre jour par eaue venoie.
Si rencontrai, par plusieurs fois,
Vaisseaux, ainsi que je passoie,
Qui cingloient leur droite voie
Et alloient légèrement,
Pour ce qu’eurent, comme veoie,
À plaisir et à gré, le vent.
 
Mon cœur, Penser et moi, nous trois,
Les regardâmes à grand joie,
Et dit mon cœur à basse voix :
« Volontiers en ce point feroie,
De Confort la voile tendroie,
Se je cuidoie sûrement
Avoir, ainsi que je voudroie,
À plaisir et à gré, le vent.
 
« Mais je trouve, le plus des mois,
L’eaue de Fortune si coie,
Quand au bateau du monde vois
Que, s’ avirons d’Espoir n’avoie,
Souvent en chemin demeurroie,
En trop grand ennui longuement ;
Pour néant en vain attendroie,
À plaisir et à gré, le vent.
 
 

L’ENVOI

 
Les nefs dont ci-devant parloie
Montoient, et je descendoie
Contre les vagues de Tourment ;
Quand il lui plaira, Dieu m’envoie,
À plaisir et à gré, le vent.