Philothée O’Neddy


Amour


 

   
Espérons en les dieux, et croyons à notre âme !
De l’amour dans nos cœurs alimentons la flamme !
De Lamartine.


 

Si la Marchesina sort du palais furtive,
Ce n’est pas pour rêver à la chute plaintive
Des cascades rongeant leurs sonores gradins ;
Si son pied va foulant la mousse des jardins,
Si dans le bois douteux sans duègne elle s’expose,
Ce n’est pas, croyez-moi, pour la brise ou la rose.
Tremblante, son oreille écoute... Oh ! ce n’est pas
La voix du rossignol : c’est le bruit sourd d’un pas
Qui rapidement glisse au limbe de l’allée.
D’un nuage d’amour sa paupière est voilée ;
Elle appuie, au sommet d’un talus de gazon,
Sa tête langoureuse où s’éteint la raison.
Tout-à-coup, traversant le hallier qui palpite,
À ses pieds adorés l’amant se précipite.
 
 
 

LE JEUNE HOMME


 
Laisse, fée aux yeux noirs, laisse mon corps jaloux,
Comme un serpent lascif, s’étendre à tes genoux !
Lorsque la vénusté de son éclat m’obombre,
Dieu seul de mes bonheurs pourrait dire le nombre.
Laisse ma tête en feu, se serrant contre toi,
Caresser follement ta robe ; laisse-moi,
Sous l’amour de tes yeux qui me trempent de flamme,
Respirer comme un vague et saisissant dictame.
Que je boive à pleins bords l’oubli des mauvais jours !
Ma reine, dis-moi bien que tu seras toujours,
Dans les sables brûlants de ma vie agitée,
Mon ombreuse oasis et ma coupe enchantée !
 
 
 

LA DAME


 
Est-ce qu’il m’est possible, amour ! d’être un moment
Sans parfumer ton sort de mon saint dévouement ?
Oh ! puis-je sur tes pas répandre assez de myrrhe,
Toi qu’avec passion je vénère et j’admire,
Toi qui parles si bien des femmes et du ciel,
Toi dont l’organe aimant réalise Ariel ?
Puis-je assez te chérir, mon ange, mon idole !
Toi qui, lorsque, le soir, nous allons en gondole,
Chantes pour moi des vers dans les parfums du vent ;
Toi qui sais m’adorer en poète fervent,
Comme aux jours du passé Pétrarque adorait Laure,
Le Dante Béatrix, le Tasse Éléonore ;
Toi dont le cœur est vierge, et dont la vie enfin
Est un hymne d’amour sans lacune et sans fin ?...
 
 
 

LE JEUNE HOMME


 
Oh ! laisse mes deux bras te faire une ceinture !
Viens ! De tous les bonheurs épars dans la nature,
Au centre d’un baiser, chère amante, essayons
De confondre et d’unir les multiples rayons.
Mets tes yeux sur mes yeux. Donne à ma lèvre, donne
Ta lèvre séraphique, ô ma blanche madone ! —
 
 
Dieux ! le beau, le divin, le sublime baiser
Qu’à ce propos galant, vous l’eussiez vu poser
Sur la bouche de miel de sa pâle marquise,
Qui se mourait d’amour, dans une pose exquise !...
 
— Oh ! pourquoi les grelots d’un maudit muletier
Sonnèrent-ils alors, dans le voisin sentier ?...
— Oh ! pourquoi, tout auprès du couple qui s’effare,
Passa-t-il une chasse entonnant sa fanfare ?...
 
 

1831

Feu et Flamme, 1833

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Photo d'après : Hans Stieglitz