Germain Nouveau

Valentines, 1887


La Statue


 
Parmi les marbres qu’on renomme
Sous le ciel d’Athène ou de Rome,
Je prends le plus pur, le plus blanc,
Je le taille et puis je l’étale
Dans ta pose d’Horizontale
Soulevée... un peu... sur le flanc...
 
Voici la tête qui se dresse,
Qu’une ample chevelure presse,
Le cou blanc, dont le pur contour
Rappelle à l’œil qui le contemple
Une colonne, au front d’un temple,
Le plus beau temple de l’Amour !
 
Voici la gorge féminine,
Le bout des seins sur la poitrine
Délicatement accusé,
Les épaules, le dos, le ventre
Où le nombril se renfle et rentre
Comme un tourbillon apaisé.
 
Voici le bras plein qui s’allonge ;
Voici, comme on les voit en songe,
Les deux petites mains d’Éros,
Le bassin immense, les hanches,
Et les adorablement blanches
Et fermes fesses de Paros.
 
Voici le mont au fond des cuisses
Les plus fortes pour que tu puisses
Porter les neuf mois de l’enfant ;
Et voici tes jambes parfaites...
Et, pour les sonnets des poètes,
Voici votre pied triomphant.
 
Pas plus grande que Cléopâtre
Pour qui deux peuples vont se battre,
Voici la Femme dont le corps
Fait sur les gestes et les signes
Courir la musique des lignes
En de magnifiques accords.
 
Je m’élance comme un barbare,
J’abats la tête, le pied rare,
Les mains... et puis... au bout d’un an...
Lorsque sa gloire est colossale,
Je la dispose en une salle,
La plus riche du Vatican.
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 19 mars 2014 à 11h17

Apothéose de Dupanloup
-------------

Dupanloup ! Ça, ce fut un homme !
Devenu l’évêque de Rome,
Il paradait en habit blanc,
Visitant l’immeuble où s’étale
Une luxure horizontale
Qui dévoile ses vastes flancs.

Voyez sa gloire qui se dresse
Lorsqu’une compagne s’empresse !
Admirez-en le fier contour :
Le poète qui la contemple
Songe à la colonne d’un temple
Où Priape enseigne l’amour.

Car, en compagnie féminine,
Le coeur qui bat dans sa poitrine
Ne peut jamais être accusé
De faiblesse, et non plus son ventre
Dans lequel tant de festins entrent,
Pour une fringale apaiser.

La gloire qui croît et s’allonge
Semble un monstre, un être de songe ;
Sous le pensif regard d’Eros,
Dupanloup aux puissantes hanches
Traverse plus d’une nuit blanche,
Et ça reste aussi dur qu’un os.

Dupanloup aux robustes cuisses
N’épargne point les Gardes suisses
(Mais il ne leur fait point d’enfants) ;
Il vante leur forme parfaite,
Leur inspiration de poètes
Qui fait leurs matins triomphants.

À Rome, autrefois, Cléopâtre
Usait, sans se laisser abattre,
Des puissants charmes de son corps ;
Mais Dupanloup s’en montre digne,
Ce n’est point là son chant du cygne,
Ce sont de magistraux accords.

Dupanloup d’est point un barbare,
Il sait goûter les plaisirs rares ;
Il fait la fête au jour de l’an :
Il mène une orgie colossale
Dans la profondeur abyssale
D’une cave du Vatican.

[Lien vers ce commentaire]

Votre commentaire :
Nom : *
eMail : * *
Site Web :
Commentaire * :
pèRE des miséRablEs : *
* Information requise.   * Cette adresse ne sera pas publiée.
 


Mon florilège

(Tоuriste)

(Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.)

Compte lecteur

Se connecter

Créer un compte

Agora

Évаluations récеntes
☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Vеrlаinе : «Βоn сhеvаliеr mаsqué qui сhеvаuсhе еn silеnсе...»

Klingsоr : Εnvоi

Sаint-Ρоl-Rоuх : Gоlgоthа

Βаudеlаirе : Lе Gоût du Νéаnt

Jасоb : Lа Sаltimbаnquе еn wаgоn dе 3е сlаssе

Villаrd : «Quаnd lа lаmpе Саrсеl sur lа tаblе s’аllumе...»

Sсаrrоn : «À l’оmbrе d’un rосhеr, sur lе bоrd d’un ruissеаu...»

Сlаudеl : Βаllаdе

Fоurеst : Lеs Ρоissоns mélоmаnеs

Lеvеу : Jаpоn — Νаgаsаki

Сеndrаrs : Jоurnаl

Jасоb : Villоnеllе

☆ ☆ ☆ ☆

Βаudеlаirе : Lе Gоût du Νéаnt

Vеrlаinе : «J’аi dit à l’еsprit vаin, à l’оstеntаtiоn...»

Jасоb : Fаblе sаns mоrаlité

Sсhwоb : Lе Viеuх dit :

Rаmuz : Lеs Quаtrе-Hеurеs

Τаstu : «Quе dе sеs blоnds аnnеаuх tоn bеаu frоnt sе dégаgе...»

Cоmmеntaires récеnts

De Сосhоnfuсius sur Sоnnеt à Μаdаmе Μ.Ν. : «Quаnd, pаr un јоur dе pluiе, un оisеаu dе pаssаgе...» (Μussеt)

De Vinсеnt sur Τоmbеаu du Ρоètе (Dеubеl)

De Сосhоnfuсius sur «Qui vеut vоir iсi-bаs un Αstrе rеluisаnt...» (Βirаguе)

De Сосhоnfuсius sur «Vоulеz-vоus vоir се trаit qui si rоidе s’élаnсе...» (Spоndе)

De Jаdis sur Τristеssе (Rеnаrd)

De Jаdis sur Lеs Ρеrrоquеts du Jаrdin dеs Ρlаntеs (Соppéе)

De Jаdis sur «Αvес sеs vêtеmеnts оndоуаnts еt nасrés...» (Βаudеlаirе)

De Xi’аn sur «Μоn âmе pаisiblе étаit pаrеillе аutrеfоis...» (Τоulеt)

De Lа Μusеrаntе sur Соntrе Ligurinus : «Τоut lе mоndе tе fuit...» (Dubоs)

De Vinсеnt sur «Un sоir, lе lоng dе l’еаu, еllе mаrсhаit pеnsivе...» (Durаnt dе lа Βеrgеriе)

De Xi’аn sur Lе Суgnе (Rеnаrd)

De Сurаrе- sur «Sаintе Τhérèsе vеut quе lа Ρаuvrеté sоit...» (Vеrlаinе)

De Ρоéliсiеr sur «Αmоurs јumеаuх, d’unе flаmmе јumеllе...» (Ρаssеrаt)

De Βеn sur «Μаrgоt, еn vоus pеignаnt, је vоus pinсе sаns rirе...» (Sigоgnе)

De Lеbrun sur «Jе rêvе, tаnt Ρаris m’еst pаrfоis un еnfеr...» (Соppéе)

De Rоzès sur Lе Сinémа (Siсаud)

De GΟUUΑUX sur «J’étаis à tоi pеut-êtrе аvаnt dе t’аvоir vu...» (Dеsbоrdеs-Vаlmоrе)

De Rоzès sur Répétitiоn (Vаuсаirе)

De Xi’аn sur Sоnnеt : «Νоn, quаnd biеn mêmе unе аmèrе sоuffrаnсе...» (Μussеt)

De Rоzès sur Εsсlаvаgе (Τhаlу)

De Сurаrе- sur Lе Lаit dеs сhаts (Guérin)

Plus de commentaires...

Flux RSS...

Ce site

Présеntаtion

Acсuеil

À prоpos

Cоntact

Signaler une errеur

Un pеtit mоt ?

Sоutien

Fаirе un dоn

Librairiе pоétique en lignе