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Tout se mêle en un vif éclat de gaieté verte
Ô le beau soir de mai ! Tous les oiseaux en chœur,
Ainsi que les espoirs naguère à mon cœur,
Modulent leur prélude à ma croisée ouverte.
Ô le beau soir de mai ! le joyeux soir de mai !
Un orgue au loin éclate en froides mélopées ;
Et les rayons, ainsi que de pourpres épées,
Percent le cœur du jour qui se meurt parfume.
Je suis gai ! je suis gai ! Dans le cristal qui chante,
Verse, verse le vin ! verse encore et toujours,
Que je puisse oublier la tristesse des jours,
Dans le dédain que j’ai de la foule méchante !
Je suis gai ! je suis gai ! Vive le vin et l’Art !...
J’ai le rêve de faire aussi des vers célèbres,
Des vers qui gémiront les musiques funèbres
Des vents d’automne au loin passant dans le brouillard.
C’est le règne du rire amer et de la rage
De se savoir poète et objet du mépris,
De se savoir un cœur et de n’être compris
Que par le clair de lune et les grands soirs d’orage !
Femmes ! je bois à vous qui riez du chemin
Où l’Idéal m’appelle en ouvrant ses bras roses ;
Je bois à vous surtout, hommes aux fronts moroses
Qui dédaignez ma vie et repoussez ma main !
Pendant que tout l’azur s’étoile dans la gloire,
Et qu’un rythme s’entonne au renouveau doré,
Sur le jour expirant je n’ai donc pas pleuré,
Moi qui marche à tâtons dans ma jeunesse noire !
Je suis gai ! je suis gai ! Vive le soir de mai !
Je suis follement gai, sans être pourtant ivre !...
Serait-ce que je suis enfin heureux de vivre ;
Enfin mon cœur est-il guéri d’avoir aimé ?
Les cloches ont chanté ; le vent du soir odore...
Et pendant que le vin ruisselle à joyeux flots,
Je suis gai, si gai, dans mon rire sonore,
Oh ! si gai, que j’ai peur d’éclater en sanglots !

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 14 octobre 2014 à 13h58Bar d’Émile
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À Verlaine versons la douce absinthe verte ;
Aux amants, du bordeaux qui renforce le coeur ;
Aux marmitons, de quoi se divertir en choeur,
Il viendra d’autres gens, laissez la porte ouverte !
Laissez se rafraîchir cet inconnu qui chante,
Donnez-lui ce vin frais qu’il réclame toujours ;
Donnez au charpentier son calice du jour,
Car il l’acceptera sans intention méchante.
Du vin ! Du pain grillé ! Des haricots ! Du lard !
Servez l’apéritif aux grands buveurs célèbres
Ainsi qu’aux vieux banquiers à la mine funèbre ;
Sur les trottoirs, déjà, se forme le brouillard.
Mais ici, la parole et le rire font rage,
Le malheur n’entre point, la honte, le mépris
Ni le regret frappant tous ces gens incompris ;
Il est doux d’être là quand retentit l’orage.
À boire dans un seau pour ces éléphants roses !
Pour venir jusqu’à nous, bien long fut leur chemin,
Acceptez ce pinard, chers amis des humains,
Et remplissez-vous-en, ne soyez pas moroses.
À boire pour le Maître à l’éclatante gloire !
Qu’il savoure au comptoir un hydromel doré
Car c’est le temps de rire, et non point de pleurer ;
N’écoutons des corbeaux la villanelle noire.
Chers buveurs, votre zèle en cet endroit m’honore :
Vous formez en ces lieux un merveilleux tableau.
Non content de verser les boissons à grands flots,
Je rouvrirai pour vous la boîte de Pandore. [Lien vers ce commentaire]
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