Émile Nelligan


La Passante


 
Hier, j’ai vu passer, comme une ombre qu’on plaint,
En un grand parc obscur, une femme voilée :
Funèbre et singulière, elle s’en est allée,
Recélant sa fierté sous son masque opalin.
 
Et rien que d’un regard, par ce soir cristallin,
J’eus deviné bientôt sa douleur refoulée ;
Puis elle disparut en quelque noire allée
Propice au deuil profond dont son cœur était plein.
 
Ma jeunesse est pareille à la pauvre passante :
Beaucoup la croiseront ici-bas dans la sente
Où la vie à la tombe âprement nous conduit.
 
Tous la verront passer, feuille sèche à la brise
Qui tourbillonne, tombe et se fane en la nuit ;
Mais nul ne l’aimera, nul ne l’aura comprise.
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 22 novembre 2012 à 14h44


Escargot, compagnon qui jamais ne te plains,
Quelle sagesse un jour te fut donc dévoilée
Que tu vas méditant au long de mon allée,
Transportant ta maison sous le ciel opalin ?

Entendant du grillon le grelot cristallin,
Tu chantes, silencieux, ta chanson refoulée,
La foule des oiseaux, déjà, s’en est allée,
Tu as l’âme sereine et l’estomac bien plein.

Cette âme que tu sais n’être qu’une passante
Ne partira jamais se perdre dans les sentes,
Mais marche vers le but où ton corps la conduit.

Tu sens venir sur toi la fraîcheur de la brise,
La douceur qui s’installe au début de la nuit,
Et tu dis tout cela dans ta langue incomprise.

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Déposé par Jadis le 15 février 2020 à 15h31

Grâce absente
--------------------

Nuit d’hôtel cafardeuse ; et dans ce patelin,
Rien que des shawarmas et des femmes voilées.
Pas une étoile au ciel, ma lyre constellée
Porte un soleil tout noir, et c’est plutôt vilain.

De ma chambre sans goût, refaite au ripolin,
J’entends monter au loin des insultes gueulées,
À des palabres et des prières mêlées,
Et, blasé, je me sens à l’amertume enclin.

Parfois, sur l’avenue, odieuse, assourdissante,
La vocifération d’une moto puissante
Déchire l’atmosphère, et rageuse s’enfuit.

Mon cœur ne vibre pas, plus rien ne m’électrise ;
Pour tenter d’échapper à mon profond ennui,
Je mets résolument les deux doigts dans la prise.

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Déposé par Cochonfucius le 12 octobre 2023 à 11h43

Hibou silencieux
---------------

Au mutisme je suis enclin,
Rêveur dans la nuit étoilée ;
Je pense aux âmes en allées,
Ainsi qu’à mon propre déclin.

Par mon maître, un vieux pangolin,
Me fut la clarté dévoilée ;
À d’autres je l’ai révélée,
Même au grand âne du moulin.

Nous sommes des bêtes pensantes,
Ce que bien des humains pressentent ;
Ça ne date pas d’aujourd’hui.

Mon silence point ne se brise,
Qui dure tout au long de la nuit ;
Du crépuscule à l’aube grise.

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Déposé par AD MORTEM le 12 octobre 2023 à 12h42


Sonnet sur la passante évoquant vie et mort
Sonnet sur l’escargot tombera dans l’oubli
Sonnet du Sir Jadis blasé et oublieux *
Quant au dernier sonnet il n’est point silencieux

* Jadis quant à lui est silencieux à ce jour . .

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Déposé par L’hendécapé syllabiste le 14 octobre 2023 à 12h51

Un poète vit jadis la vie en roses
Alors qu’elle n’était qu’un enfer sans cause...
De cette erreur sans doute qu’il se repose.
Peut-être, cependant, écrit-il en proses ?

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Déposé par Curare- le 14 octobre 2023 à 13h20



L’élision c’est pour l’attention . .
Je l’aime mon chercheur de lumière
À jamais, même s’il ne faut dire jamais-

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