Musset

[poème attribué]


Les Filles de Loth


 
Le vieux Loth ronflait au fond de sa caverne ;
Assises à côté d’une pâle lanterne,
Ses deux filles en pleurs se rappelaient tout bas
Les plaisirs de Sodome et ne s’endormaient pas.
L’aînée avait vingt ans, une figure altière,
L’œil bleu et des cheveux rejetés en arrière,
Des trésors sous sa robe et des doigts exercés...
La plus jeune était blonde, avait seize ans passés,
Des fruits s’arrondissaient sur sa blanche poitrine
Et son poil frissonnait où l’esprit le devine ;
Les yeux pleins de langueur et de timidité
Cachaient sous leurs cils d’or l’ardente volupté.
Vierges ! Comprenez que deux filles à cet âge
N’ont pas quitté Sodome avec leur pucelage.
Elles avaient goûté le breuvage amoureux,
Et leur soif insatiable avait fait des heureux,
Jusqu’au jour redouté du divin châtiment,
Leur vie entière fut détruite en un moment,
Tous les hommes perdus, car il n’en restait pas
Qui pussent désormais jouir de leurs appas !
D’où viendra la rosée à leur bouche altérée ?...
« Ne pleure pas ma sœur, ma sœur, que ton âme éplorée
Retrouve quelque espoir. Tiens ! Déshabillons-nous,
J’ai trouvé pour jouir, un moyen simple et doux. »
Ainsi parla l’aînée. Déboutonnant sa robe,
Elle montre à sa sœur, avec un double globe
Un ventre satiné qui se termine en bas
Par un petit triangle couvert de poils ras,
Noirs comme de l’ébène, et doux comme la soie,
Sarah sourit, s’approche et écarte avec joie
Les lèvres de la trousse, ainsi les vieux Hébreux
Nommaient l’endroit charmant qui les rendait heureux.
« Que faut-il faire Agass ? — Du bout de ton doigt rose,
Chatouille-moi — J’y suis, attends que je me pose
Pour que mon doux bouton s’érige sous ton doigt
Et que j’écarte aussi les cuisses comme toi. »
Et sous leur main, servie d’une amoureuse ivresse,
La symphyse se gonfle et palpite et se dresse.
Enfin n’en pouvant plus et d’amour se pâmant,
Agass donne à sa sœur un doux baiser d’amant.
Mais celle-ci lui dit : « Faisons mieux, ma charmante
Remplaçons notre doigt à la place amusante
Par une langue agile ; et tu verras, ma sœur
Que nos attouchements auront plus de douceur.
Oui, sur ton petit ventre, attends que je me couche,
Ta bouche sur mes lèvres, ton poil dans ma bouche
Qu’une douce langue chatouille en l’excitant
Notre bouton de rose encore tout palpitant.
Que nos corps enlacés se tordent et se roulent,
Que le jus de l’amour sur nos cuisses s’écoule. »
Sitôt dit, sitôt fait, et bientôt ce doux jeu
Arrose leur trésor d’un liquide onctueux.
Mais ce sperme infécond ne rappelle les hommes
Que de manière vague. « Ah ! Sottes que nous sommes,
À quoi rêvons-nous donc quand on a ce qu’il faut :
Notre père est bien vieux, mais il est encore chaud.
Il peut bander encor quand les femmes sont belles,
Bien heureux qu’il n’ait pas affaire à des pucelles.
Mais il ne voudra pas, tant il est scrupuleux,
Nous donner la bouteille où jadis toutes deux
Avons puisé la vie,... où notre pauvre mère,
Allait remplir ses fleurs, éteindre son cratère.
Tâchons de l’enivrer, il aime le bon vin,
Et s’il veut nous baiser, sauvons le genre humain... »
Chacune sur le chef portait un grand voile noir ;
Loth avec sa lanterne, a demandé, hagard :
« À qui sont ces tétons dont la blancheur rayonne ?
Ces globes opalins, dont la pointe frissonne ? »
Il jette sur Agass des regards polissons,
Écoute en soupirant les charmeuses chansons
Qu’ensemble ont commencé ses filles toutes nues,
Il croit être à Sodome et, sur ses propres filles
Haletant de planter le bâton de famille,
Il s’élance soudain. Agass l’avait prévu.
Au ventre paternel, elle saisit tout nu
Le membre recherché par l’ensemble des femmes
S’aperçoit qu’il faut encore qu’elle l’enflamme,
Et, pour mieux en jouir, elle roule à la main
L’instrument qui doit féconder le genre humain.
« J’enfanterai, dit-elle, et pour être plus sûre
Adoptons pour jouir la meilleure posture. »
Elle tombe à genoux, découvre son cul blanc ;
Le vieux Loth inclinant la tête et s’approchant
Voit le cul : Oh ! Jeune Femme ! Oh ! ma toute belle »,
Dit-il alors, jetant ses deux bras autour d’elle.
Agass, poussant le cul, accroît le mouvement
Car elle connaissait l’effet du frottement.
Elle se sent mouiller. Aucune jouissance
N’a pourtant assouvi sa brutale espérance.
Un soupir la saisit ; elle porte la main
Je ne sais où. « Tu n’es pas dans le bon chemin,
C’est à recommencer », dit-elle à son vieux père.
Et l’ivrogne à nouveau recommence l’affaire ?
En craignant de manquer, il se laisse guider
À travers les replis qu’il devra féconder.
Agass tressaille. Enfin tout son beau corps frissonne ;
Les os ont craqué. Le père Loth s’en étonne
« Qu’as-tu donc ? Mon enfant : va donc que je jouisse !
Si je m’en suis douté, que le ciel m’engloutisse ! »
Dit le vieux Loth. Agass dit alors à sa sœur :
« Viens goûter à ton tour la divine liqueur. »
L’autre aussitôt s’approche et dans ses douces cuisses
Elle montre à son père un doux nid de délices.
Elle chatouille alors les couilles du taureau,
Prend l’arme tout à coup et la met au fourreau.
Entre ses blanches mains, saisit la vieille épée
Pour la faire entrer plus grosse et mieux trempée.
Enfin elle se pâme, laisse tomber ses bras,
Le sceptre paternel inondant ses appas.
« Gloire à Dieu » se dit-elle, « à présent j’ai conçu. »
Loth, en se réveillant n’avait rien vu, ni su.
 

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