Colin s’en allit au Lendit,
Où n’achetit ni ne vendit,
Mais seulement, à ce qu’on dit,
Dérobit une jument noire.
La raison qu’on ne le penda
Fut que soudain il réponda
Que jamais autre il n’entenda
Sinon que de la mener boire.
Commentaire (s)
Déposé par Teillard André le 22 mars 2014 à 08h03
Poète officiel du roi François 1er, Clément Marot, Maître des mots, devait beaucoup s’amuser en entendant ses contemporains se heurter sans cesse aux déjà grandes difficultés de la langue française que son protecteur de roi venait de déclarer, en 1535, langue officielle du royaume, alors que les patois régnaient depuis toujours.
En quelques vers bien garnis de fautes savoureuses, racontant une histoire drôle et peut-être vraie, il nous amuse beaucoup.
Mais nos petits-enfants, auxquels on n’apprend plus que très mal la grammaire et l’orthographe, pourront-ils même apprécier un tel sabotage qu’ils commettront chaque jour... sans même le savoir?
À quoi la jument ripostut :
— Et mon derrière, le vois-tu ?
Dit qu’il s’était d’eux bien foutu
Et racontit une autre histoire :
Qu’il avait voulu la vender
Mais qu’il s’était fait enviander
Et qu’il était bien emmerdé
Comme l’est un suppositoire.