Mallarmé

Poésies, 1899



Victorieusement fui le suicide beau
Tison de gloire, sang par écume, or, tempête !
Ô rire si là-bas une pourpre s’apprête
À ne tendre royal que mon absent tombeau.
 
Quoi ! de tout cet éclat pas même le lambeau
S’attarde, il est minuit, à l’ombre qui nous fête
Excepté qu’un trésor présomptueux de tête
Verse son caressé nonchaloir sans flambeau,
 
La tienne si toujours le délice ! la tienne
Oui seule qui du ciel évanoui retienne
Un peu de puéril triomphe en t’en coiffant
 
Avec clarté quand sur les coussins tu la poses
Comme un casque guerrier d’impératrice enfant
Dont pour te figurer il tomberait des roses.
 

Commentaire (s)
Déposé par weiss jean-pierre le 18 décembre 2013 à 11h18

Une logique astrale où s’épanche les choses , perte du lendemain au somptueux coucher , chaire ravigotée par une sombre extase , où s’assied pour un temps un paradis perdu !

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Déposé par Cochonfucius le 10 décembre 2018 à 22h09

Chevalier sans armes
--------------------

Son âme est vigoureuse, et son visage est beau ;
C’est un fol chevalier, neveu de la tempête,
Qu’importe si, bientôt, c’est sa mort qui s’apprête,
Il saura se tenir très bien dans un tombeau.

Son orgueil d’autrefois est parti en lambeaux,
Et son goût de la drague, et son sens de la fête,
Car il a bien fini de se prendre la tête ;
À d’autres paladins il laisse le flambeau.

On le trouve affaibli, mais qu’à cela ne tienne,
Il poursuit son chemin sans rien qui le retienne,
Mais ne cultive plus les exploits décoiffants.

Dans la sérénité sur l’herbage il se pose
Près des fleurs qu’il aimait quand il était enfant,
Pour leur parler toujours du prince et de la rose.

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