Tandis que je me plains, à l’ombre de ces bois,
De celle qui détient ma franchise égarée,
J’entends le rossignol se plaignant de Térée,
Qui son ramage accorde aux accents de ma voix.
Tous deux diversement nous plaignons toutefois :
Lui, de vengeance ayant toute l’âme altérée,
Moi, au contraire ayant la mienne énamourée
D’une pour qui cent morts en vivant je reçois.
Bien est vrai qu’en trois mois sa complainte s’achève,
Mais la mienne jamais ne prend ne fin ne trêve,
Ainçois dure tout l’an constante en mes travaux
Puis donc que mon tourment à nul autre s’égale,
Finissè-je mes jours, pour finir tant de maux,
Chantant jusqu’à la mort comme fait la cigale.
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 25 septembre 2021 à 12h32
Un oiseau se désaltère
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Tranquille je picore et tranquille je bois,
Ou bien je réconforte une oiselle égarée ;
Je lui dis : Chère amie, ne sois pas effarée,
Car aucun prédateur ne rôde au fond des bois.
Par mon ramage expert, et sobre toutefois,
La douce créature est bientôt rassurée ;
Tu verras qu’elle peut se montrer délurée,
Ce spectacle est charmant, j’en suis heureux, ma foi.
Combien ai-je connu de ces rencontres brèves ?
L’âme s’y abandonne ainsi que dans un rêve,
De notre corps l’esprit ne ressent plus les maux.
Chacune a son secret, chacune est sans égale ;
Je leur rends un hommage en assemblant des mots,
À défaut de chanter comme fait la cigale.