Jean Lorrain

Modernités, 1885


Miss Miser


 
Paris l’hiver, le soir... au fond du brouillard sale,
Où le gaz allumé fait autant de points roux,
Maigre et la gorge offerte avec des grands yeux fous
Resplendit la Misère, hétaïre spectrale.
 
Ses bras nus sont bleuis de baisers et de coups,
Et tandis qu’elle étrangle un affreux chant qui râle,
Sous sa jupe de gaze enroulée en spirale
Elle montre aux passants sa cuisse et ses genoux.
 
Le fard s’écaille et coule aux deux coins de ses lèvres
Et, sous le froid qui mord, grelottante de fièvres,
Elle essuie en pleurant son épaule en sueur.
 
Ses pieds gonflés et gourds retombent sans cadence,
Et sous le Jablockhof à la blême lueur
Le clubman applaudit la Volupté, qui danse.
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 11 janvier 2019 à 13h33

Pichets de gueules
--------------------

Douze joyeux buveurs attablés dans la salle,
Savourant des boissons qui semblent à leur goût,
Admirant la serveuse et ses longs cheveux roux,
La douce tavernière, admirable vestale.

Les pichets semblent dire «Allons, buvons un coup,
Mais n’allons pas jusqu’à l’ivresse générale.»
Les beaux tire-bouchons présentent leur spirale,
L’après-midi s’avance et le vin se fait doux.

Des poèmes sans suite ont traversé nos lèvres,
Composés sans clameur, sans recherche et sans fièvre,
Ils demandent de l’encre, et non de la sueur.

Les pichets rafraîchis se vident en cadence,
Le soleil vespéral n’est plus qu’une lueur,
La fumée du tabac se fait un peu plus dense.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 26 mars 2021 à 12h29

Ailes déventées
----------

Moulin démesuré, voilure colossale,
Mais le vent par ici ne souffle plus du tout ;
Sur le manque de blé veille un maigre matou,
Et sur la meule qui d’Eole fut vassale.

Au coin du bois le pâtre entend hurler un loup,
Mais il n’en pense rien, cette chose est normale ;
Ici chantent toujours quelques voix animales,
Le vieux moulin s’endort aux notes du hibou.

Le meunier qui jadis valait plus qu’un orfèvre
Est parti s’exiler en des terres de fièvre ;
Sa chemise est toujours imbibée de sueur.

Quand vient un calme plat, nous sommes sans défense,
L’intelligence en nous n’est plus qu’une lueur
Éclairant vainement du grand souffle l’absence.

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