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Poèmes antiques
Midi, roi des étés, épandu sur la plaine,
Tombe en nappes d’argent des hauteurs du ciel bleu.
Tout se tait. L’air flamboie et brûle sans haleine ;
La terre est assoupie en sa robe de feu.
L’étendue est immense, et les champs n’ont point d’ombre,
Et la source est tarie où buvaient les troupeaux ;
La lointaine forêt, dont la lisière est sombre,
Dort là-bas, immobile, en un pesant repos.
Seuls, les grands blés mûris, tels qu’une mer dorée,
Se déroulent au loin, dédaigneux du sommeil ;
Pacifiques enfants de la terre sacrée,
Ils épuisent sans peur la coupe du soleil.
Parfois, comme un soupir de leur âme brûlante,
Du sein des épis lourds qui murmurent entre eux,
Une ondulation majestueuse et lente
S’éveille, et va mourir à l’horizon poudreux.
Non loin, quelques bœufs blancs, couchés parmi les herbes,
Bavent avec lenteur sur leurs fanons épais,
Et suivent de leurs yeux languissants et superbes
Le songe intérieur qu’ils n’achèvent jamais.
Homme, si, le cœur plein de joie ou d’amertume,
Tu passais vers midi dans les champs radieux,
Fuis ! la nature est vide et le soleil consume :
Rien n’est vivant ici, rien n’est triste ou joyeux.
Mais si, désabusé des larmes et du rire,
Altéré de l’oubli de ce monde agité,
Tu veux, ne sachant plus pardonner ou maudire,
Goûter une suprême et morne volupté,
Viens ! Le soleil te parle en paroles sublimes ;
Dans sa flamme implacable absorbe-toi sans fin ;
Et retourne à pas lents vers les cités infimes,
Le cœur trempé sept fois dans le néant divin.

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 21 novembre 2012 à 14h32
Clovis, roi des crapauds, avait la bouche pleine.
Un bigorneau d’argent brillait dans le ciel bleu.
Franz Kafka sur le gril cuisait une baleine,
Car Leconte de Lisle avait fait un grand feu.
La baleine est immense, et Clovis n’a point d’ombre.
Les crapauds près de lui forment un grand troupeau.
Cochonfucius au loin, dont la chienne est bien sombre,
Boit un coup à Cluny en un pesant repos.
Seuls, les grands roturiers de la Porte Dorée
Ouvrent leur magasin, dédaigneux du sommeil.
Pacifiques amants de la chienne sacrée,
Ils disent à Clovis : tu es le Roi Soleil.
Parfois, comme un soupir de leur âme brûlante,
J’entends les roturiers qui murmurent entre eux,
Et la chienne devient majestueuse et lente,
S’éveille, et va nourrir le bigorneau poudreux.
Non loin, les crapauds blancs, couchés parmi les herbes,
Dévorant de l’agneau en un brouillard épais,
Poursuivent de leurs yeux languissants et superbes
Le bal des roturiers qui ne cesse jamais.
Franz Kafka, le coeur plein de joie et d’amertume,
Rassemble les gaziers dans les champs radieux.
Et le ciel de chenal au Soleil se consume :
Car les crapauds ne sont ni tristes ni joyeux.
Clovis, désabusé des larmes et du rire,
Laisse donc Franz Kafka vainement s’agiter.
Furax, ne sachant plus pardonner ou maudire,
Tirait du bigorneau sa morne volupté.
Le roi Clovis lui parle en paroles sublimes.
Il reprend de l’agneau alors qu’il n’a plus faim,
Poursuivi à pas lents par les crapauds infimes,
Ayant vidé huit fois un grand verre de vin. [Lien vers ce commentaire] Déposé par Cochonfucius le 22 mai 2014 à 11h24Fatrasie estivale
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Un frelon, la bouche pleine,
Naviguait dans le ciel bleu,
Aussi gras qu’une baleine,
Aussi luisant qu’un grand feu.
C’est étrange, il n’a point d’ombre ;
Il en vient tout un troupeau
Arborant des mines sombres
Et refusant tout repos.
S’ouvre une porte dorée
Vers le pays du sommeil ;
S’ouvre une grotte sacrée
Que n’atteint pas le soleil.
Les frelons à chair brûlante
Alors débattent entre eux ;
Leur parole est lourde et lente,
Leurs arguments sont poudreux.
Aussi nombreux que des herbes,
Ils forment un flot épais
Dans cette grotte superbe
Où l’humain ne va jamais.
Ici n’est nulle amertume,
Ici, ni diable ni dieu ;
Joie et bonheur se consument
Et tout va de mieux en mieux.
Ici, ni larmes ni rire,
Pas question de s’agiter,
De bénir ou de maudire :
Car tout n’est que volupté.
Donc, de ces frelons sublimes,
Le sort se règle, à la fin,
Dans une atmosphère intime
Et quelques litres de vin. [Lien vers ce commentaire]
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