Lautréamont(1846-1870) D’autrеs pоèmеs :Lеs gémissеmеnts pоétiquеs dе се sièсlе... Ιl у еn а qui éсrivеnt pоur rесhеrсhеr lеs аpplаudissеmеnts humаins... J’étаblirаi dаns quеlquеs lignеs соmmеnt Μаldоrоr... Lесtеur, с’еst pеut-êtrе lа hаinе quе tu vеuх quе ј’invоquе... Ρlût аu сiеl quе lе lесtеur... Lеs mаgаsins dе lа ruе Viviеnnе... Αvаnt d’еntrеr еn mаtièrе, је trоuvе stupidе... оu еncоrе :Ιl у а dеs hеurеs dаns lа viе оù l’hоmmе... Fаisаnt mа prоmеnаdе quоtidiеnnе... Unе fаmillе еntоurе unе lаmpе pоséе sur lа tаblе... Unе pоtеnсе s’élеvаit sur lе sоl... С’étаit unе јоurnéе dе printеmps... Vоiсi lа fоllе qui pаssе еn dаnsаnt...
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LautréamontLes Chants de Maldoror, 1869 ![]()
Sur le mur de ma chambre, quelle ombre dessine, avec une puissance
incomparable, la fantasmagorique projection de sa silhouette racornie ?
Quand je place sur mon cœur cette interrogation délirante et muette,
c’est moins pour la majesté de la forme, pour le tableau de la réalité,
que la sobriété du style se conduit de la sorte. Qui que tu sois,
défends-toi ; car, je vais diriger vers toi la fronde d’une terrible
accusation : ces yeux ne t’appartiennent pas... où les as-tu pris ? Un
jour, je vis passer devant moi une femme blonde ; elle les avait pareils
aux tiens : tu les lui as arrachés. Je vois que tu veux faire croire à ta
beauté ; mais, personne ne s’y trompe ; et moi, moins qu’un autre. Je te
le dis, afin que tu ne me prennes pas pour un sot. Toute une série
d’oiseaux rapaces, amateurs de la viande d’autrui et défenseurs de
l’utilité de la poursuite, beaux comme des squelettes qui effeuillent
des panoccos de l’Arkansas, voltigent autour de ton front, comme des
serviteurs soumis et agréés. Mais, est-ce un front ? Il n’est pas
difficile de mettre beaucoup d’hésitation à le croire. Il est si bas,
qu’il est impossible de vérifier les preuves, numériquement exiguës, de
son existence équivoque. Ce n’est pas pour m’amuser que je te dis cela.
Peut-être que tu n’as pas de front, toi, qui promènes, sur la muraille,
comme le symbole mal réfléchi d’une danse fantastique, le fiévreux
ballottement de tes vertèbres lombaires. Qui donc alors t’a scalpé ? si
c’est un être humain, parce que tu l’as enfermé, pendant vingt ans, dans
une prison, et qui s’est échappé pour préparer une vengeance digne de
ses représailles, il a fait comme il devait, et je l’applaudis ;
seulement, il y a un seulement, il ne fut pas assez sévère. Maintenant,
tu ressembles à un Peau-Rouge prisonnier, du moins (notons-le
préalablement) par le manque expressif de chevelure. Non pas qu’elle ne
puisse repousser, puisque les physiologistes ont découvert que même les
cerveaux enlevés reparaissent à la longue, chez les animaux ; mais, ma
pensée, s’arrêtant à une simple constatation, qui n’est pas dépourvue,
d’après le peu que j’en aperçois, d’une volupté énorme, ne va pas, même
dans ses conséquences les plus hardies, jusqu’aux frontières d’un vœu
pour ta guérison, et reste, au contraire, fondée, par la mise en œuvre
de sa neutralité plus que suspecte, à regarder (ou du moins à
souhaiter), comme le présage de malheurs plus grands, ce qui ne peut
être pour toi qu’une privation momentanée de la peau qui recouvre le
dessus de ta tête. J’espère que tu m’as compris. Et même, si le hasard
te permettait, par un miracle absurde, mais non pas, quelquefois,
raisonnable, de retrouver cette peau précieuse qu’a gardée la religieuse
vigilance de ton ennemi, comme le souvenir enivrant de sa victoire, il
est presque extrêmement possible que, quand même on n’aurait étudié la
loi des probabilités que sous le rapport des mathématiques (or, on sait
que l’analogie transporte facilement l’application de cette loi dans les
autres domaines de l’intelligence), ta crainte légitime, mais un peu
exagérée, d’un refroidissement partiel ou total, ne refuserait pas
l’occasion importante, et même unique, qui se présenterait d’une manière
si opportune, quoique brusque, de préserver les diverses parties de ta
cervelle du contact de l’atmosphère, surtout pendant l’hiver, par une
coiffure qui, à bon droit, t’appartient, puisqu’elle est naturelle, et
qu’il te serait permis, en outre (il serait incompréhensible que tu le
niasses), de garder constamment sur la tête, sans courir les risques
toujours désagréables, d’enfreindre les règles les plus simples d’une
convenance élémentaire. N’est-il pas vrai que tu m’écoutes avec
attention ? Si tu m’écoutes davantage, ta tristesse sera loin de se
détacher de l’intérieur de tes narines rouges. Mais, comme je suis très
impartial, et que je ne te déteste pas autant que je le devrais (si je
me trompe, dis-le moi), tu prêtes, malgré toi, l’oreille à mes discours,
comme poussé par une force supérieure. Je ne suis pas si méchant que
toi : voilà pourquoi ton génie s’incline de lui-même devant le mien...
En effet, je ne suis pas si méchant que toi ! Tu viens de jeter un regard
sur la cité bâtie sur le flanc de cette montagne. Et maintenant, que
vois-je ?... Tous les habitants sont morts ! J’ai de l’orgueil comme un
autre, et c’est un vice de plus, que d’en avoir peut-être davantage.
Eh bien, écoute... écoute, si l’aveu d’un homme, qui se rappelle
avoir vécu un demi-siècle sous la forme de requin dans les courants
sous-marins qui longent les côtes de l’Afrique, t’intéresse assez
vivement pour lui prêter ton attention, sinon avec amertume, du moins
sans la faute irréparable de montrer le dégoût que je t’inspire. Je ne
jetterai pas à tes pieds le masque de la vertu, pour paraître à tes yeux
tel que je suis ; car, je ne l’ai jamais porté (si, toutefois, c’est là
une excuse) ; et, dès les premiers instants, si tu remarques mes traits
avec attention, tu me reconnaîtras comme ton disciple respectueux dans
la perversité, mais, non pas, comme ton rival redoutable. Puisque je ne
te dispute pas la palme du mal, je ne crois pas qu’un autre le fasse : il
devrait s’égaler auparavant à moi, ce qui n’est pas facile... Écoute,
à moins que tu ne sois la faible condensation d’un brouillard (tu caches
ton corps quelque part, et je ne puis le rencontrer) : un matin, que je
vis une petite fille qui se penchait sur un lac, pour cueillir un lotus
rose, elle affermit ses pas, avec une expérience précoce ; elle se
penchait vers les eaux, quand ses yeux rencontrèrent mon regard (il est
vrai que, de mon côté, ce n’était pas sans préméditation). Aussitôt,
elle chancela comme le tourbillon qu’engendre la marée autour d’un roc,
ses jambes fléchirent, et chose merveilleuse à voir, phénomène qui
s’accomplit avec autant de véracité que je cause avec toi, elle tomba
jusqu’au fond du lac : conséquence étrange, elle ne cueillit plus aucune
nymphéacée. Que fait-elle au dessous ?... je ne m’en suis pas informé.
Sans doute, sa volonté, qui s’est rangée sous le drapeau de la
délivrance, livre des combats acharnés contre la pourriture ! Mais toi,
ô mon maître, sous ton regard, les habitants des cités sont subitement
détruits, comme un tertre de fourmis qu’écrase le talon de l’éléphant.
Ne viens-je pas d’être témoin d’un exemple démonstrateur ? Vois... la
montagne n’est plus joyeuse... elle reste isolée comme un vieillard.
C’est vrai, les maisons existent ; mais ce n’est pas un paradoxe
d’affirmer, à voix basse, que tu ne pourrais en dire autant de ceux qui
n’y existent plus. Déjà, les émanations des cadavres viennent jusqu’à
moi. Ne les sens-tu pas ? Regarde ces oiseaux de proie, qui attendent que
nous nous éloignions, pour commencer ce repas géant ; il en vient un
nuage perpétuel des quatre coins de l’horizon. Hélas ! ils étaient déjà
venus, puisque je vis leurs ailes rapaces tracer, au-dessus de toi, le
monument des spirales, comme pour t’exciter de hâter le crime. Ton
odorat ne reçoit-il donc pas le moindre effluve ? L’imposteur n’est pas
autre chose... Tes nerfs olfactifs sont enfin ébranlés par la
perception d’atomes aromatiques : ceux-ci s’élèvent de la cité anéantie,
quoique je n’aie pas besoin de te l’apprendre... Je voudrais embrasser
tes pieds, mais mes bras n’entrelacent qu’une transparente vapeur.
Cherchons ce corps introuvable, que cependant mes yeux aperçoivent : il
mérite, de ma part, les marques les plus nombreuses d’une admiration
sincère. Le fantôme se moque de moi : il m’aide à chercher son propre
corps. Si je lui fais signe de rester à sa place, voilà qu’il me renvoie
le même signe... Le secret est découvert ; mais, ce n’est pas, je le dis
avec franchise, à ma plus grande satisfaction. Tout est expliqué, les
grands comme les plus petits détails ; ceux-ci sont indifférents à remettre
devant l’esprit, comme, par exemple, l’arrachement des yeux à la femme
blonde : cela n’est presque rien !... Ne me rappelais-je donc pas que, moi
aussi, j’avais été scalpé, quoique ce ne fût que pendant cinq ans (le
nombre exact du temps m’avait failli), que j’avais enfermé un être
humain dans une prison, pour être témoin du spectacle de ses souffrances,
parce qu’il m’avait refusé, à juste titre, une amitié qui ne s’accorde
pas à des êtres comme moi ? Puisque je fais semblant d’ignorer que mon
regard peut donner la mort, même aux planètes qui tournent dans l’espace,
il n’aura pas tort, celui qui prétendra que je ne possède pas la faculté
des souvenirs. Ce qui me reste à faire, c’est de briser cette glace, en
éclats, à l’aide d’une pierre... Ce n’est pas la première fois que le
cauchemar de la perte momentanée de la mémoire établit sa demeure dans
mon imagination, quand, par les inflexibles lois de l’optique, il m’arrive
d’être placé devant la méconnaissance de ma propre image !
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