Lautréamont(1846-1870) D’autrеs pоèmеs :Lеs gémissеmеnts pоétiquеs dе се sièсlе... Ιl у еn а qui éсrivеnt pоur rесhеrсhеr lеs аpplаudissеmеnts humаins... J’étаblirаi dаns quеlquеs lignеs соmmеnt Μаldоrоr... Lесtеur, с’еst pеut-êtrе lа hаinе quе tu vеuх quе ј’invоquе... Ρlût аu сiеl quе lе lесtеur... Lеs mаgаsins dе lа ruе Viviеnnе... Αvаnt d’еntrеr еn mаtièrе, је trоuvе stupidе... оu еncоrе :Silеnсе ! il pаssе un соrtègе funérаirе à сôté dе vоus... J’аi fаit un pасtе аvес lа prоstitutiоn... Οù еst-il pаssé се prеmiеr сhаnt dе Μаldоrоr...
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LautréamontLes Chants de Maldoror, 1869
« Ô lampe au bec d’argent, mes yeux t’aperçoivent dans les airs, compagne
de la voûte des cathédrales, et cherchent la raison de cette suspension.
On dit que tes lueurs éclairent, pendant la nuit, la tourbe de ceux qui
viennent adorer le Tout-Puissant et que tu montres aux repentis le
chemin qui mène à l’autel. Écoute, c’est fort possible ; mais... est-ce
que tu as besoin de rendre de pareils services à ceux auxquels tu ne
dois rien ? Laisse, plongées dans les ténèbres, les colonnes des
basiliques ; et, lorsqu’une bouffée de la tempête sur laquelle le démon
tourbillonne, emporté dans l’espace, pénétrera, avec lui, dans le saint
lieu, en y répandant l’effroi, au lieu de lutter, courageusement, contre
la rafale empestée du prince du mal, éteins-toi subitement, sous son
souffle fiévreux, pour qu’il puisse, sans qu’on le voie, choisir ses
victimes parmi les croyants agenouillés. Si tu fais cela, tu peux dire
que je te devrai tout mon bonheur. Quand tu reluis ainsi, en répandant
tes clartés indécises, mais suffisantes, je n’ose pas me livrer aux
suggestions de mon caractère, et je reste, sous le portique sacré, en
regardant par le portail entr’ouvert, ceux qui échappent à ma vengeance,
dans le sein du Seigneur. Ô lampe poétique ! toi qui serais mon amie
si tu pouvais me comprendre, quand mes pieds foulent le basalte des
églises, dans les heures nocturnes, pourquoi te mets-tu à briller d’une
manière qui, je l’avoue, me paraît extraordinaire ? Tes reflets se
colorent, alors, des nuances blanches de la lumière électrique ; l’œil
ne peut pas te fixer ; et tu éclaires d’une flamme nouvelle et puissante
les moindres détails du chenil du Créateur, comme si tu étais en proie
à une sainte colère. Et, quand je me retire après avoir blasphémé, tu
redeviens inaperçue, modeste et pâle, sûre d’avoir accompli un acte de
justice. Dis-moi, un peu ; serait-ce parce que tu connais les détours
de mon cœur, que, lorsqu’il m’arrive d’apparaître où tu veilles, tu
t’empresses de désigner ma présence pernicieuse et de porter l’attention
des adorateurs vers le côté où vient de se montrer l’ennemi des hommes ?
Je penche vers cette opinion ; car, moi aussi, je commence à te
connaître ; et je sais qui tu es, vieille sorcière, qui veilles si bien
sur les mosquées sacrées, où se pavane, comme la crête d’un coq, ton
maître curieux. Vigilante gardienne, tu t’es donné une mission folle.
Je t’avertis ; la première fois que tu me désigneras à la prudence de mes
semblables, par l’augmentation de tes lueurs phosphorescentes, comme je
n’aime pas ce phénomène d’optique, qui n’est mentionné, du reste, dans
aucun livre de physique, je te prends par la peau de ta poitrine, en
accrochant mes griffes aux escarres de ta nuque teigneuse, et je te
jette dans la Seine. Je ne prétends pas que, lorsque je ne te fais rien,
tu te comportes sciemment d’une manière qui me soit nuisible. Là, je te
permettrai de briller autant qu’il me sera agréable ; là, tu me nargueras
avec un sourire inextinguible ; là, convaincue de l’incapacité de ton
huile criminelle, tu l’urineras avec amertume. » Après avoir parlé ainsi,
Maldoror ne sort pas du temple, et reste les yeux fixés sur la lampe du
saint lieu... Il croit voir une espèce de provocation, dans l’attitude
de cette lampe, qui l’irrite au plus haut degré, par sa présence
inopportune. Il se dit que, si quelque âme est renfermée dans cette
lampe, elle est lâche de ne pas répondre, à une attaque loyale, par la
sincérité. Il bat l’air de ses bras nerveux et souhaiterait que la lampe
se transformât en homme ; il lui ferait passer un mauvais quart d’heure,
il se le promet. Mais, le moyen qu’une lampe se change en homme ; ce
n’est pas naturel. Il ne se résigne pas, et va chercher, sur le parvis
de la misérable pagode, un caillou plat, à tranchant effilé. Il le lance
en l’air avec force... la chaîne est coupée, par le milieu, comme
l’herbe par la faux, et l’instrument du culte tombe à terre, en
répandant son huile sur les dalles... Il saisit la lampe pour la porter
dehors, mais elle résiste et grandit. Il lui semble voir des ailes sur
ses flancs, et la partie supérieure revêt la forme d’un buste d’ange. Le
tout veut s’élever en l’air pour prendre son essor ; mais il le retient
d’une main ferme. Une lampe et un ange qui forment un même corps, voilà
ce que l’on ne voit pas souvent. Il reconnaît la forme de la lampe ; il
reconnaît la forme de l’ange ; mais, il ne peut pas les scinder dans son
esprit ; en effet, dans la réalité, elles sont collées l’une dans
l’autre, et ne forment qu’un corps indépendant et libre ; mais, lui croit
que quelque nuage a voilé ses yeux, et lui a fait perdre un peu de
l’excellence de sa vue. Néanmoins, il se prépare à la lutte avec courage,
car son adversaire n’a pas peur. Les gens naïfs racontent, à ceux qui
veulent les croire, que le portail sacré se referma de lui-même, en
roulant sur ses gonds affligés, pour que personne ne pût assister à cette
lutte impie, dont les péripéties allaient se dérouler dans l’enceinte du
sanctuaire violé. L’homme au manteau, pendant qu’il reçoit des blessures
cruelles avec un glaive invisible, s’efforce de rapprocher de sa bouche
la figure de l’ange ; il ne pense qu’à cela, et tous ses efforts se portent
vers ce but. Celui-ci perd son énergie, et paraît pressentir sa destinée.
Il ne lutte plus que faiblement, et l’on voit le moment où son adversaire
pourra l’embrasser à son aise, si c’est ce qu’il veut faire. Eh bien, le
moment est venu. Avec ses muscles, il étrangle la gorge de l’ange, qui ne
peut plus respirer, et lui renverse le visage, en l’appuyant sur sa
poitrine odieuse. Il est un instant touché du sort qui attend cet être
céleste, dont il aurait volontiers fait son ami. Mais, il se dit que c’est
l’envoyé du Seigneur, et il ne peut pas retenir son courroux. C’en est
fait ; quelque chose d’horrible va rentrer dans la cage du temps ! Il se
penche, et porte la langue, imbibée de salive, sur cette joue angélique,
qui jette des regards suppliants. Il promène quelque temps sa langue sur
cette joue. Oh !... voyez !... voyez donc !... la joue blanche et rose est
devenue noire, comme un charbon ! Elle exhale des miasmes putrides. C’est
la gangrène ; il n’est plus permis d’en douter. Le mal rongeur s’étend sur
toute la figure, et de là, exerce ses furies sur les parties basses ;
bientôt, tout le corps n’est qu’une vaste plaie immonde. Lui-même,
épouvanté (car, il ne croyait pas que sa langue contînt un poison d’une
telle violence), il ramasse la lampe et s’enfuit de l’église. Une fois
dehors, il aperçoit dans les airs une forme noirâtre, aux ailes brûlées,
qui dirige péniblement son vol vers les régions du ciel. Ils se regardent
tous les deux, pendant que l’ange monte vers les hauteurs sereines du
bien, et que lui, Maldoror, au contraire, descend vers les abîmes
vertigineux du mal... Quel regard ! Tout ce que l’humanité a pensé
depuis soixante siècles, et ce qu’elle pensera encore, pendant les
siècles suivants, pourrait y contenir aisément, tant de choses se
dirent-ils, dans cet adieu suprême ! Mais, on comprend que c’étaient des
pensées plus élevées que celles qui jaillissent de l’intelligence
humaine ; d’abord, à cause des deux personnages, et puis, à cause de la
circonstance. Ce regard les noua d’une amitié éternelle. Il s’étonne
que le Créateur puisse avoir des missionnaires d’une âme si noble. Un
instant, il croit s’être trompé, et se demande s’il aurait dû suivre la
route du mal, comme il l’a fait. Le trouble est passé ; il persévère dans
sa résolution ; et il est glorieux, d’après lui, de vaincre tôt ou tard
le Grand-Tout, afin de régner à sa place sur l’univers entier, et sur
des légions d’anges aussi beaux. Celui-ci lui fait comprendre, sans
parler, qu’il reprendra sa forme primitive, à mesure qu’il montera vers
le ciel ; laisse tomber une larme, qui rafraîchit le front de celui qui
lui a donné la gangrène ; et disparaît peu à peu, comme un vautour, en
s’élevant au milieu des nuages. Le coupable regarde la lampe, cause de
ce qui précède. Il court comme un insensé à travers les rues, se dirige
vers la Seine, et lance la lampe par-dessus le parapet. Elle
tourbillonne pendant quelques instants, et s’enfonce définitivement dans
les eaux bourbeuses. Depuis ce jour, chaque soir, dès la tombée de la
nuit, l’on voit une lampe brillante qui surgit et se maintient,
gracieusement, sur la surface du fleuve, à la hauteur du pont Napoléon,
en portant, au lieu d’anse, deux mignonnes ailes d’ange. Elle s’avance
lentement, sur les eaux, passe sous les arches du pont de la Gare et du
pont d’Austerlitz, et continue son sillage silencieux, sur la Seine,
jusqu’au pont de l’Alma. Une fois en cet endroit, elle remonte avec
facilité le cours de la rivière, et revient au bout de quatre heures à
son point de départ. Ainsi de suite, pendant toute la nuit. Ses lueurs,
blanches comme la lumière électrique, effacent les becs de gaz qui
longent les deux rives, et, entre lesquels, elle s’avance comme une
reine, solitaire, impénétrable, avec un sourire inextinguible, sans que
son huile se répande avec amertume. Au commencement, les bateaux lui
faisaient la chasse ; mais, elle déjouait ces vains efforts, échappait
à toutes les poursuites, en plongeant, comme une coquette, et
reparaissait, plus loin, à une grande distance. Maintenant, les marins
superstitieux, lorsqu’ils la voient, rament vers une direction opposée,
et retiennent leurs chansons. Quand vous passez sur un pont, pendant la
nuit, faites bien attention : vous êtes sûr de voir briller la lampe, ici
ou là ; mais, on dit qu’elle ne se montre pas à tout le monde. Quand il
passe sur les ponts un être humain qui a quelque chose sur la conscience,
elle éteint subitement ses reflets, et le passant, épouvanté, fouille en
vain, d’un regard désespéré, la surface et le limon du fleuve. Il sait ce
que cela signifie. Il voudrait croire qu’il a vu la céleste lueur ; mais,
il se dit que la lumière venait du devant des bateaux ou de la réflexion
des becs de gaz ; et il a raison... Il sait que, cette disparition, c’est
lui qui en est la cause ; et, plongé dans de tristes réflexions, il hâte
le pas pour gagner sa demeure. Alors, la lampe au bec d’argent reparaît
à la surface, et poursuit sa marche, à travers des arabesques élégantes
et capricieuses.
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