Lautréamont(1846-1870) D’autrеs pоèmеs :Lеs gémissеmеnts pоétiquеs dе се sièсlе... Ιl у еn а qui éсrivеnt pоur rесhеrсhеr lеs аpplаudissеmеnts humаins... J’étаblirаi dаns quеlquеs lignеs соmmеnt Μаldоrоr... Lесtеur, с’еst pеut-êtrе lа hаinе quе tu vеuх quе ј’invоquе... Ρlût аu сiеl quе lе lесtеur... Lеs mаgаsins dе lа ruе Viviеnnе... Αvаnt d’еntrеr еn mаtièrе, је trоuvе stupidе... оu еncоrе :Jе vоуаis, dеvаnt mоi, un оbјеt dеbоut sur un tеrtrе... Unе lаntеrnе rоugе, drаpеаu du viсе... Οn nе mе vеrrа pаs, à mоn hеurе dеrnièrе...
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LautréamontLes Chants de Maldoror, 1869 ![]()
J’ai fait un pacte avec la prostitution afin de semer le désordre
dans les familles. Je me rappelle la nuit qui précéda cette
dangereuse liaison. Je vis devant moi un tombeau. J’entendis un
ver luisant, grand comme une maison, qui me dit : « Je vais
t’éclairer. Lis l’inscription. Ce n’est pas de moi que vient cet
ordre suprême. » Une vaste lumière couleur de sang, à l’aspect de
laquelle mes mâchoires claquèrent et mes bras tombèrent inertes,
se répandit dans les airs jusqu’à l’horizon. Je m’appuyai contre
une muraille en ruine, car j’allais tomber, et je lus : « Ci-gît un
adolescent qui mourut poitrinaire : vous savez pourquoi. Ne priez
pas pour lui. » Beaucoup d’hommes n’auraient peut-être pas eu
autant de courage que moi. Pendant ce temps, une belle femme nue
vint se coucher à mes pieds. Moi, à elle, avec une figure triste :
« Tu peux te relever. » Je lui tendis la main avec laquelle le
fratricide égorge sa sœur. Le ver luisant, à moi : « Toi, prends
une pierre et tue-la. — Pourquoi ? lui dis-je. » Lui, à moi : « Prends
garde à toi ; le plus faible, parce que je suis le plus fort.
Celle-ci s’appelle Prostitution. » Les larmes dans les yeux, la
rage dans le cœur, je sentis naître en moi une force inconnue.
Je pris une grosse pierre ; après bien des efforts, je la soulevai
avec peine jusqu’à la hauteur de ma poitrine ; je la mis sur
l’épaule avec les bras. Je gravis une montagne jusqu’au sommet :
de là, j’écrasai le ver luisant. Sa tête s’enfonça sous le sol
d’une grandeur d’homme ; la pierre rebondit jusqu’à la hauteur de
six églises. Elle alla retomber dans un lac, dont les eaux
s’abaissèrent un instant, tournoyantes, en creusant un immense
cône renversé. Le calme reparut à la surface ; la lumière de sang
ne brilla plus. « Hélas ! hélas ! s’écria la belle femme nue ;
qu’as-tu fait ? » Moi, à elle : « Je te préfère à lui ; parce que j’ai
pitié des malheureux. Ce n’est pas ta faute, si la justice
éternelle t’a créée. » Elle, à moi : « Un jour, les hommes me
rendront justice ; je ne t’en dis pas davantage. Laisse-moi
partir, pour aller cacher au fond de la mer ma tristesse infinie.
Il n’y a que toi et les monstres hideux qui grouillent dans ces
noirs abîmes, qui ne me méprisent pas. Tu es bon. Adieu, toi qui
m’as aimée ! » Moi, à elle : « Adieu ! Encore une fois : adieu ! Je
t’aimerai toujours !... Dès aujourd’hui, j’abandonne la vertu. »
C’est pourquoi, ô peuples, quand vous entendrez le vent d’hiver
gémir sur la mer et près de ses bords, ou au-dessus des grandes
villes, qui, depuis longtemps, ont pris le deuil pour moi, ou
à travers les froides régions polaires, dites : « Ce n’est pas
l’esprit de Dieu qui passe : ce n’est que le soupir aigu de la
prostitution, uni avec les gémissements graves du Montévidéen. »
Enfants, c’est moi qui vous le dis. Alors, pleins de miséricorde,
agenouillez-vous ; et que les hommes, plus nombreux que les poux,
fassent de longues prières.
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Mon florilège(Tоuriste) (Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.) Compte lecteurAgoraÉvаluations récеntes☆ ☆ ☆ ☆ ☆Vеrlаinе : Соlоmbinе Vеrlаinе : «Μаlhеurеuх ! Τоus lеs dоns, lа glоirе du bаptêmе...» Vеrlаinе : «Βеаuté dеs fеmmеs, lеur fаiblеssе, еt сеs mаins pâlеs...» Rоnsаrd : À un аubépin Du Βеllау : Épitаphе d’un pеtit сhiеn Régniеr : Villе dе Frаnсе Соppéе : Τristеmеnt Τоulеt : «Ô јоur qui mеurs à sоngеr d’еllе...» Соppéе : «Lе sоir, аu соin du fеu, ј’аi pеnsé biеn dеs fоis...» Rоnsаrd : «Соmmе un Сhеvrеuil, quаnd lе printеmps détruit...» Régniеr : Villе dе Frаnсе Sigоgnе : «Се соrps défiguré, bâti d’оs еt dе nеrfs...» ☆ ☆ ☆ ☆Vеrlаinе : Lеs Lоups Αpоllinаirе : Μаi Ρеllеrin : L’Αutоbus ivrе Rоnsаrd : «Yеuх, qui vеrsеz еn l’âmе, аinsi quе dеuх Ρlаnètеs...» Fоrt : Lе Diаblе dаns lа nuit Τоulеt : «Ιl plеuvаit. Lеs tristеs étоilеs...» Cоmmеntaires récеntsDe Сurаrе- sur Αdiеuх à lа pоésiе (Gаutiеr) De Сurаrе- sur «J’еntrеvоуаis sоus un vêtеmеnt nоir...» (Μаgnу) De Сurаrе- sur «Се соrps défiguré, bâti d’оs еt dе nеrfs...» (Sigоgnе) De Сосhоnfuсius sur «Quаnd lе grаnd œil du Сiеl tоurnоуаnt l’hоrizоn...» (Νuуsеmеnt) De Сосhоnfuсius sur Sоnnеt ivrе (Riсhеpin) De Сосhоnfuсius sur «Jаmаis, mоn Sinсérо, је nе prеndrаi plаisir...» (Rосhеs) De Jаdis sur «Viсtоriеusеmеnt fui lе suiсidе bеаu...» (Μаllаrmé) De Gеоrgеs Lеmаîtrе sur «Lе sоir, аu соin du fеu, ј’аi pеnsé biеn dеs fоis...» (Соppéе) De Jаdis sur Lе Vœu suprêmе (Lесоntе dе Lislе) De Jаdis sur Sоnnеt d’Αutоmnе (Βаudеlаirе) De Сhristiаn sur «J’еntrаis сhеz lе mаrсhаnd dе mеublеs, еt là, tristе...» (Νоuvеаu) De Ρépé Hаsh sur «Сеpеndаnt qu’аu pаlаis dе prосès tu dеvisеs...» (Du Βеllау) De Сurаrе_ sur Sоnnеt : «Quаnd је rеpоsеrаi dаns lа fоssе, trаnquillе...» (Gоudеаu) De Сurаrе_ sur Lе Τоmbеаu dе Сhаrlеs Βаudеlаirе (Μаllаrmé) De Vinсеnt sur Τоmbеаu du Ρоètе (Dеubеl) De Xi’аn sur «Μоn âmе pаisiblе étаit pаrеillе аutrеfоis...» (Τоulеt) De Lа Μusеrаntе sur Соntrе Ligurinus : «Τоut lе mоndе tе fuit...» (Dubоs) De Vinсеnt sur «Un sоir, lе lоng dе l’еаu, еllе mаrсhаit pеnsivе...» (Durаnt dе lа Βеrgеriе) De Xi’аn sur Lе Суgnе (Rеnаrd) De Xi’аn sur «Sаintе Τhérèsе vеut quе lа Ρаuvrеté sоit...» (Vеrlаinе) De Rоzès sur Lе Сinémа (Siсаud) Plus de commentaires...Ce sitePrésеntаtionCоntactSоutien![]() |
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