Lautréamont(1846-1870) D’autrеs pоèmеs :Lеs gémissеmеnts pоétiquеs dе се sièсlе... Ιl у еn а qui éсrivеnt pоur rесhеrсhеr lеs аpplаudissеmеnts humаins... J’étаblirаi dаns quеlquеs lignеs соmmеnt Μаldоrоr... Lесtеur, с’еst pеut-êtrе lа hаinе quе tu vеuх quе ј’invоquе... Ρlût аu сiеl quе lе lесtеur... Lеs mаgаsins dе lа ruе Viviеnnе... Αvаnt d’еntrеr еn mаtièrе, је trоuvе stupidе... оu еncоrе :Unе pоtеnсе s’élеvаit sur lе sоl... S’il еst quеlquеfоis lоgiquе... Quаnd unе fеmmе, à lа vоiх dе sоprаnо... Là, dаns un bоsquеt еntоuré dе flеurs, dоrt l’hеrmаphrоditе...
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LautréamontLes Chants de Maldoror, 1869 ![]()
Il est minuit ; on ne voit plus un seul omnibus de la Bastille à la
Madeleine. Je me trompe ; en voilà un qui apparaît subitement, comme s’il
sortait de dessous terre. Les quelques passants attardés le regardent
attentivement ; car il paraît ne ressembler à aucun autre. Sont assis,
à l’impériale, des hommes qui ont l’œil immobile, comme celui d’un
poisson mort. Ils sont pressés les uns contre les autres, et paraissent
avoir perdu la vie ; au reste, le nombre réglementaire n’est pas dépassé.
Lorsque le cocher donne un coup de fouet à ses chevaux, on dirait que
c’est le fouet qui fait remuer son bras, et non son bras le fouet.
Que doit être cet assemblage d’êtres bizarres et muets ? Sont-ce des
habitants de la lune ? Il y a des moments où on serait tenté de le
croire ; mais, ils ressemblent plutôt à des cadavres. L’omnibus, pressé
d’arriver à la dernière station, dévore l’espace et fait craquer le pavé...
Il s’enfuit !... Mais, une masse informe le poursuit avec acharnement,
sur ses traces, au milieu de la poussière. « Arrêtez, je vous en supplie ;
arrêtez... mes jambes sont gonflées d’avoir marché pendant la journée...
je n’ai pas mangé depuis hier... mes parents m’ont abandonné... je
ne sais plus que faire... je suis résolu de retourner chez moi, et j’y
serais vite arrivé, si vous m’accordiez une place... je suis un petit
enfant de huit ans, et j’ai confiance en vous... » Il s’enfuit !... Il
s’enfuit !... Mais, une masse informe le poursuit avec acharnement, sur
ses traces, au milieu de la poussière. Un de ces hommes, à l’œil froid,
donne un coup de coude à son voisin, et paraît lui exprimer son
mécontentement de ces gémissements, au timbre argentin, qui parviennent
jusqu’à son oreille. L’autre baisse la tête d’une manière imperceptible,
en forme d’acquiescement, et se replonge ensuite dans l’immobilité de
son égoïsme, comme une tortue dans sa carapace. Tout indique dans les
traits des autres voyageurs les mêmes sentiments que ceux des deux
premiers. Les cris se font encore entendre pendant deux ou trois
minutes, plus perçants de seconde en seconde. L’on voit des fenêtres
s’ouvrir sur le boulevard, et une figure effarée, une lumière à la main,
après avoir jeté les yeux sur la chaussée, refermer le volet avec
impétuosité, pour ne plus reparaître... Il s’enfuit !... Il s’enfuit !...
Mais, une masse informe le poursuit avec acharnement, sur ses traces, au
milieu de la poussière. Seul, un jeune homme, plongé dans la rêverie, au
milieu de ces personnages de pierre, paraît ressentir de la pitié pour
le malheur. En faveur de l’enfant, qui croit pouvoir l’atteindre, avec
ses petites jambes endolories, il n’ose pas élever la voix ; car les
autres hommes lui jettent des regards de mépris et d’autorité, et il
sait qu’il ne peut rien faire contre tous. Le coude appuyé sur ses
genoux et la tête entre ses mains, il se demande, stupéfait, si c’est là
vraiment ce qu’on appelle la charité humaine. Il reconnaît alors que
ce n’est qu’un vain mot, qu’on ne trouve plus même dans le dictionnaire
de la poésie, et avoue avec franchise son erreur. Il se dit : « En effet,
pourquoi s’intéresser à un petit enfant ? Laissons-le de côté. »
Cependant, une larme brûlante a roulé sur la joue de cet adolescent, qui
vient de blasphémer. Il passe péniblement la main sur son front, comme
pour en écarter un nuage dont l’opacité obscurcit son intelligence. Il
se démène, mais en vain, dans le siècle où il a été jeté ; il sent qu’il
n’y est pas à sa place, et cependant il ne peut en sortir. Prison
terrible ! Fatalité hideuse ! Lombano, je suis content de toi depuis ce
jour ! Je ne cessais pas de t’observer, pendant que ma figure respirait
la même indifférence que celle des autres voyageurs. L’adolescent se
lève, dans un mouvement d’indignation, et veut se retirer, pour ne pas
participer, même involontairement, à une mauvaise action. Je lui fais un
signe, et il se remet à mon côté... Il s’enfuit ! Il s’enfuit !... Mais
une masse informe le poursuit avec acharnement, sur ses traces, au
milieu de la poussière. Les cris cessent subitement, car l’enfant a
touché du pied contre un pavé en saillie, et s’est fait une blessure
à la tête, en tombant. L’omnibus a disparu à l’horizon et l’on ne voit
plus que la rue silencieuse... Il s’enfuit !... Il s’enfuit !... Mais une
masse informe ne le poursuit plus avec acharnement, sur ses traces, au
milieu de la poussière. Voyez ce chiffonnier qui passe, courbé sur sa
lanterne pâlotte ; il y a en lui plus de cœur que dans tous ses pareils
de l’omnibus. Il vient de ramasser l’enfant ; soyez sûr qu’il le guérira
et ne l’abandonnera pas, comme ont fait ses parents. Il s’enfuit !... Il
s’enfuit !... Mais, de l’endroit où il se trouve, le regard perçant du
chiffonnier le poursuit avec acharnement, sur ses traces, au milieu de
la poussière !... Race stupide et idiote ! Tu te repentiras de te conduire
ainsi. C’est moi qui te le dis. Tu t’en repentiras, va ! tu t’en
repentiras. Ma poésie ne consistera qu’à attaquer, par tous les moyens,
l’homme, cette bête fauve, et le Créateur, qui n’aurait pas dû engendrer
une pareille vermine. Les volumes s’entasseront sur les volumes, jusqu’à
la fin de ma vie, et cependant, l’on n’y verra que cette seule idée,
toujours présente à ma conscience !
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