Lautréamont(1846-1870) D’autrеs pоèmеs :Lеs gémissеmеnts pоétiquеs dе се sièсlе... Ιl у еn а qui éсrivеnt pоur rесhеrсhеr lеs аpplаudissеmеnts humаins... J’étаblirаi dаns quеlquеs lignеs соmmеnt Μаldоrоr... Lесtеur, с’еst pеut-êtrе lа hаinе quе tu vеuх quе ј’invоquе... Ρlût аu сiеl quе lе lесtеur... Lеs mаgаsins dе lа ruе Viviеnnе... Αvаnt d’еntrеr еn mаtièrе, је trоuvе stupidе... оu еncоrе :Vоus, dоnt lе саlmе еnviаblе... Τrеmdаll а tоuсhé lа mаin pоur lа dеrnièrе fоis... Jе vоуаis, dеvаnt mоi, un оbјеt dеbоut sur un tеrtrе... С’еst un hоmmе оu unе piеrrе оu un аrbrе... Unе fаmillе еntоurе unе lаmpе pоséе sur lа tаblе...
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LautréamontLes Chants de Maldoror, 1869 ![]()
Écoutez les pensées de mon enfance, quand je me réveillais, humains,
à la verge rouge : « Je viens de me réveiller ; mais, ma pensée est encore
engourdie. Chaque matin, je ressens un poids dans la tête. Il est rare
que je trouve le repos dans la nuit ; car, des rêves affreux me
tourmentent, quand je parviens à m’endormir. Le jour, ma pensée se
fatigue dans des méditations bizarres, pendant que mes yeux errent au
hasard dans l’espace ; et, la nuit, je ne peux pas dormir. Quand faut-il
alors que je dorme ? Cependant la nature a besoin de réclamer ses droits.
Comme je la dédaigne, elle rend ma figure pâle et fait luire mes yeux
avec la flamme aigre de la fièvre. Au reste, je ne demanderais pas mieux
que de ne pas épuiser mon esprit à réfléchir continuellement ; mais,
quand même je ne le voudrais pas, mes sentiments consternés m’entraînent
invinciblement vers cette pente. Je me suis aperçu que les autres
enfants sont comme moi ; mais, ils sont plus pâles encore, et leurs
sourcils sont froncés, comme ceux des hommes, nos frères aînés. Ô
Créateur de l’univers, je ne manquerai pas, ce matin, de t’offrir
l’encens de ma prière enfantine. Quelquefois je l’oublie, et j’ai
remarqué que, ces jours-là, je me sens plus heureux qu’à l’ordinaire ;
ma poitrine s’épanouit, libre de toute contrainte, et je respire, plus
à l’aise, l’air embaumé des champs ; tandis que, lorsque j’accomplis le
pénible devoir, ordonné par mes parents, de t’adresser quotidiennement
un cantique de louanges, accompagné de l’ennui inséparable que me cause
sa laborieuse invention, alors, je suis triste et irrité, le reste de la
journée, parce qu’il ne me semble pas logique et naturel de dire ce que
je ne pense pas, et je recherche le recul des immenses solitudes. Si je
leur demande l’explication de cet état étrange de mon âme, elles ne me
répondent pas. Je voudrais t’aimer et t’adorer ; mais, tu es trop
puissant, et il y a de la crainte dans mes hymnes. Si, par une seule
manifestation de ta pensée, tu peux détruire ou créer des mondes, mes
faibles prières ne te seront pas utiles ; si, quand il te plaît, tu
envoies le choléra ravager les cités, ou la mort emporter dans ses
serres, sans aucune distinction, les quatre âges de la vie, je ne veux
pas me lier avec un ami si redoutable. Non pas que la haine conduise le
fil de mes raisonnements ; mais, j’ai peur, au contraire, de ta propre
haine, qui, par un ordre capricieux, peut sortir de ton cœur et devenir
immense, comme l’envergure du condor des Andes. Tes amusements
équivoques ne sont pas à ma portée, et j’en serais probablement la
première victime. Tu es le Tout-Puissant ; je ne te conteste pas ce
titre, puisque, toi seul, as le droit de le porter, et que tes désirs,
aux conséquences funestes ou heureuses, n’ont de terme que toi-même.
Voilà précisément pourquoi il me serait douloureux de marcher à côté de
ta cruelle tunique de saphir, non pas comme ton esclave, mais pouvant
l’être d’un moment à l’autre. Il est vrai que, lorsque tu descends en
toi-même, pour scruter ta conduite souveraine, si le fantôme d’une
injustice passée, commise envers cette malheureuse humanité, qui t’a
toujours obéi, comme ton ami le plus fidèle, dresse, devant toi, les
vertèbres immobiles d’une épine dorsale vengeresse, ton œil hagard
laisse tomber la larme épouvantée du remords tardif, et qu’alors, les
cheveux hérissés, tu crois, toi-même, prendre, sincèrement, la
résolution de suspendre, à jamais, aux broussailles du néant, les jeux
inconcevables de ton imagination de tigre, qui serait burlesque, si elle
n’était pas lamentable ; mais, je sais aussi que la constance n’a pas
fixé, dans tes os, comme une moelle tenace, le harpon de sa demeure
éternelle, et que tu retombes assez souvent, toi et tes pensées,
recouvertes de la lèpre noire de l’erreur, dans le lac funèbre des
sombres malédictions. Je veux croire que celles-ci sont inconscientes
(quoiqu’elles n’en renferment pas moins leur venin fatal), et que le mal
et le bien, unis ensemble, se répandent en bonds impétueux de ta royale
poitrine gangrénée, comme le torrent du rocher, par le charme secret
d’une force aveugle ; mais, rien ne m’en fournit la preuve. J’ai vu, trop
souvent, tes dents immondes claquer de rage, et ton auguste face,
recouverte de la mousse des temps, rougir, comme un charbon ardent, à
cause de quelque futilité microscopique que les hommes avaient commise,
pour pouvoir m’arrêter, plus longtemps, devant le poteau indicateur de
cette hypothèse bonasse. Chaque jour, les mains jointes, j’élèverai vers
toi les accents de mon humble prière, puisqu’il le faut ; mais, je t’en
supplie, que ta providence ne pense pas à moi ; laisse-moi de côté, comme
le vermisseau qui rampe sous la terre. Sache que je préférerais me
nourrir avidement des plantes marines d’îles inconnues et sauvages, que
les vagues tropicales entraînent, au milieu de ces parages, dans leur
sein écumeux, que de savoir que tu m’observes, et que tu portes, dans ma
conscience, ton scalpel qui ricane. Elle vient de te révéler la totalité
de mes pensées, et j’espère que ta prudence applaudira facilement au bon
sens dont elles gardent l’ineffaçable empreinte. À part ces réserves
faites sur le genre de relations plus ou moins intimes que je dois
garder avec toi, ma bouche est prête, à n’importe quelle heure du jour,
à exhaler, comme un souffle artificiel, le flot de mensonges que ta
gloriole exige sévèrement de chaque humain, dès que l’aurore s’élève
bleuâtre, cherchant la lumière dans les replis de satin du crépuscule,
comme, moi, je recherche la bonté, excité par l’amour du bien. Mes
années ne sont pas nombreuses, et, cependant, je sens déjà que la bonté
n’est qu’un assemblage de syllabes sonores ; je ne l’ai trouvée nulle
part. Tu laisses trop percer ton caractère ; il faudrait le cacher avec
plus d’adresse. Au reste, peut-être que je me trompe et que tu fais
exprès ; car, tu sais mieux qu’un autre comment tu dois te conduire. Les hommes,
eux, mettent leur gloire à t’imiter ; c’est pourquoi la bonté sainte ne
reconnaît pas son tabernacle dans leurs yeux farouches : tel père, tel
fils. Quoi qu’on doive penser de ton intelligence, je n’en parle que
comme un critique impartial. Je ne demande pas mieux que d’avoir été
induit en erreur. Je ne désire pas te montrer la haine que je te porte
et que je couve avec amour, comme une fille chérie ; car, il vaut mieux
la cacher à tes yeux et prendre seulement, devant toi, l’aspect d’un
censeur sévère, chargé de contrôler tes actes impurs. Tu cesseras
ainsi tout commerce actif avec elle, tu l’oublieras et tu détruiras
complètement cette punaise avide qui ronge ton foie. Je préfère plutôt
te faire entendre des paroles de rêverie et de douceur... Oui, c’est
toi qui as créé le monde et tout ce qu’il renferme. Tu es parfait.
Aucune vertu ne te manque. Tu es très puissant, chacun le sait. Que
l’univers entier entonne, à chaque heure du temps, ton cantique éternel !
Les oiseaux te bénissent, en prenant leur essor dans la campagne. Les
étoiles t’appartiennent... Ainsi soit-il ! » Après ces commencements,
étonnez-vous de me trouver tel que je suis !
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