Lamartine

Méditations poétiques, 1820


Chants lyriques de Saül

Imitation des psaumes de David


Je répandrai mon âme au seuil du sanctuaire !
Seigneur, dans ton nom seul je mettrai mon espoir ;
Mes cris t’éveilleront, et mon humble prière
S’élèvera vers toi, comme l’encens du soir !
 
Dans quel abaissement ma gloire s’est perdue !
J’erre sur la montagne ainsi qu’un passereau ;
Et par tant de rigueurs mon âme confondue,
Mon âme est devant toi, comme un désert sans eau.
 
Pour mes fiers ennemis ce deuil est une fête.
Ils se montrent, Seigneur, ton Christ humilié.
Le voilà, disent-ils : ses dieux l’ont oublié ;
Et Moloch en passant a secoué la tête
                Et souri de pitié !
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
 
Seigneur, tendez votre arc ; levez-vous, jugez-moi !
Remplissez mon carquois de vos flèches brûlantes !
Que des hauteurs du ciel vos foudres dévorantes
Portent sur eux la mort qu’ils appelaient sur moi !
 
Dieu se lève, il s’élance, il abaisse la voûte
De ces cieux éternels ébranlés sous ses pas ;
Le soleil et la foudre ont éclairé sa route ;
Ses anges devant lui font voler le trépas.
 
Le feu de son courroux fait monter la fumée,
Son éclat a fendu les nuages des cieux ;
                La terre est consumée
                D’un regard de ses yeux.
 
          Il parle ; sa voix foudroyante
          A fait chanceler d’épouvante
Les cèdres du Liban, les rochers des déserts ;
Le Jourdain montre à nu sa source reculée ;
                De la terre ébranlée
                Les os sont découverts.
 
Le Seigneur m’a livré la race criminelle
          Des superbes enfants d’Ammon.
Levez-vous, ô Saül ! et que l’ombre éternelle
          Engloutisse jusqu’à leur nom !
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
 
Que vois-je ? vous tremblez, orgueilleux oppresseurs !
                Le héros prend sa lance,
                Il l’agite, il s’élance ;
                À sa seule présence,
La terreur de ses yeux a passé dans vos cœurs !
 
Fuyez !... il est trop tard ! sa redoutable épée
Décrit autour de vous un cercle menaçant,
En tout lieu vous poursuit, en tout lieu vous attend,
Et déjà mille fois dans votre sang trempée,
          S’enivre encor de votre sang.
 
                Son coursier superbe
                Foule comme l’herbe
                Les corps des mourants ;
                Le héros l’excite,
                Et le précipite
                À travers les rangs ;
                Les feux l’environnent,
                Les casques résonnent
                Sous ses pieds sanglants :
                Devant sa carrière
                Cette foule altière
                Tombe tout entière
                Sous ses traits brûlants,
                Comme la poussière
                Qu’emportent les vents.
 
          Où sont ces fiers Ismaélites,
Ces enfants de Moab, cette race d’Édom ?
          Iduméens, guerriers d’Ammon ;
Et vous, superbes fils de Tyr et de Sidon,
          Et vous, cruels Amalécites ?
 
Les voilà devant moi comme un fleuve tari,
Et leur mémoire même a péri !
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
 
          Que de biens le Seigneur m’apprête !
Qu’il couronne d’honneurs la vieilesse du roi !
Ephraïm, Manassé, Galaad, sont à moi ;
Jacob, mon bouclier, est l’appui de ma tête.
Que de biens le Seigneur m’apprête !
Qu’il couronne d’honneurs la vieillesse du roi !
 
          Des bords où l’aurore se lève
          Aux bords où le soleil s’achève
          Son cours tracé par l’Éternel,
L’opulente Saba, la grasse Éthiopie,
La riche mer de Tyr, les déserts d’Arabie,
          Adorent le roi d’Israël.
 
Peuples, frappez des mains, le roi des rois s’avance,
Il monte, il s’est assis sur son trône éclatant ;
Il pose de Sion l’éternel fondement ;
La montagne frémit de joie et d’espérance.
Peuples, frappez des mains, le roi des rois s’avance,
Il pose de Sion l’éternel fondement.
 
          De sa main pleine de justice,
Il verse aux nations l’abondance et la paix.
Réjouis-toi, Sion, sous ton ombre propice,
Ainsi que le palmier qui parfume Cadès,
La paix et l’équité fleurissent à jamais.
          De sa main pleine de justice,
Il verse aux nations l’abondance et la paix.
 
Dieu chérit de Sion les sacrés tabernacles
          Plus que les tentes d’Israël ;
Il y fait sa demeure, il y rend ses oracles,
Il y fait éclater sa gloire et ses miracles ;
Sion, ainsi que lui ton nom est immortel.
Dieu chérit de Sion les sacrés tabernacles
          Plus que les tentes d’Israël.
 
          C’est là qu’un jour vaut mieux que mille ;
C’est là qu’environné de la troupe docile
De ses nombreux enfants, sa gloire et son appui,
Le roi vieillit, semblable à l’olivier fertile
Qui voit ses rejetons fleurir autour de lui.
 

Commentaire (s)
Votre commentaire :
Nom : *
eMail : * *
Site Web :
Commentaire * :
pèRE des miséRablEs : *
* Information requise.   * Cette adresse ne sera pas publiée.
 


Mon florilège

(Tоuriste)

(Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.)

Compte lecteur

Se connecter

Créer un compte

Agora

Évаluations récеntes
☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Соuté : Lеs Соnsсrits

Hugо : Lа Légеndе dе lа Νоnnе

Drеlinсоurt : Sur l’Εnfеr

Τоulеt : «Се n’еst pаs drôlе dе mоurir...»

Αpоllinаirе : Lе Сhаt

Τоulеt : «Μоn âmе pаisiblе étаit pаrеillе аutrеfоis...»

Hugо : «Εllе étаit déсhаusséе, еllе étаit déсоifféе...»

Τоulеt : «Τоutе аllégrеssе а sоn défаut...»

Vаlérу : Сhаnsоn à pаrt

Сhéniеr : «Ô Μusеs, ассоurеz ; sоlitаirеs divinеs...»

☆ ☆ ☆ ☆

Rimbаud : Lе Μаl

Gоudеаu : Lеs Fоus

Du Βеllау : «Εspérеz-vоus quе lа pоstérité...»

Évаnturеl : Sоuvеnir

Rоllinаt : Lе Сhаssеur еn sоutаnе

Dеrèmе : «Μоn еspérаnсе étаit tоmbéе...»

Ρоnсhоn : Rоndеl : «Αh ! lа prоmеnаdе ехquisе...»

Ρоnсhоn : Сhаnsоn : «Lе јоli vin dе mоn аmi...»

Μussеt : Соnsеils à unе Ρаrisiеnnе

Vаlérу : Сhаnsоn à pаrt

Cоmmеntaires récеnts

De Сосhоnfuсius sur Unе flаmmе (Соrаn)

De Сосhоnfuсius sur Lа Μоrt dе l’Αiglе (Hеrеdiа)

De Сосhоnfuсius sur Sur l’Εnfеr (Drеlinсоurt)

De Сhristiаn sur Сrépusсulе dе dimаnсhе d’été (Lаfоrguе)

De Сurаrе- sur L’Ιndifférеnt (Sаmаin)

De Τhundеrbird sur Αgnus Dеi (Vеrlаinе)

De Сurаrе- sur À сеllеs qui plеurеnt (Dеsbоrdеs-Vаlmоrе)

De Сurаrе- sur Lа Ρаssаntе (Νеlligаn)

De Сhristiаn sur «Lе сhеmin qui mènе аuх étоilеs...» (Αpоllinаirе)

De Ιо Kаnааn sur Jоуаu mémоriаl (Sеgаlеn)

De Lilith sur «Се fut un Vеndrеdi quе ј’аpеrçus lеs Diеuх...» (Νuуsеmеnt)

De Сurаrе_ sur Lе Dоnјоn (Rоllinаt)

De Сhristiаn sur Lе Μusiсiеn dе Sаint-Μеrrу (Αpоllinаirе)

De Ιо Kаnааn sur «Αh trаîtrе Αmоur, dоnnе-mоi pаiх оu trêvе...» (Rоnsаrd)

De Jаdis sur Lе Dоrmеur du vаl (Rimbаud)

De Αlаin sur Lа Сhаpеllе аbаndоnnéе (Fоrt)

De Βеrgаud Α sur Lеs Gеnêts (Fаbié)

De Jаdis sur Lе Rоi dе Τhulé (Νеrvаl)

De Jаdis sur «Τоut n’еst plеin iсi-bаs quе dе vаinе аppаrеnсе...» (Vаlléе dеs Βаrrеаuх)

De Jеаn Luс ΡRΟFFΙΤ sur Ρrièrе dе соnfidеnсе (Ρéguу)

Plus de commentaires...

Flux RSS...

Ce site

Présеntаtion

Acсuеil

À prоpos

Cоntact

Signaler une errеur

Un pеtit mоt ?

Sоutien

Fаirе un dоn

Librairiе pоétique en lignе