|
Les Complaintes, 1885
Complainte du Sage de Paris
Aimer, uniquement, ces jupes éphémères ?
Autant dire aux soleils : fêtez vos centenaires.
Mais tu peux déguster, dans leurs jardins d’un jour,
Comme à cette dînette unique Tout concourt ;
Déguster, en menant les rites réciproques,
Les trucs Inconscients dans leur œuf, à la coque.
Soit en pontifiant, avec toute ta foi
D’Exécuteur des hautes-œuvres de la Loi ;
Soit en vivisectant ces claviers anonymes,
Pour l’art, sans espérer leur ut d’hostie ultime.
Car, crois pas que l’hostie où dort ton paradis
Sera d’une farine aux levains inédits.
Mais quoi, leurs yeux sont tout ! et puis la nappe est mise,
Et l’Orgue juvénile à l’aveugle improvise.
Et, sans noce, voyage, curieux, colis,
Cancans, et fadeur d’hôpital du même lit,
Mais pour avoir des vitraux fiers à domicile,
Vivre à deux seuls est encore le moins imbécile.
Vois-la donc, comme d’ailleurs, et loyalement,
Les passants, les mots, les choses, les firmaments.
Vendange chez les arts enfantins ; sois en fête
D’une fugue, d’un mot, d’un ton, d’un air de tête.
La science, outre qu’elle ne peut rien savoir,
Trouve, tels les ballons, l’Irrespirable Noir.
Ne force jamais tes pouvoirs de Créature,
Tout est écrit et vrai, rien n’est contre nature.
Vivre et peser selon le Beau, le Bien, le Vrai ?
Ô parfums, ô regards, ô fois ! soit, j’essaierai ;
Mais, tel Brennus avec son épée, et d’avance,
Suis-je pas dans l’un des plateaux de la balance ?
Des casiers de bureau, le Beau, le Vrai, le Bien ;
Rime et sois grand, la Loi reconnaîtra les siens.
Ah ! démaillotte-toi, mon enfant, de ces langes
D’Occident ! va faire une pleine eau dans le Gange.
La logique, la morale, c’est vite dit ;
Mais ! gisements d’instincts, virtuels paradis,
Nuit des hérédités et limbes des latences !
Actif ? passif ? ô pelouses des Défaillances,
Tamis de pores ! Et les bas-fonds sous-marins,
Infini sans foyer, forêt vierge à tous crins !
Pour voir, jetez la sonde, ou plongez sous la cloche ;
Oh ! les velléités, les anguilles sous roche,
Les polypes sournois attendant l’hameçon,
Les vœux sans état-civil, ni chair, ni poisson !
Les guanos à Geysers, les astres en syncope,
Et les métaux qui font loucher nos spectroscopes !
Une capsule éclate, un monde de facteurs
En prurit, s’éparpille assiéger les hauteurs ;
D’autres titubent sous les butins génitoires,
Ou font un feu d’enfer dans leurs laboratoires !
Allez ! laissez passer, laissez faire ; l’Amour
Reconnaîtra les siens : il est aveugle et sourd.
Car la vie innombrable va, vannant les germes
Aux concurrences des êtres sans droits, sans terme.
Vivotez et passez, à la grâce de Tout ;
Et voilà la piété, l’amour et le bon goût.
L’Inconscient, c’est l’Éden-Levant que tout saigne ;
Si la Terre ne veut sécher, qu’elle s’y baigne !
C’est la grande Nounou où nous nous aimerions
À la grâce des divines sélections.
C’est le Tout-Vrai, l’Omniversel Ombelliforme
Mancenilier, sous qui, mes bébés, faut qu’on dorme !
(Nos découvertes scientifiques étant
Ses feuilles mortes, qui tombent de temps en temps.)
Là, sur des oreillers d’étiquettes d’éthiques,
Lévite félin aux égaux ronrons lyriques,
Sans songer : « Suis-je moi ? Tout est si compliqué !
Où serais-je à présent, pour tel coche manqué ? »
Sans colère, rire, ou pathos, d’une foi pâle,
Aux riches flirtations des pompes argutiales,
Mais sans rite emprunté, car c’est bien malséant,
Sirote chaque jour ta tasse de néant ;
Lavé comme une hostie, en quelconques costumes
Blancs ou deuil, bref calice au vent qu’un rien parfume,
— « Mais, tout est un rire à la Justice ! et d’où vient
Mon cœur, ah ! mon sacré-cœur, s’il ne rime à rien ? »
— Du calme et des fleurs. Peu t’importe de connaître
Ce que tu fus, dans l’à jamais, avant de naître ?
Eh bien, que l’autre éternité qui, Très-Sans-Toi,
Grouillera, te laisse aussi pieusement froid.
Quant à ta mort, l’éclair aveugle en est en route
Qui saura te choser, va, sans que tu t’en doutes.
— « Il rit d’oiseaux, le pin dont mon cercueil viendra ! »
— Mais ton cercueil sera sa mort ! etc....
Allons, tu m’as compris. Va, que ta seule étude
Soit de vivre sans but, fou de mansuétude.
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 7 mars 2013 à 11h27Voici venir le temps des savoureux costumes
Sur les quais de la Seine, et sur les boulevards.
Le très proche printemps s’annonce au ciel blafard,
Et déjà nos jardins au matin se parfument.
Du vert par-ci par-là, quelques fleurs dans la brume,
Telles que les refont, chaque année, nos regards,
Avec un peu d’avance ou un peu de retard,
Et déjà nos oiseaux montrent leurs neuves plumes.
De ce printemps nouveau, la splendeur est en route,
Elle a mûri dehors, sans que ton coeur s’en doute.
-« Il rit d’oiseaux, le pin de la façade nord ! »
Oiseaux qui des beaux jours portent la certitude,
Dont le chant nous émeut par une plénitude
Qui nous apaise, et qui nous rend un peu plus forts. [Lien vers ce commentaire]
Votre commentaire :
|
Mon florilège
(Tоuriste)
(Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.)
Compte lecteur
Se connecter
Créer un compte
Agora
Évаluations récеntes☆ ☆ ☆ ☆ ☆Lеvеу : Jаpоn — Νаgаsаki
Lеvеу : Сôtе d’Αzur — Νiсе
Hugо
Ρéguу : L’Αvеuglе
Rоllinаt : Rоndеаu du guillоtiné
Αuvrау : À unе lаidе аmоurеusе dе l’аutеur
Gоudеzki : Sоnnеt d’Αrt Vеrt
Sullу Ρrudhоmmе : Lеs Yеuх
Rimbаud : Lеs Εffаrés
Αrnаult : Lа Fеuillе ☆ ☆ ☆ ☆Rоllinаt : L’Αmаntе mасаbrе
Vеrlаinе : «Sаintе Τhérèsе vеut quе lа Ρаuvrеté sоit...»
Rimbаud : Αlсhimiе du vеrbе
Hуspа : Lеs Éléphаnts
Lоrrаin : Débutаnt
Lе Fèvrе dе Lа Βоdеriе : «Diеu qui еst Un еn Τrоis, pаr pоids, nоmbrе, еt mеsurе...»
Hеrеdiа : Lе Ρrisоnniеr
Sаint-Αmаnt : «Αssis sur un fаgоt, unе pipе à lа mаin...»
Cоmmеntaires récеnts
De Сосhоnfuсius sur «Νе vоisе аu bаl, qui n’аimеrа lа dаnsе...» (Ρibrас) De Jаdis sur Lеs Βоuquins (Jаmmеs) De Сосhоnfuсius sur Stupеur (Lаfоrguе) De Jаdis sur «Diеu qui еst Un еn Τrоis, pаr pоids, nоmbrе, еt mеsurе...» (Lе Fèvrе dе Lа Βоdеriе) De Jаdis sur «Εllе nе pèsе pаs unе аunе dе dеntеllе...» (Sigоgnе) De Сосhоnfuсius sur L’Αngе pâlе (Rоllinаt) De Ρоéliсiеr sur «Αmоurs јumеаuх, d’unе flаmmе јumеllе...» (Ρаssеrаt) De Сurаrе- sur «Un sоir, lе lоng dе l’еаu, еllе mаrсhаit pеnsivе...» (Durаnt dе lа Βеrgеriе) De Βеn sur «Μаrgоt, еn vоus pеignаnt, је vоus pinсе sаns rirе...» (Sigоgnе) De Lеbrun sur «Jе rêvе, tаnt Ρаris m’еst pаrfоis un еnfеr...» (Соppéе) De Rоzès sur Lе Сinémа (Siсаud) De GΟUUΑUX sur «J’étаis à tоi pеut-êtrе аvаnt dе t’аvоir vu...» (Dеsbоrdеs-Vаlmоrе) De Rоzès sur Répétitiоn (Vаuсаirе) De Xi’аn sur Sоnnеt : «Νоn, quаnd biеn mêmе unе аmèrе sоuffrаnсе...» (Μussеt) De Rоzès sur Εsсlаvаgе (Τhаlу) De Сurаrе- sur Lе Lаit dеs сhаts (Guérin) De Ιо Kаnааn sur Сrоquis (Сrоs) De Сurаrе- sur À un sоt аbbé dе quаlité (Sаint-Ρаvin) De Τristаn Βеrnаrd sur Lеs Соnquérаnts (Hеrеdiа) De Lа Μusérаntе sur Sоnnеt dе Ρоrсеlаinе (Viviеn) De Dаmе dе flаmmе sur «Du tristе сœur vоudrаis lа flаmmе étеindrе...» (Sаint-Gеlаis)
Flux RSS...
Ce site
Présеntаtion
Acсuеil
À prоpos
Cоntact
Signaler une errеur
Un pеtit mоt ?
Sоutien
Fаirе un dоn
Librairiе pоétique en lignе
|