Je fuis la ville, et temples, et tous lieux
Esquels, prenant plaisir à t’ouïr plaindre,
Tu pus, et non sans force, me contraindre
De te donner ce qu’estimais le mieux.
Masques, tournois, jeux me sont ennuyeux,
Et rien sans toi de beau ne me puis peindre ;
Tant que, tâchant à ce désir éteindre,
Et un nouvel objet faire à mes yeux,
Et des pensers amoureux me distraire,
Des bois épais suis le plus solitaire.
Mais j’aperçois, ayant erré maint tour,
Que si je veux de toi être délivre,
Il me convient hors de moi-même vivre ;
Ou fais encor que loin sois en séjour.
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 10 février 2021 à 18h42
Manoir des utopistes
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Cet édifice est en un plaisant lieu,
Bien loin de nous l’idée de nous en plaindre ;
Nous y vivons sans guère nous contraindre,
Tout est facile, et tout est pour le mieux.
Nous sommes tous de braves petits vieux
Dont les travers sont amusants à peindre ;
De travailler nous ne savons pas feindre,
Ne pas agir, c’est correct, à nos yeux.
La muse vient jusqu’ici nous distraire,
Mais d’autres jours, nous restons solitaires.
Heureux aussi d’attendre son retour.
Les soirs d’hiver, la rime nous enivre,
Car c’est cela, vraiment, qui nous fait vivre ;
Et le bon vin, disons-le sans détour.