Pourras-tu bien sur ce Théâtre voir
(Chétif Français !) les fières Tragédies
De ta Discorde ? ou mes fureurs hardies,
Bruyant, fuyant, ton faible-fort pouvoir ?
Si je me deuls, excuse mon devoir,
Ou pour mieux dire accuse tes folies,
Dont et la Terre, et la Mer sont remplies :
Faisant ta noise aux Cieux même savoir.
Jadis le monde a ployé sous tes armes,
Et toi ployant sous tes propres Gendarmes,
Tu brasses ore et ta honte, et ta mort.
Écoute donc, et d’une ire étourdie
Ne cuide éteindre ou ma plainte, ou ton sort ;
Fol est qui fait, et pense qu’on ne die.
La Jeunesse
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 6 septembre 2014 à 10h52
Je dors, je rêve : et ainsi je crois voir
Quelques pantins jouant des tragédies,
Quelques épées, quelques lances brandies,
Quelques vieux rois luttant pour le pouvoir.
Un noir criquet les rappelle au devoir ;
Un gris pluvian modère leur folie.
De leurs actions cette nuit est remplie,
Quel jeu dément, quel étrange savoir !
Comme au Guignol où je riais aux larmes
Quand le héros bâtonnait le gendarme,
Je dors, je rêve et me divertis fort.
Bien que riant, mon coeur est un peu sombre :
Il reconnaît ici son propre sort,
Lui, pauvre acteur d’un grand théâtre d’ombres.