Si quelqu’un veut savoir qui me lie et enflamme,
Qui esclave a rendu ma franche liberté
Et qui m’a asservi, c’est l’exquise beauté
D’une que jour et nuit j’invoque et je réclame.
C’est le Feu, c’est le Nœud, qui lie ainsi mon âme,
Qui embrase mon cœur et le tient garotté
D’un lien si serré de ferme loyauté
Qu’il ne saurait aimer ni servir autre Dame.
Voilà le Feu, le Nœud, qui me brûle, et étreint ;
Voilà ce qui si fort à aimer me contraint
Celle à qui j’ai voué amitié éternelle
Telle que ni le temps, ni la mort ne sauroit
Consommer ni dissoudre un lien si étroit
De la sainte union de mon amour fidèle.
Dans le vaste jardin qu’un crépuscule enflamme,
D’étranges animaux errent en liberté ;
Bicoq est par Biporc bien souvent transporté
En échange de vers, qu’alors il lui déclame.
La plus douce amitié règne entre ces deux âmes,
Car ces bons compagnons, tous les deux, sont dotés
De belle et bonne humeur, de franche loyauté
Et du sens du plaisir, vertus que rien n’entame.
La beauté du décor les charme et les étreint ;
Leur esprit libéré, que plus rien ne contraint,
En perçoit comme un goût de sagesse éternelle.
Le scibe qui les voit dit que rien ne saurait
Surpasser cet accord de volaille et goret ;
Laissons à leur bonheur ces deux amis fidèles !