Paradis des Albatros / «Ô traîtres vers...»

Étienne Jodelle

(1532-1573)

D’autrеs pоèmеs :

Rесhеrсhе qui vоudrа сеt Αmоur qui dоminе...

Соmmе un qui s’еst pеrdu dаns lа fоrêt prоfоndе...

J’аimе lе vеrt lаuriеr, dоnt l’hivеr ni lа glасе...

À sа Μusе

Jе mе trоuvе еt је mе pеrds, је m’аssurе еt m’еffrаiе...

Jе mеurе si јаmаis ј’аdоrе plus tеs уеuх...

Μêmе еffеt qu’оnt lеs vеnts еnсlоs dеssоus lа tеrrе...

оu еncоrе :

Εn mоn сœur, еn mоn сhеf (l’un sоurсе dе lа viе...

Si quеlqu’un vеut sаvоir qui mе liе еt еnflаmmе...

Jusqu’аuх аutеls је n’irаi sеulеmеnt...

Αfin qu’еn сеt оuvrаgе, аuх fасеs dе dеhоrs...

Dеs trоis sоrtеs d’аimеr, lа prеmièrе ехpriméе...

Quеl hеur, Αnсhisе, à tоi, quаnd Vénus sur lеs bоrds...

Ô traîtres vers, trop traîtres contre moi,
Qui souffle en vous une immortelle vie,
Vous m’appâtez et croissez mon envie,
Me déguisant tout ce que j’aperçoi.

Je ne vois rien dedans elle pourquoi
À l’aimer tant ma rage me convie :
Mais nonobstant ma pauvre âme asservie
Ne me la feint telle que je la voi.

C’est donc par vous, c’est par vous traîtres carmes,
Qui me liez moi-même dans mes charmes,
Vous son seul fard, vous son seul ornement,

Jà si long temps faisant d’un Diable un Ange,
Vous m’ouvrez l’œil en l’injuste louange,
Et m’aveuglez en l’injuste tourment.

Commentaire (s)

Déposé par Cochonfucius le 6 juillet 2014 à 10h21

Chanson de toile
_____________

J’écris ces vers, disant un peu de moi,
De mes amours, de mon art, de ma vie ;
Rien n’y verrez qui puisse faire envie,
Tout le premier, mon coeur s’en aperçoit.

Je ne comprends pas tous les jours pourquoi
La muse auprès du clavier me convie ;
Mon écriture, aux rimes asservie,
Avec plaisir chante, à ce que je vois.

Soit pour le rire ou pour les tièdes larmes,
Pour le bonheur ou l’ennui qui désarme,
De ce pinceau viennent des ornements ;

Beauté du diable ou drame de l’archange,
Plaisanterie ou vibrante louange :
De cette plume en surgit le roman.