Gérard d’Houville


Le Regret


 
Quand je refermerai mes grands yeux dans la mort,
Vous pleurerai-je, hélas ! amèrement, ô vie !
Et vous, âge du rire et de la fantaisie !
Et vous, ô bel amour, doux, joyeux, sombre ou fort !
 
Et vous, naïf orgueil de mon jeune visage,
Et vous, simple fraîcheur de mes bras ronds et nus,
Et vous, lointains pays, charmes ressouvenus
Du départ, du retour, et du changeant voyage !
 
Certes, de tout cela le multiple regret
Tournoiera tout au fond de ma mémoire lasse,
Long cortège masqué qui passe et qui s’efface,
Mirage, oubli, bonheur, tristesse, ombre, reflet...
 
Mais non, ce n’est pas vous, grâce de ma jeunesse,
Ni vous, ô liberté, rêve de mon cœur fier,
Que je verrai s’enfuir dans un sanglot amer,
Mais vous, mais vous ! ô chère et divine tendresse !
 
Alors qu’il me faudra pour jamais oublier,
C’est vous, c’est vous ! douceur des choses coutumières,
Vous qui resplendirez de suprême lumière,
Vous, mes humbles objets au charme familier !
 
Ce sera février, égrenant les grains d’ambre
De son beau mimosa duveteux et doré ;
Ce seront les glaïeuls de l’automne adoré
Et l’enivrante odeur des roses de novembre ;
 
Ou bien mars, mauve et rose et tout glacé, qui sent
La violette bleue et la jacinthe lisse,
La maison qui s’emplit d’un parfum de narcisse,
Plaisir renouvelé d’avril, frêle et naissant ;
 
Les pivoines de juin tout en nacre et en soie,
Gerbe claire mirée en un miroir obscur ;
Un bouquet découpant son ombre sur le mur,
L’odeur des premiers feux qui semblent feux de joie,
 
Le goût et la saveur succulente d’un fruit,
Le rayon de soleil qui me dore la joue,
Et l’heure paresseuse où le rêve se joue,
Et le petit croissant de lune dans la nuit !
 
Le beau rythme secret de deux strophes égales,
Ce qui pour d’autres cœurs est inutile et vain,
Le grand calme de l’ombre et le sommeil divin,
Les jeux des papillons et le vol des cigales ;
 
Les torrides midis de juillet étouffant,
La voix fraîche des eaux sous la verte ramure,
Et vous, chère langueur, tristesse douce et pure,
Et vous ! et vous ! et vous ! rires de mon enfant !
 

[...]

Commentaire (s)
Votre commentaire :
Nom : *
eMail : * *
Site Web :
Commentaire * :
pèRE des miséRablEs : *
* Information requise.   * Cette adresse ne sera pas publiée.
 


Mon florilège

(Tоuriste)

(Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.)

Compte lecteur

Se connecter

Créer un compte

Agora

Évаluations récеntes
☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Lа Fоntаinе : Lа Сigаlе еt lа Fоurmi

Βоilеаu : Sаtirе ΙΙ : «Rаrе еt fаmеuх еsprit, dоnt lа fеrtilе vеinе...»

Τоulеt : «Τrоttоir dе l’Élуsé’-Ρаlасе...»

Τоulеt : «Qui dirа, dаns l’оmbrе du bоis...»

Dеsbоrdеs-Vаlmоrе : Lе Ρuits dе Νоtrе Dаmе à Dоuаi

Сеndrаrs : L’Οisеаu blеu

Lесоntе dе Lislе : Αuх mоdеrnеs

Νоuvеаu : Μusulmаnеs

Τоulеt : Lа prеmièrе fоis.

Τоulеt : «Dоuсе plаgе оù nаquit mоn âmе...»

☆ ☆ ☆ ☆

Hugо : Fаblе оu Histоirе

Gоurmоnt : Lеs Fеuillеs mоrtеs

Hugо : «L’hirоndеllе аu printеmps сhеrсhе lеs viеillеs tоurs...»

Rоnsаrd : L.Μ.F.

Ρéguу : Ρаris dоublе gаlèrе

Klingsоr : Αu јаrdin dе mа tаntе

Νоuvеаu : Αvаnt-prоpоs

Vеrlаinе : Βаllаdе à prоpоs dе dеuх Οrmеаuх qu’il аvаit

Cоmmеntaires récеnts

De Сосhоnfuсius sur Lеs Μоntrеurs (Lоrrаin)

De Сосhоnfuсius sur Τsillа (Sаmаin)

De Сосhоnfuсius sur Lа Νуmphе еndоrmiе (Sсudérу)

De Сurаrе- sur «À bеаuсоup dе dаngеr еst suјеttе lа flеur...» (Сhаssignеt)

De Сhristiаn sur Lа Сhаpеllе аbаndоnnéе (Fоrt)

De Huаliаn sur Lа prеmièrе fоis. (Τоulеt)

De Сurаrе- sur «Μоn insоmniе а vu nаîtrе lеs сlаrtés grisеs...» (Gаrnеаu)

De Сurаrе- sur Lе Rоi dе Τhulé (Νеrvаl)

De Βеrgаud Α sur Lеs Gеnêts (Fаbié)

De Jаdis sur «Τоut n’еst plеin iсi-bаs quе dе vаinе аppаrеnсе...» (Vаlléе dеs Βаrrеаuх)

De Ιоhаnnеs sur Ρrièrе dе соnfidеnсе (Ρéguу)

De Lilith sur Vеrlаinе

De Μоntеrrоsо sur Lа Μоuсhе (Αpоllinаirе)

De Jаdis sur Саrоlо Quintо impеrаntе (Hеrеdiа)

De Сhristiаn sur Sоnnеt : «Un livrе n’аurаit pаs suffi...» (Ρrivаt d'Αnglеmоnt)

De Βib lа bаlеinе sur À unе mуstériеusе (Rоllinаt)

De Αlbаtrосе sur «Dоuсе plаgе оù nаquit mоn âmе...» (Τоulеt)

De Gеf sur À Μ. Α. Τ. : «Αinsi, mоn сhеr аmi, vоus аllеz dоnс pаrtir !...» (Μussеt)

De Gеf sur Villеs : «Се sоnt dеs villеs !...» (Rimbаud)

De Jаdis sur Τаblеаu (Сrоs)

De Βibоsаurе sur À Αlf. Τ. : «Qu’il еst dоuх d’êtrе аu mоndе, еt quеl biеn quе lа viе !...» (Μussеt)

Plus de commentaires...

Flux RSS...

Ce site

Présеntаtion

Acсuеil

À prоpos

Cоntact

Signaler une errеur

Un pеtit mоt ?

Sоutien

Fаirе un dоn

Librairiе pоétique en lignе