Georges Fourest

La Négresse blonde, 1909


Le Cid


              Va, je ne te hais point.
          P. CORNEILLE


Le palais de Gormaz, comte et gobernador,
est en deuil : pour jamais dort couché sous la pierre
l’hidalgo dont le sang a rougi la rapière
de Rodrigue appelé le Cid Campeador.
 
Le soir tombe. Invoquant les deux saints Paul et Pierre
Chimène, en voiles noirs, s’accoude au mirador
et ses yeux dont les pleurs ont brûlé la paupière
regardent, sans rien voir, mourir le soleil d’or...
 
Mais un éclair, soudain, fulgure en sa prunelle :
sur la plaza Rodrigue est debout devant elle !
Impassible et hautain, drapé dans sa capa,
 
le héros meurtrier à pas lents se promène :
« Dieu ! » soupire à part soi la plaintive Chimène,
« qu’il est joli garçon l’assassin de Papa ! »
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 6 juillet 2019 à 12h06

Ouroboros solipsiste
--------------------

Voici l’ouroboros qui rarement s’endort ;
C’est l’éternel gardien d’un univers de pierre
Et de sables mouvants, c’est un buveur de bière
Mais en circuit fermé, c’est un recycleur d’or.

Il fut jadis instruit par la branche d’un lierre
Dont il obtint, dit-on, sa souplesse de corps ;
Ses yeux sont recouverts d’invisibles paupières,
Il ne s’alourdit point, comme ferait un porc.

L’enivrante sagesse allume sa prunelle,
À sa muse toujours il se montre fidèle ;
Les  siècles vont leur train, mais il ne change pas.

Ce serpent casanier jamais ne se promène,
Jamais n’ira séduire une douce Chimène,
Occupé seulement d’un éternel repas.

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Déposé par Cochonfucius le 25 mars 2021 à 12h28

Bouddha du Bouscat
----------

Toujours, quand je médite, on croirait que je dors,
Saint Paul mardi dernier le disait à Saint Pierre ;
Mais en réalité, je reçois la lumière
D’un monde parallèle où le silence est d’or.

Je quitte pour un temps la terrestre poussière,
J’entends d’étranges sons qui transcendent mon corps ;
L’univers se recrée derrière mes paupières,
J’écoute du cosmos les splendides accords.

L’enivrante sagesse est tout sauf éternelle,
Mais sa chaleur emplit l’enveloppe charnelle ;
D’un voyage étonnant j’ai fait le premier pas.

(Ce Bouddha du Bouscat quelquefois se promène,
Il peut danser aussi, tel un énergumène ;
Paisibles sont ses nuits, sobres sont ses repas).

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Déposé par Ada en Héraldie le 26 mars 2021 à 22h50

Ni muse ni Morphée ne vont en ce décor,
Tout est calme, le jour repose sa poussière,
Les bulles sont montées dans le verre de bière,
Ni réponse ou besoin ne sortent de mon corps.

La lune a remué sa gibbeuse paupière
Mais finalement sous un nuage s’endort ;
Nourri par l’inertie, l’espace est sans matière,
Le silence est paré de son plus limpide or.

Ce doit être cela, la paix circonstancielle,
L’inaccessible point d’une autre parallèle,
Du monde, on sent le bord, comme en pleine pampa.

Ah, j’ai soif ; et Morphée filoute l’oxygène ;
Oh, la muse était là, qui me semblait lointaine,
Elle mérite un toast et mon mea culpa.

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Déposé par Jadis le 27 mars 2021 à 20h28


Chimène, après huit jours passés au Salvador,
S’étant bien fait suer, en eut ras la soupière ;
Et, ayant enfilé sa plus belle guêpière,
Reflua rapidos vers son Campeador.

Mais au dernier moment, son cœur se fit de pierre :
Dans le petit salon, au fond du corridor,
Le fourbe badinait avec la poissonnière,
Et, jovial, se tapait un homard thermidor.

Ah Ciel ! ¡Coño! ¡Cabrón! s’égosilla la belle ;
C’est ainsi qu’à tes vœux tu te montres fidèle !
Et de ses petits poings, Chimène le tapa.

Mais ce Rodrigue était bon comme la romaine ;
Et comme on arrivait au bout de la semaine,
Il lui offrit, grand prince, une barbe à papa.

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