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J’appris à chanter en allant à l’école :
Les enfants joyeux aiment tant les chansons !
Ils vont les crier au passereau qui vole ;
Au nuage, au vent, ils portent la parole,
Tout légers, tout fiers de savoir des leçons.
La blanche fileuse à son rouet penchée
Ouvrait ma jeune âme avec sa vieille voix.
Lorsque j’écoutais, toute lasse et fâchée,
Toute buissonnière en un saule cachée,
Pour mon avenir ces thèmes d’autrefois.
Elle allait chantant d’une voix affaiblie,
Mêlant la pensée au lin qu’elle allongeait,
Courbée au travail comme un pommier qui plie,
Oubliant son corps d’où l’âme se délie ;
Moi, j’ai retenu tout ce qu’elle songeait :
— « Ne passez jamais devant l’humble chapelle
Sans y rafraîchir les rayons de vos yeux.
Pour vous éclairer c’est Dieu qui vous appelle ;
Son nom dit le monde à l’enfant qui l’épèle,
Et c’est, sans mourir, une visite aux cieux.
« Ce nom comme un feu mûrira vos pensées,
Semblable au soleil qui mûrit les blés d’or ;
Vous en formerez des gerbes enlacées,
Pour les mettre un jour sous vos têtes lassées
Comme un faible oiseau qui chante et qui s’endort.
« N’ouvrez pas votre aile aux gloires défendues ;
De tous les lointains juge-t-on la couleur ?
Les voix sans écho sont les mieux entendues ;
Dieu tient dans sa main les clefs qu’on croit perdues ;
De tous les secrets lui seul sait la valeur.
« Quand vous respirez un parfum délectable
Ne demandez pas d’où vient ce souffle pur.
Tout parfum descend de la divine table ;
L’abeille en arrive, artiste infatigable,
Et son miel choisi tombe aussi de l’azur.
« L’été, lorsqu’un fruit fond sous votre sourire,
Ne demandez pas : Ce doux fruit, qui l’a fait ?
Vous direz : C’est Dieu, Dieu par qui tout respire !
En piquant le mil l’oiseau sait bien le dire.
Le chanter aussi par un double bienfait.
« Si vous avez peur lorsque la nuit est noire,
Vous direz : Mon Dieu, je vois clair avec vous :
Vous êtes la lampe au fond de ma mémoire,
Vous êtes la nuit, voilé dans votre gloire.
Vous êtes le jour, et vous brillez pour nous !
« Si vous rencontrez un pauvre sans baptême,
Donnez-lui le pain que l’on vous a donné.
Parlez-lui d’amour comme on fait à vous-même ;
Dieu dira : C’est bien ! Voilà l’enfant que j’aime ;
S’il s’égare un jour, il sera pardonné.
« Voyez-vous passer dans sa tristesse amère
Une femme seule et lente à son chemin,
Regardez-la bien, et dites : C’est ma mère,
Ma mère qui souffre ! — Honorez sa misère,
Et soutenez-la du cœur et de la main.
« Enfin, faites tant et si souvent l’aumône,
Qu’à ce doux travail ardemment occupé,
Quand vous vieillirez, — tout vieillit. Dieu l’ordonne —
Quelque ange en passant vous touche et vous moissonne.
Comme un lys d’argent pour la Vierge coupé.
« Les ramiers s’en vont où l’été les emmène,
L’eau court après l’eau qui court sans s’égarer,
Le chêne grandit sous le bras du grand chêne,
L’homme revient seul où son cœur le ramène,
Où les vieux tombeaux l’attirent pour pleurer. »
— J’appris tous ces chants en allant à l’école :
Les enfants joyeux aiment tant les chansons !
Ils vont les crier au passereau qui vole ;
Au nuage, au vent, ils portent la parole,
Tout légers, tout fiers de savoir des leçons.

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