Charles Cros


Sonnet


 

                           
À Ulysse Rocq, peintre.


Vent d’été, tu fais les femmes plus belles
En corsage clair, que les seins rebelles
Gonflent. Vent d’été, vent des fleurs, doux rêve
Caresse un tissu qu’un beau sein soulève.
 
Dans les bois, les champs, corolles, ombelles
Entourent la femme ; en haut, les querelles
Des oiseaux, dont la romance est trop brève,
Tombent dans l’air chaud. Un moment de trêve.
 
Et l’épine rose a des odeurs vagues,
La rose de mai tombe de sa tige,
Tout frémit dans l’air, chant d’un doux vertige.
 
Quittez votre robe et mettez des bagues ;
Et montrez vos seins, éternel prodige.
Baisons-nous, avant que mon sang se fige.
 

Le Collier de griffes, 1908

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 24 avril 2016 à 16h29

Nef des plumitifs
---------------

La nef des plumitifs navigue sur mer belle,
Je les vois, tout le jour, tracer des textes brefs ;
Aucun d’eux ne commande, aucun d’eux n’est leur chef,
Car s’ils en avaient un, tous deviendraient rebelles.

Entre eux ne survient point l’ombre d’une querelle :
Ni sur telle façon de gouverner la nef,
Ni sur les aliments, ni sur d’autres griefs,
Car ils sont, l’un à l’autre, infiniment fidèles.

Ils grimpent sur les mâts, sans craindre le vertige,
Disant que chaque plume est la robuste tige
Qui peut porter sans fin le poids d’un homme fort ;

Puis ils ont, pour leur tâche, un respect véritable,
Si vous en voyez un qui n’est plus à sa table,
Ses braves compagnons vous diront qu’il est mort.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 28 janvier 2021 à 13h47

Papillon sybarite
----------

Cet insecte me dit que la nature est belle,
Il l’écrit joliment, dans un poème bref ;
Il est fort satisfait de n’avoir pas de chef,
Car c’est ce qui convient à son esprit rebelle.

Lui qui avec les gens jamais ne se querelle,
Dans l’air il danse mieux que les aéronefs ;
La fourmi contre lui n’a jamais de griefs,
Il est pour ses pareils un compagnon fidèle.

Il vole sans jamais connaître le vertige,
Il parle avec les fleurs qui dansent sur leur tige ;
Il est tranquille et sobre, et cela le rend fort.

Tu peux bien le traiter d’artiste véritable,
Carl von Linné nous dit que c’est incontestable,
Il se prend pour cet être, en rêve, quand il dort.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Jadis le 18 avril 2022 à 15h15


La détresse au ventre
------------------------------

Traînant ma besace et mon escabelle,
Je cherche ma chance au fond des poubelles ;
Mon ventre gargouille et le cœur me crève,
Je trébuche, tombe, et puis me relève.

De ma faible voix, j’implore et je bêle,
Nourri de luzerne et de sauterelles ;
Du pavé brutal jusque sur les grèves,
Douloureusement, je quête sans trêve.

Ascète efflanqué, moine gyrovague,
J’erre seul, épais comme un coton-tige ;
Mon pas chancelant manque de prestige.

Mais rassurez-vous, tout ça c’est des blagues :
Je vais m’empiffrer du rôt que j’exige
Chaque soir de ma Vénus callipyge.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 20 octobre 2022 à 11h23

Papillon d’octobre
----------

L’automne est avancé, mais la lumière est belle,
Je n’en profiterai que pour un temps trop bref ;
Le vieux nocher du Styx me prendra dans sa nef,
Mon âme à ce sujet jamais ne se rebelle.

Aucun insecte avec les dieux ne se querelle,
Nous les reconnaissons pour maîtres et pour chefs ;
Une abeille contre eux n’a jamais de griefs,
Elle qui se conduit en servante fidèle.

En attendant ce jour, je plane et je voltige,
Je m’élève au zénith sans craindre le vertige ;
J’aime une jeune muse, et cela me rend fort.

Je l’entend fredonner des chants inimitables,
Je les apprends par coeur, cela m’est profitable ;
Je les dis doucement, dans la nuit, quand je dors.

[Lien vers ce commentaire]


Mon florilège

(Tоuriste)

(Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.)

Compte lecteur

Se connecter

Créer un compte

Agora

Évаluations récеntes
☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Βаudеlаirе : Lеs Ρlаintеs d’un Ιсаrе

Βаnvillе : À Αdоlphе Gаïffе

Du Ρеrrоn : «Αu bоrd tristеmеnt dоuх dеs еаuх...»

Βlаisе Сеndrаrs

Rоnsаrd : Dе l’Élесtiоn dе sоn Sépulсrе

Νuуsеmеnt : «Lе vаutоur аffаmé qui du viеil Ρrоméthéе...»

Lа Сеppèdе : «Сеpеndаnt lе sоlеil fоurnissаnt sа јоurnéе...»

Τоulеt : «Dаns lе silеnсiеuх аutоmnе...»

Μussеt : À Αlf. Τ. : «Qu’il еst dоuх d’êtrе аu mоndе, еt quеl biеn quе lа viе !...»

Vеrlаinе : «Lа mеr еst plus bеllе...»

☆ ☆ ☆ ☆

Βаudеlаirе : Unе сhаrоgnе

Lаfоrguе : Lе Sаnglоt univеrsеl

Сrоs : Ρituitе

Jаmmеs : Lа sаllе à mаngеr

Régniеr : Lа Lunе јаunе

Rоdеnbасh : «Αllеluiа ! Сlосhеs dе Ρâquеs !...»

Lаfоrguе : Соmplаintе d’un аutrе dimаnсhе

Vеrlаinе : Lе Dеrniеr Dizаin

Νоël : Visiоn

Cоmmеntaires récеnts

De Сосhоnfuсius sur Lе Grаnd Αrbrе (Μérаt)

De Сосhоnfuсius sur «Jе vоudrаis êtrе аinsi соmmе un Ρеnthéе...» (Gоdаrd)

De Сосhоnfuсius sur Sаintе (Μаllаrmé)

De Dаmе dе flаmmе sur Vеrlаinе

De Сurаrе- sur Sur l’Hélènе dе Gustаvе Μоrеаu (Lаfоrguе)

De Dаmе dе flаmmе sur Οisеаuх dе pаssаgе (Riсhеpin)

De Сurаrе- sur «Ιl n’еst riеn dе si bеаu соmmе Саlistе еst bеllе...» (Μаlhеrbе)

De Xi’аn sur Lе Gigоt (Ρоnсhоn)

De Jаdis sur «Lе Sоlеil l’аutrе јоur sе mit еntrе nоus dеuх...» (Rоnsаrd)

De Jаdis sur «Qu’еst-се dе vоtrе viе ? unе bоutеillе mоllе...» (Сhаssignеt)

De Dаmе dе flаmmе sur À sоn lесtеur : «Lе vоilà сеt аutеur qui sаit pinсеr еt rirе...» (Dubоs)

De Yеаts sur Ρаul-Jеаn Τоulеt

De Ιо Kаnааn sur «Μаîtrеssе, quаnd је pеnsе аuх trаvеrsеs d’Αmоur...» (Rоnsаrd)

De Rоzès sur Μédесins (Siсаud)

De Dаmе dе flаmmе sur «Hélаs ! vоiсi lе јоur quе mоn mаîtrе оn еntеrrе...» (Rоnsаrd)

De Jаdis sur «J’аdоrе lа bаnliеuе аvес sеs сhаmps еn friсhе...» (Соppéе)

De Rоzès sur Lе Сhеmin dе sаblе (Siсаud)

De Sеzоr sur «Jе vоudrаis biеn êtrе vеnt quеlquеfоis...» (Durаnt dе lа Βеrgеriе)

De KUΝG Lоuisе sur Villе dе Frаnсе (Régniеr)

De Xi’аn sur Jеhаn Riсtus

De Xi’аn sur «Épоuvаntаblе Νuit, qui tеs сhеvеuх nоirсis...» (Dеspоrtеs)

Plus de commentaires...

Flux RSS...

Ce site

Présеntаtion

Acсuеil

À prоpos

Cоntact

Signaler une errеur

Un pеtit mоt ?

Sоutien

Fаirе un dоn

Librairiе pоétique en lignе