Charles Cros

Le Collier de griffes, 1908


Sonnet


 
Je sais faire des vers perpétuels. Les hommes
Sont ravis à ma voix qui dit la vérité.
La suprême raison dont j’ai fier, hérité
Ne se payerait pas avec toutes les sommes.
 
J’ai tout touché : le feu, les femmes et les pommes ;
J’ai tout senti : l’hiver, le printemps et l’été ;
J’ai tout trouvé, nul mur ne m’ayant arrêté.
Mais Chance, dis-moi donc de quel nom tu te nommes ?
 
Je me distrais à voir à travers les carreaux
Des boutiques, les gants, les truffes et les chèques
Où le bonheur est un suivi de six zéros.
 
Je m’étonne, valant bien les rois, les évêques,
Les colonels et les receveurs généraux
De n’avoir pas de l’eau, du soleil, des pastèques.
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 17 février 2019 à 21h43

Bannière du royaume
------------------

En ce pays sont les meilleurs des hommes,
Fort braves gens, chercheurs de vérité ;
De leur lignage ils n’ont rien hérité,
N’ont jamais vu la plus modeste somme.

Ils sont heureux de cueillir une pomme,
De savourer la chaleur des étés ;
Dans leur labeur, ils savent s’arrêter ;
Quant à leur dieu, c’est Bacchus qu’ils le nomment.

Ils ont la pêche, ils sont toujours farauds
Grâce au pinard des grandes vinothèques ;
Et leur bannière est celle des héros.

Les taverniers sont pour eux des évêques,
Les charcutiers servent de généraux :
Ah, s’ils pouvaient m’accepter pour métèque !

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Déposé par Cochonfucius le 17 février 2019 à 22h02


Astre d’indifférence
---------------

Le soleil dort dans les cieux comme
Un mort en son linceul,
Brave mort qui s’en va tout seul
Ainsi que tous les hommes.

Mais sommes-nous morts à ses yeux,
Nous tous dont se déploie
Chaque jour une immense joie,
Un plaisir merveilleux ?

Buvons un verre de champagne,
Chantons ces quelques vers,
Et que rien n’aille de travers
Dans nos vertes campagnes.

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Déposé par Christian le 18 février 2019 à 08h13

L’âme que rien ne touche
Est triste faut voir comme :
Sombre est dont n’a la bouche
Encor croqué la pomme.

Moins seul le dernier homme :
Chaque soir il se couche
(Au besoin il se touche),
Au matin il se nomme
Au soleil, puis se douche.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Jadis le 20 juillet 2024 à 08h19


C’est possible, pourtant ce poème m’assomme :
Peu de chance d’atteindre à la postérité.
Je le relis, maussade et d’un œil irrité ;
Il ne me fera pas grimper aux murs, en somme.

Pas de quoi s’emballer, ni tomber dans les pommes !
Il sombrera bientôt dans les flots du Léthé ;
Pour l’applaudir, personne, et nul pour regretter
Ce sonnet à la noix, cette œuvrette à la gomme.

Non, ces vers resteront piteux sur le carreau.
De qui sont-ils, déjà ? De quelque aède tchèque ?
Pas du tout ! c’est signé fièrement Charles Cros.

Gardons-en les rayons de ma bibliothèque !
Bon, allez, je repars faire mon numéro :
Il faut se fatiguer pour gagner son biftèque. (1)

(1) En fait, je ne touche pas un radis, c’est scandaleux. Si ça continue, je vais voter NFP.

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