Charles Cros(1842-1888) D’autrеs pоèmеs :Sоnnеt : Μоi, је vis lа viе à сôté... Sоnnеt : Jе sаis fаirе dеs vеrs pеrpétuеls. Lеs hоmmеs... Jе suis un hоmmе mоrt dеpuis plusiеurs аnnéеs... Sоnnеt : Vеnt d’été, tu fаis lеs fеmmеs plus bеllеs... оu еncоrе :
|
Charles CrosLe Coffret de santal, 1873 ![]()
À Madame Mauté de Fleurville.
Il m’a fallu avoir le regard bien rapide, l’oreille bien fine, l’attention bien aiguisée,
Pour découvrir le mystère du meuble, pour pénétrer derrière les perspectives de marqueterie, pour atteindre le monde imaginaire à travers les petites glaces.
Mais j’ai enfin entrevu la fête clandestine, j’ai entendu les menuets minuscules, j’ai surpris les intrigues compliquées qui se trament dans le meuble.
On ouvre les battants, on voit comme un salon pour des insectes, on remarque les carrelages blancs, bruns et noirs en perspective exagérée.
Une glace au milieu, une glace à droite, une glace à gauche, comme les portes dans les comédies symétriques. En vérité ces glaces sont des portes ouvertes sur l’imaginaire.
Mais une solitude évidemment inaccoutumée, une propreté dont on cherche le but en ce salon où il n’y a personne, un luxe sans raison pour un intérieur où ne régnerait que la nuit. On est dupe de cela, on se dit « c’est un meuble et voilà tout », on pense qu’il n’y a rien derrière les glaces que le reflet de ce qui leur est présenté.
Insinuations qui viennent de quelque part, mensonges soufflés à notre raison par une politique voulue, ignorances où nous tiennent certains intérêts que je n’ai pas à définir.
Pourtant je n’y veux plus mettre de prudence, je me moque de ce qui peut en arriver, je n’ai pas souci des rancunes fantastiques.
Quand le meuble est fermé, quand l’oreille des importuns est bouchée par le sommeil ou remplie des bruits extérieurs, quand la pensée des hommes s’appesantit sur quelque objet positif,
Alors d’étranges scènes se passent dans le salon du meuble ; quelques personnages de taille et d’aspect insolites sortent des petites glaces ; certains groupes, éclairés par des lueurs vagues, s’agitent en ces perspectives exagérées.
Des profondeurs de la marqueterie, de derrière les colonnades simulées, du fond des couloirs postiches ménagés dans le revers des battants,
S’avancent, en toilettes surannées, avec une démarche frétillante et pour une fête d’almanach extra-terrestre, Des élégants d’une époque de rêve, des jeunes filles cherchant un établissement en cette société de reflets et enfin les vieux parents, diplomates ventrus et douairières couperosées.
Sur le mur de bois poli, accrochées on ne sait comment, les girandoles s’allument. Au milieu de la salle, pendu au plafond qui n’existe pas, resplendit un lustre surchargé de bougies roses, grosses et longues comme des cornes de limaçons. Dans des cheminées imprévues, des feux flambent comme des vers luisants.
Qui a mis là ces fauteuils, profonds comme des coques de noisettes et disposés en cercle, ces tables surchargées de rafraîchissements immatériels ou d’enjeux microscopiques, ces rideaux somptueux — et lourds comme des toiles d’araignée ?
Mais le bal commence. L’orchestre, qu’on croirait composé de hannetons, jette ses notes, pétillements et sifflements imperceptibles. Les jeunes gens se donnent la main et se font des révérences.
Peut-être même quelques baisers d’amour fictif s’échangent à la dérobée, des sourires sans idée se dissimulent sous les éventails en ailes de mouche, des fleurs fanées dans les corsages sont demandées et données en signe d’indifférence réciproque.
Combien cela dure-t-il ? Quelles causeries s’élèvent dans ces fêtes ? Où va ce monde sans substance, après la soirée ? On ne sait pas.
Puisque, si l’on ouvre le meuble, les lumières et les feux s’éteignent ; les invités, élégants, coquettes et vieux parents disparaissent pêle-mêle, sans souci de leur dignité, dans les glaces, couloirs et colonnades ; les fauteuils, les tables et les rideaux s’évaporent.
Et le salon reste vide, silencieux et propre ;
Aussi tout le monde le dit « c’est un meuble de marqueterie et voilà tout », sans se douter qu’aussitôt le regard détourné,
De petits visages narquois se hasardent à sortir des glaces symétriques, de derrière les colonnes incrustées, du fond des couloirs postiches.
Et il faut un œil particulièrement exercé, minutieux et rapide,
pour les surprendre quand ils s’éloignent en ces perspectives exagérées,
lorsqu’ils se réfugient dans les profondeurs imaginaires des petites glaces,
à l’instant où ils rentrent dans les cachettes irréelles du bois poli.
|
Mon florilège(Tоuriste) (Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.) Compte lecteurAgoraÉvаluations récеntes☆ ☆ ☆ ☆ ☆Сrоs : Lеntо Сосtеаu : Ρаuvrе Jеаn Βаudеlаirе : Βiеn lоin d’iсi Сrоs : Ιnsоumissiоn Νоаillеs : L’Εmprеintе Viviеn : Viоlеttеs blаnсhеs Du Βеllау : «Si mеs éсrits, Rоnsаrd, sоnt sеmés dе tоn lоs...» Βаudеlаirе : Sоnnеt d’Αutоmnе Jаmmеs : Jе pеnsе à vоus... Lесоntе dе Lislе : «Lе divin Βоuviеr dеs mоnts dе Ρhrуgiе...» ☆ ☆ ☆ ☆Сrоs : Sоnnеt métаphуsiquе Rimbаud : Ρrеmièrе Sоiréе Сrоs : Sоnnеt métаphуsiquе Hugо : «Hеurеuх l’hоmmе, оссupé dе l’étеrnеl dеstin...» Сhаpmаn : Αu fоnd du bоis Viаu : «Hеurеuх, tаndis qu’il еst vivаnt...» Νоuvеаu : Fillе dе fеrmе Rilkе : «Сhеmins qui nе mènеnt nullе pаrt...» Αpоllinаirе : Сlаir dе lunе Cоmmеntaires récеntsDe Сосhоnfuсius sur L’Ιndifférеnt (Sаmаin) De Сосhоnfuсius sur «Hаrdi, ј’еntrеprеndrаi dе tе rеndrе étеrnеllе...» (Αubigné) De Сосhоnfuсius sur Lе Vаl hаrmоniеuх (Hеrоld) De Jаdis sur Sоnnеt d’Αutоmnе (Βаudеlаirе) De Jаdis sur Αu fоnd du bоis (Сhаpmаn) De Сhristiаn sur «J’еntrаis сhеz lе mаrсhаnd dе mеublеs, еt là, tristе...» (Νоuvеаu) De Jаdis sur «Βоnnе аnnéе à tоutеs lеs сhоsеs...» (Gérаrd) De Сurаrе- sur Rесuеillеmеnt (Βаudеlаirе) De Сurаrе- sur «Сеpеndаnt qu’аu pаlаis dе prосès tu dеvisеs...» (Du Βеllау) De Сurаrе_ sur Sоnnеt : «Quаnd је rеpоsеrаi dаns lа fоssе, trаnquillе...» (Gоudеаu) De Сurаrе_ sur Lе Τоmbеаu dе Сhаrlеs Βаudеlаirе (Μаllаrmé) De Vinсеnt sur Τоmbеаu du Ρоètе (Dеubеl) De Xi’аn sur «Μоn âmе pаisiblе étаit pаrеillе аutrеfоis...» (Τоulеt) De Lа Μusеrаntе sur Соntrе Ligurinus : «Τоut lе mоndе tе fuit...» (Dubоs) De Vinсеnt sur «Un sоir, lе lоng dе l’еаu, еllе mаrсhаit pеnsivе...» (Durаnt dе lа Βеrgеriе) De Xi’аn sur Lе Суgnе (Rеnаrd) De Сurаrе- sur «Sаintе Τhérèsе vеut quе lа Ρаuvrеté sоit...» (Vеrlаinе) De Ρоéliсiеr sur «Αmоurs јumеаuх, d’unе flаmmе јumеllе...» (Ρаssеrаt) De Lеbrun sur «Jе rêvе, tаnt Ρаris m’еst pаrfоis un еnfеr...» (Соppéе) De Rоzès sur Lе Сinémа (Siсаud) De GΟUUΑUX sur «J’étаis à tоi pеut-êtrе аvаnt dе t’аvоir vu...» (Dеsbоrdеs-Vаlmоrе) Plus de commentaires...Ce sitePrésеntаtionCоntactSоutien![]() |
![]() |