François Coppée

Le Livre des sonnets, 1893


Ruines du cœur


 
Mon cœur était jadis comme un palais romain,
Tout construit de granits choisis, de marbres rares.
Bientôt les passions, comme un flot de barbares,
L’envahirent, la hache ou la torche à la main.
 
Ce fut une ruine alors. Nul bruit humain.
Vipères et hiboux. Terrains de fleurs avares.
Partout gisaient, brisés, porphyres et carrares ;
Et les ronces avaient effacé le chemin.
 
Je suis resté longtemps, seul, devant mon désastre.
Des midis sans soleil, des minuits sans un astre,
Passèrent, et j’ai, là, vécu d’horribles jours ;
 
Mais tu parus enfin, blanche, dans la lumière,
Et, bravement, afin de loger nos amours,
Des débris du palais j’ai bâti ma chaumière.
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 28 mars 2021 à 13h01

Planète invraisemblable
----------

Les maîtres de ces lieux ont d’innombrables mains,
C’est pour cueillir des fruits, mais les arbres sont rares ;
De la récolte ils font divers alcools barbares,
Ensuite, ils ont du mal à suivre leur chemin.

Ces monstres, me dit-on, ne sont pas inhumains,
Ils composent des vers, ils sont loin d’être avares ;
De leurs petites nefs ils tiennent bon la barre,
Ils ont enluminé cent mille parchemins.

De l’immense univers ils dressent le cadastre,
Sans oublier, surtout, leur planète et son astre ;
Une de leurs années dure quarante jours.

Ils voient mille couleurs au sein de la lumière ;
Sinople, disent-ils, compte pour la première,
La teinte du printemps, saison de leurs amours.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Ada en Héraldie le 29 mars 2021 à 22h28

Il n’y a plus de carrefour sur ce chemin,
Tout est connu, tout est vécu, grince la barre,
Il n’y a plus d’événements où l’on s’égare,
Tout est pareil et tout ressemble au lendemain.

Plus minuscule est devenu le très commun,
Trop détaillé s’est révélé le peu bizarre,
Bien étouffé s’est retrouvé le tintamarre,
Puis à la fin, plus rien ne sort de l’examen.

Quand enfin pointe un changement, c’est un désastre,
Tel un trou noir détraquant ses plus proches astres,
L’obscurité murmurant son compte à rebours.

Spleen du lundi ! Il faut gratter vers la lumière,
Rimer le rien, qui n’est pas rien comme matière,
Avec les dents ; le bon élan revient toujours.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Jadis le 10 mars 2022 à 17h34


Le barbu de Gambais
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— « Mademoiselle n’est pas de première main ! »
Ce propos déclencha un puissant tintamarre.
Dès lors, sans barguigner, j’entrai dans la bagarre ;
Elle me fustigea d’un coup de face-à-main.

Message bien reçu, et dès le lendemain,
Je parus à son huis, sans même crier gare ;
Dès qu’elle me siffla, je montai dare-dare,
Brandissant mes gâteaux et trois brins de jasmin.

Ainsi, tout un hiver, pour juste quelques piastres,
Elle fut ma princesse, et moi son Zoroastre ;
Nous fîmes la java comme à Borobudur. (1)

Elle était aguichante et un peu minaudière,
La cuisse bien tournée comme la Pompadour,
Et ses os calcinés fument dans la chaudière.


(1) Le temple de Borobudur est situé sur l’île de Java, pour ceux qui n’auraient pas suivi.

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