Guillaume Colletet


Remontrance à un Poète buveur d’eau


 
En vain, pauvre Tircis, tu te romps le cerveau
Pour parvenir au point des choses plus parfaites :
Tu ne seras jamais au rang des bons poètes,
Si, comme les oisons, tu ne bois que de l’eau.
 
Prends-moi, je t’en conjure, un trait du vin nouveau
Que le Cormié recèle en ses caves secrètes,
Tu passeras bientôt ces antiques prophètes
Qui sauvèrent leur nom de la nuit du tombeau.
 
Bien que dessus les bords d’une vive fontaine
Les Muses ay’nt choisi leur demeure certaine,
Les fines qu’elles sont pourtant n’y boivent pas.
 
Là, sous des lauriers verts, ou plutôt sous des treilles,
Le vin le plus friand préside en leur repas,
Et l’eau n’y rafraîchit jamais que les bouteilles.
 



Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 24 juin 2017 à 11h27

Maître Bouc en son azur
------------------------

Maître Bouc, exerçant son modeste cerveau,
Découvre, ici et là, une herbe assez parfaite ;
La vertu d’herboriste est celle du poète,
De celui qui sourit à son reflet dans l’eau.

Or, le rhapsode, en plus, aime le vin nouveau
Que sert Burdigala dans ses caves secrètes :
Le vin peut transformer un ermite en prophète,
Tout en le rapprochant de la nuit du tombeau.

Maître Bouc, quant à lui, préfère la fontaine,
Plutôt qu’un sombre puits dont est l’onde incertaine,
Les versificateurs pourtant n’y boivent pas.

Ces quelques mots tracés dans l’ombre de la treille
M’ont mis en appétit pour un léger repas ;
Je délaisse la plume, et je prends la bouteille.

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Déposé par pich24 le 1er août 2017 à 18h28

Un rimailleur se fait des nœuds dans le cerveau
A force de vouloir des rimes trop parfaites ;
Mais comment égaler la crème des poètes
Lorsque, couchant ses vers, il ne boit que de l’eau ?
 
Il me semble avoir vu cet aède nouveau
Poétisant ses mots en rimailles secrètes ;
Il désobéissait à la loi des prophètes,
Voulant faire surgir des vers de leur tombeau.
 
Mais sobre point n’était Monsieur de la Fontaine
La Muse des géants, la chose est bien certaine,
En tout siècles passés, sans vin ne venait pas.
 
Ô combien de chefs-d’œuvre auront produit les treilles ?
Combien de vers couchés aux nappes des repas ?
Combien la poésie est fille de bouteilles ?

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Déposé par Curare- le 1er août 2017 à 21h47

@pich24

Votre style est inimitable n’est-ce-pas ?

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Déposé par Cochonfucius le 24 juin 2023 à 15h40

Bouc gyrovague
---------

Je suis un bouc, loin d’être un veau,
Ma renommée n’est point surfaite ;
Je suis plus vaillant qu’un poète,
Et puis je n’ai pas peur de l’eau.

J’aime, cela n’est pas nouveau,
Que les chevrettes soient discrètes ;
Et que ma barbe de prophète
Leur confirme que je suis beau.

Ce que raconte La Fontaine
Provient d’une source incertaine ;
Brave lectrice, n’y crois pas.

Comme étalon, je fais merveille ;
Je tiens cela de mon papa,
Dont le fantôme sur moi veille.

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Déposé par Jadis le 6 décembre 2024 à 10h01


J’en ai, saperlipopette ! plein le dos
----------

Le ciel est bas et lourd, je gémis comme un veau,
Il pleure dans mon cœur, non, ce n’est pas la fête !
Ma boîte aux lettres reste inféconde et muette,
Les ultimes espoirs se trissent au galop.

La rose ardente gît au fond du caniveau ;
Pour la cueillir, personne, hélas ! Je le regrette ‒
Et je rentre, lugubre et la mine défaite,
Plus vexé qu’un morpion, ou que Maître Corbeau.

Comme ne l’a pas dit Monsieur de La Fontaine,
La proie reste à ce jour plus que jamais lointaine ;
Nous ne flirterons plus sous les grands catalpas.

L’amertume grandit, le fond de l’air effraye,
Mais, comme l’aurait dit sans doute mon papa,
Faudrait voir à ne pas m’échauffer les oreilles.

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