|
Paul ClaudelConnaissance de l'Est, 1907
En juin, la main armée d’un bâton tortueux, tel que le dieu Bishamon, je suis ce passant inexplicable que croise le groupe naïf de paysannes rougeaudes, et le soir, à six heures, alors que la nue d’orage dans le ciel indéfiniment continue l’escalade monstrueuse de la montagne, sur la route abîmée cet homme seul. Je ne suis allé nulle part, mes démarches sont sans but et sans profit ; l’itinéraire du soldat et du marchand, la piété de la femme stérile qui dans un espoir humilié fait sept fois le tour du saint Pic, n’ont point de rapport avec mon circuit. La piste tracée par le pas ordinaire ne séduit le mien qu’assez loin pour m’égarer, et bientôt, gêné par la confidence qu’il y a pour faire à la mousse, au cœur de ces bois, une noire feuille de camélia par la chute d’un pleur inentendu, soudain, maladroit chevreuil, je fuis, et par la solitude végétale, je guette, suspendu sur un pied, l’écho. Que le chant de ce petit oiseau me paraît frais et risible ! et que le cri là-bas de ces grolles m’agrée ! Chaque arbre a sa personnalité, chaque bestiole son rôle, chaque voix sa place dans la symphonie ; comme on dit que l’on comprend la musique, je comprends la nature, comme un récit bien détaillé qui ne serait fait que de noms propres ; au fur de la marche et du jour, je m’avance parmi le développement de la doctrine. Jadis, j’ai découvert avec délice que toutes les choses existent dans un certain accord, et maintenant cette secrète parenté par qui la noirceur de ce pin épouse là-bas la claire verdure de ces érables, c’est mon regard seul qui l’avère, et, restituant le dessein antérieur, ma visite, je la nomme une révision. Je suis l’Inspecteur de la Création, le Vérificateur de la chose présente ; la solidité de ce monde est la matière de ma béatitude ! Aux heures vulgaires nous nous servons des choses pour un usage, oubliant ceci de pur, qu’elles soient ; mais quand, après un long travail, au travers des branches et des ronces, à Midi, pénétrant historiquement au sein de la clairière, je pose ma main sur la croupe brûlante du lourd rocher, l’entrée d’Alexandre à Jérusalem est comparable à l’énormité de ma constatation. Et je marche, je marche, je marche ! Chacun renferme en soi le principe autonome de son déplacement par quoi l’homme se rend vers sa nourriture et son travail. Pour moi, le mouvement égal de mes jambes me sert à mesurer la force de plus subtils appels. L’attrait de toutes choses, je le ressens dans le silence de mon âme. Je comprends l’harmonie du monde : quand en surprendrai-je la mélodie ?
|
Mon florilège(Tоuriste) (Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.) Compte lecteurAgoraÉvаluations récеntes☆ ☆ ☆ ☆ ☆Rоnsаrd : «Jе vеuх lirе еn trоis јоurs l’Ιliаdе d’Hоmèrе...» Rоnsаrd : «Jе vеuх lirе еn trоis јоurs l’Ιliаdе d’Hоmèrе...» Du Βеllау : «Αprès аvоir lоngtеmps еrré sur lе rivаgе...» Hugо : Βооz еndоrmi Μаllаrmé : Αmiеs Μilоsz : Sоlitudе Lаmаndé : Βаtifоlаgе Lеvеу : Jаpоn — Νаgаsаki Lеvеу : Сôtе d’Αzur — Νiсе ☆ ☆ ☆ ☆Rоnsаrd : «Jе vеuх lirе еn trоis јоurs l’Ιliаdе d’Hоmèrе...» Rеnаrd : Lе Суgnе Νеlligаn : Lе Viоlоn brisé Εlskаmp : «À présеnt с’еst еnсоr Dimаnсhе...» Vеrlаinе : Fаdаisеs Vеrlаinе : Unе grаndе dаmе Lесоntе dе Lislе : Sûrуâ Rоllinаt : L’Αmаntе mасаbrе Vеrlаinе : «Sаintе Τhérèsе vеut quе lа Ρаuvrеté sоit...» Rimbаud : Αlсhimiе du vеrbе Cоmmеntaires récеntsDe Сосhоnfuсius sur Du Rоi Hеnri аu соmmеnсеmеnt dе sоn règnе (Sаint-Gеlаis) De Jаdis sur Ιl fеrа lоngtеmps сlаir се sоir... (Νоаillеs) De Сосhоnfuсius sur À Μаdаmе *** : «Jеunе аngе аuх dоuх rеgаrds, à lа dоuсе pаrоlе...» (Μussеt) De Jаdis sur L’Αmоur (Νоаillеs) De Сurаrе- sur «Sаintе Τhérèsе vеut quе lа Ρаuvrеté sоit...» (Vеrlаinе) De Jаdis sur Rеmоntrаnсе à un Ρоètе buvеur d’еаu (Соllеtеt) De Сосhоnfuсius sur À unе Dаmе сréоlе (Βаudеlаirе) De Ρоéliсiеr sur «Αmоurs јumеаuх, d’unе flаmmе јumеllе...» (Ρаssеrаt) De Сurаrе- sur «Un sоir, lе lоng dе l’еаu, еllе mаrсhаit pеnsivе...» (Durаnt dе lа Βеrgеriе) De Βеn sur «Μаrgоt, еn vоus pеignаnt, је vоus pinсе sаns rirе...» (Sigоgnе) De Lеbrun sur «Jе rêvе, tаnt Ρаris m’еst pаrfоis un еnfеr...» (Соppéе) De Rоzès sur Lе Сinémа (Siсаud) De GΟUUΑUX sur «J’étаis à tоi pеut-êtrе аvаnt dе t’аvоir vu...» (Dеsbоrdеs-Vаlmоrе) De Rоzès sur Répétitiоn (Vаuсаirе) De Xi’аn sur Sоnnеt : «Νоn, quаnd biеn mêmе unе аmèrе sоuffrаnсе...» (Μussеt) De Rоzès sur Εsсlаvаgе (Τhаlу) De Сurаrе- sur Lе Lаit dеs сhаts (Guérin) De Ιо Kаnааn sur Сrоquis (Сrоs) De Τristаn Βеrnаrd sur Lеs Соnquérаnts (Hеrеdiа) De Lа Μusérаntе sur Sоnnеt dе Ρоrсеlаinе (Viviеn) Plus de commentaires...Ce sitePrésеntаtionCоntactSоutien |