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Paul ClaudelConnaissance de l'Est, 1907
Le corbeau, comme l’horloger sur sa montre ajustant sur moi un seul œil, me verrait, minime personnage précis, une canne semblable à un dard entre les doigts, m’avancer par l’étroit sentier en remuant nettement les jambes. La campagne entre les monts qui l’enserrent est plate comme le fond d’une poêle. À ma droite et à ma gauche, c’est immensément le travail de la moisson ; on tond la terre comme une brebis. Je dispute la largeur de la sente et de mon pied à la file ininterrompue des travailleurs, ceux qui s’en vont, la sape à la ceinture, à leur champ, ceux qui s’en reviennent, ployant comme des balances sous le faix d’une double corbeille dont la forme à la fois ronde et carrée allie les symboles de la terre et du firmament. Je marche longtemps, l’étendue est close comme une chambre, l’air est sombre, et de longues fumées stagnantes surnagent, telles que le résidu de quelque bûcher barbare. Je quitte la rizière rase et les moissons de la boue, et je m’engage peu à peu dans la gorge qui se resserre. Aux champs de cannes à sucre succèdent les roseaux vains, et, les souliers à la main, je traverse à trois reprises les eaux rapides rassemblées dans le corps d’une rivière. À cet endroit où elle naît du cœur d’une quintuple vallée, j’entreprends de trouver la tête d’un des rus qui l’alimentent. L’ascension devient plus rude à mesure que le filet des cascades s’exténue. Je laisse sous moi les derniers champs de patates. Et tout-à-coup je suis entré dans un bois pareil à celui qui sur le Parnasse sert aux assemblées des Muses ! Des arbres à thé élèvent autour de moi leurs sarments contournés et, si haut que la main tendue ne peut y pénétrer, leur feuillage sombre et net. Retraite charmante ! ombrage bizarre et docte émaillé d’une floraison pérennelle ! un parfum délié qui semble, plutôt qu’émaner, survivre, flatte la narine en récréant l’esprit. Et je découvre dans un creux la source. Comme le grain hors du furieux blutoir, l’eau de dessous la terre éclate à saut et à bouillons. La corruption absorbe ; ce qui est pur seul, l’original et l’immédiat jaillit. Née de la rosée du ciel, recueillie dans quelque profonde matrice, l’eau vierge de vive force s’ouvre issue comme un cri. Heureux de qui une parole nouvelle jaillit avec violence ! que ma bouche soit pareille à celle de cette source toujours pleine, qui naît là d’une naissance perpétuelle toute seule, insoucieuse de servir aux travaux des hommes et de ces bas lieux où, nappe épandue, mélangée comme une salive à la boue, elle nourrira la vaste moisson stagnante.
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